Chapitre 83

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Ma surprise fut telle que je reculais en paniquant et me cognais le coude dans l'angle d'un meuble. La douleur fusa le long de mes nerfs, distraction soudaine qui me donna l'impression d'avoir rêvé la voix. Au bout d'une longue minute à gémir en frottant mon bras, je me relevais pour me poster au même endroit, comme si ça allait déclencher à nouveau une parole divine.

Rien, bien entendu.

Mon cœur cognait dans ma poitrine, impossible à calmer, et la peur de disparaitre me glaçait les membres. Je ne sentais plus mes pieds gelés, seulement la sueur qui longeait mes tempes avant de se perdre dans mon cou. Comment survivre à cette situation, quand l'ennemi est en vous et que vous ne pouvez rien faire pour l'en extirper ? Enfin l'ennemi... Kanoko n'avait pas l'air d'être une démone assoiffée de sang d'après les dires d'Aella, mais je ne lui faisais pas confiance pour autant. Savoir que je n'étais plus seule dans ma tête, déjà qu'elle était bien trop remplie et confuse au quotidien, me terrifiait. Je ne pensais pas pouvoir sentir sa présence aussi fortement après ces semaines à m'en inquiéter. Ma peur avait reflué car j'espérais y avoir échappé, faute de preuves nouvelles de sa présence, mais voilà qu'on me prouvait le contraire : elle était bien là, tapie au fond de mon esprit.

Que faire maintenant ?

Qu'allait-il se passer ? Allait-elle me posséder totalement là, tout de suite ? Ou cela attendrait il demain matin, après le petit déjeuner ? Dans une semaine ou dans deux secondes ??

La panique montait, montait et je partis en crise de panique totale, pleurant silencieusement en PLS sur le sol froid. Ma morve forma une petite flaque de désespoir gluant sous mon menton, et au bout d'un très long moment, je réussis à rire à nouveau de mon comportement pathétique. La crise de nerfs était passée, et ma résolution revint intacte. Elle s'était même renforcée, et je me sentais bien plus forte qu'avant, ayant accepté ma situation. Je ne savais pas ce que Kanoko prévoyait pour moi, et bizarrement, je sentais qu'elle ne répondrait pas à ce genre d'interrogations. Elle devait ressentir ma panique et mon désespoir depuis le temps, et qu'elle ne prenne pas la peine de me rassurer était mauvais signe.

Je me rasseyais donc en tailleur, essuyant ma morve sur ma manche avant de respirer lentement, mes yeux mi-clos car gonflés par les pleurs. Je voulais des réponses, et maintenant !

"- KANOKO !"

Crier dans sa tête était un exercice très difficile, j'avais plus l'impression de chuchoter trop fort que d'exercer la moindre pression psychologique sur le fantôme m'habitant, mais bon.

"- Réponds-moi !  Tu l'as fait tout à l'heure alors ne fais pas genre que tu peux pas ! J'ai besoin de savoir ce que tu veux pour avancer ! Réponds !!"

Rien, si ce n'est mes pensées tourbillonnantes habituelles.... : "j'ai froid, purée je mangerais bien du pudding, ça fait longtemps. Y a un truc qui me gratte là.. ah.. c'est bon.. oh ? Si les pingouins ont des genoux, ça veut dire qu'ils ont des tibias et qu'on peut les tâcler non ? Imaginons qu'on fasse un match de foot humain vs pingouins, qui gagne ? Les humains forcément ! Les pingouins n'ont aucune chance, ils se feront dribbler trop facilement. Par contre si c'est un duel de chant, ils vont nous défoncer grâce à happy feet. "

Une voix interrompit mon monologue intérieur.

"- arretedepenseruninstantstp.tuestresfatiguantetusais."

Les mots étaient collés les uns aux autres, à peine murmurés et exprimaient une immense lassitude.

"- .. Kanoko ?" Osais je timidement.

"-hm.mefietoidesexorcistes.touslesexorcistes.ilestparmieux."

"- Hein ?!?? Attend attend, quoi ? Qui ??"

Seule reste la poussière (OC X Nanami Kento, "Je")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant