Chapitre 90

25 1 4
                                    

C'était la panique dans ma tête. Assimiler autant d'informations à peine réveillée était abominable, et je sentais monter une crise de panique carabinée. Impossible pourtant de me laisser aller dans cette situation, je sentais bien que j'étais sur le point de me faire tuer par la myriade d'exorcistes très énervés autour de moi. Mon instinct prit le pas et je fis ce que je faisais de mieux , c'est-à-dire fuir.

Je courus comme si j'étais aux JO, avec la survie en premier prix, mes concurrents armés et furieux sur les talons. Je slalomais entre les arbres du jardin où j'étais, découvrant le paysage bucolique en même temps. J'étais un peu dépitée de ne pas pouvoir m'y attarder, car il avait l'air magnifique, mais éviter des flèches enflammées d'énergie occulte tout en sautant par-dessus des troncs d'arbres nécessitait toute mon attention. Je pris un virage à quatre-vingt dix degrés à pleine vitesse, utilisant mon pouvoir pour amortir le changement de direction en mobilisant les molécules d'air comme des cordes pour me forcer à rester debout, et j'en profitais pour les laisser en place, histoire de ralentir mes adversaires. Ce qui ne mit pas longtemps, puisque j'entendis un boum conséquent, mais n'eus pas le loisir de me retourner. Continuant sur ma lancée, j'arrivais à un muret, et priant de toutes mes forces pour que ça marche toujours,  fonçais dessus... et passais à travers ! J'étais sortie de l'enceinte, ne restait maintenant plus qu'à trouver un moyen de regagner l'appartement de Nanami.

Je me remis à courir instantanément par précaution, fonçant à travers la forêt qui longeait la propriété où j'étais, priant pour que mes poursuivants aient perdu ma trace tout en me disant que, bon, vu qu'ils étaient exorcistes et que j'utilisais de l'énergie occulte.. c'était mal barré. Il fallait que je sorte d'ici et que je trouve une voiture pour m'emmener loin d'eux ! Ralentissant pour éviter de me casser la gueule à cause des ronces et racines du sous bois, je fouillais mes vêtements à la recherche d'un téléphone ou d'informations qui éclairciraient ma situation. Bingo ! Mon tél, et avec encore de la batterie !

Merde, pas de réseau.. donc impossible de savoir où j'étais ni d'appeler Nanami à la rescousse. Je devais me débrouiller seule. Chiotte !

J'inspirai un grand coup pour me donner du courage et entamais cette longue randonnée, descendant la pente forestière dans l'espoir de trouver un village dans la vallée, et une antenne téléphonique. Je dévalais la pente le plus vite possible, effrayée par la possibilité d'être rattrapée, ou de finir perdue dans les environs, même si désormais j'avais bien plus de ressources pour m'en sortir qu'avant.

La nuit était tombée lorsque j'émergeais sale et fatiguée de la forêt, me retrouvant sur une route de campagne aux abords d'un petit village paumé. Mon téléphone remarchait heureusement, et j'appelais aussitôt Nanami, qui ne décrocha pas. L'angoisse me serra le cœur, et je m'efforçais à ne pas paniquer et croire qu'il lui était arrivé quelque chose de grave. J'avais passé toute ma balade à retourner dans ma tête les derniers souvenirs qui remontaient à 3 jours auparavant, si j'en croyais la date sur mon portable. Impossible de me souvenir ce que j'avais fait pendant ce temps, c'était le trou noir.

Et la seule explication possible ne me plaisait pas du tout. 

Kanoko.

Ca ne pouvait être qu'elle, et j'étais terrorisée à l'idée qu'elle reprenne le contrôle de ma conscience et que je disparaisse définitivement. Rien ne m'avait préparé à ce qu'elle agisse aussi soudainement, et je me sentais totalement impuissante. Comment lutter contre un ennemi déjà à l'intérieur de soi ? Et qui pouvait prendre le contrôle à n'importe quel moment ?? 

La panique que j'avais jugulée en me concentrant très fort pendant la randonnée revint, et cette fois je la laissais s'exprimer, me sentant assez en sécurité pour le faire après avoir semé mes poursuivants. Je me retrouvais donc roulée en boule dans le fossé à gémir pendant une durée indéterminée, trop secouée pour faire attention aux alentours. Je n'entendis pas la voiture s'approcher lentement, mes sanglots couvrant les bruits nocturnes. La lumière des phares m'éblouit et me prit totalement par surprise, ce qui me fit me redresser pour me casser la gueule dans le fossé, me donnant une vraie raison de pleurer. Non, j'étais mauvaise envers moi-même, j'avais toutes les bonnes raisons du monde de chialer ainsi, même si c'était pathétique de renifler dans la boue.

Seule reste la poussière (OC X Nanami Kento, "Je")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant