Seule reste la poussière (OC X Nanami Kento, "Je")

Chapitre 26 Discussion

Je lui saisis aussitôt la main, pour nous réconforter tous les deux. Mon cœur battait fort tandis qu'il m'ouvrait le sien. La voix un peu tremblante, il continua en tachant de rester indifférent, sans y arriver complètement.

- On était partis en mission pour éliminer un fléau de niveau 2, et, comme pour la tienne, il y a eu une erreur d'estimation. Nous nous sommes retrouvés devant un grade 1, et nous n'étions pas assez qualifiés pour le combattre. Nous avons tenté de fuir, mais par ma faute, Haibara est mort. Il m'a protégé, et ça lui a coûté la vie. J'étais trop faible à l'époque..

Son ton était monocorde, tandis qu'il énonçait les faits. Je fis le parallèle avec ma propre expérience, et je ne pus que compatir face à tant de similitudes. Je pressais sa main, et lui posais une question.

- Comment était-il ? Haibara, je veux dire.

Il me regarda un peu désorienté, étonné que je lui demande plus d'informations sur un inconnu mort il y a longtemps.

- C'était.. c'était un gars toujours optimiste. Il savait toujours quoi dire face à mes objections, et c'est lui qui rendait mon quotidien plus supportable grâce à son attitude enjouée. Je ne lui ai jamais dit, mais il allégeait ma crainte, et je n'ai pas supporté de le voir ainsi sacrifié..

- Sacrifié ?

- Oui, c'est comme ça que nous traite la société d'exorcisme, comme des pions sacrifiables, sans la moindre reconnaissance. Après avoir obtenu mon diplôme, je suis parti travailler hors de ce monde, je ne le supportais plus. Je ne trouvais aucun sens à la mort de mes camarades, et à la peine que ça me causait.

Je lui fis un pauvre sourire.

- Ca ne me remonte pas trop le moral de t'entendre dire ça, j'ai encore plus envie de fuir maintenant.

- Je sais. J'ai fui cette société moi aussi, comme Geto d'ailleurs. Sauf que je suis revenu, mon travail dans la finance était tout autant vide de sens. J'en trouve maintenant, en aidant les personnes innocentes. Ne crois pas que je sois un acharné du travail pour autant, je ne fais pas d'heures supplémentaires ! Mais je le fais, parce que je suis un parmi les quelques individus qui en sont capables.

Il pressa ma main en retour.

- Je sais à quel point cette vie est dure Molly, et je comprends mieux que tu ne le penses tes inquiétudes. Tous, ici, comprenons tes souffrances, car elles sont inhérentes à notre quotidien hélas. Gojo lui même a perdu son ami, et il a changé depuis. Il n'est pas aussi invincible qu'on pourrait le croire, et il a une énorme pression sur les épaules depuis sa naissance. Je ne le répèterais pas une deuxième fois, mais c'est un bon gars, et je lui fais confiance.

Il lâcha ma main, et s'écarta, recréant une distance plus conventionnelle entre nous.

- Je te trouve forte, tu sais. Tu es résiliente, capable de dépasser tout ce qui t'angoisse pour devenir meilleure. Ca prendra du temps, mais tu n'es pas une adolescente qu'on envoie sans expérience de la vie à la mort, comme je l'ai été. Si tu as survécu jusque ici, c'est déjà un signe.

J'agitais la main pour balayer ses arguments.

- Je ne me sens pas du tout adulte pourtant.. je suis terrifiée devant toutes ces choses inconnues, et je me sens si incompétente, si nulle .. je n'arrive pas à croire que je sois encore vivante malgré tout ce qui m'est arrivé, j'ai eu une chance incroyable !? Ce ne sont pas mes capacités qui m'ont sauvé, juste ma bonne étoile. Et toi, entre autres.

Il me répondit avec un ton très sérieux.

- Pour moi, être un adulte, c'est apprendre à gérer les mille petits soucis du quotidien, et savoir prendre ses responsabilités, rien d'autre. Ce n'est pas côtoyer la mort qui te fait grandir, mais gérer sa vie avec ses erreurs. Tu as l'air de t'être très bien débrouillée pour l'instant, tu avais un travail, ton appartement, et même si tout est chamboulé maintenant, il faut que tu t'accroches à cette vision là pour ton futur. C'est toujours possible, Molly ! Ca sera un poil différent, mais accessible.