Chapitre 57

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Ma chambre était à peu près rangée, heureusement. Il faut dire que malgré les quelques mois passés dedans, je n'avais que peu d'affaires. La majorité étaient restées dans mon ancien appartement et si j'avais pu en récupérer une partie après que les policiers aient conclu à ma mort et libéré l'appartement, le reste avait dû être jeté ou vendu par mon propriétaire. Il ne me restait presque plus rien des objets que j'avais collecté ces dernières années en vivant seule. Gojo avait par je ne sais quel miracle trouvé des gens qui avaient fait semblant d'être mes parents pour confirmer mon décès et récupérer mes biens, et ainsi j'avais pu retrouver une petite partie de mes vêtements et quelques bibelots. Ceux ci ornaient le bureau poussiéreux de ma simple chambre du dortoir vide, que j'occupais depuis mon arrivée. Je ne m'y étais pas vraiment attachée, les longues heures de solitude et ma dépression avaient suffi à m'en dégoûter, mais faute de mieux.. . Je repensais à tout ceci en les empilant pour les fourrer dans un sac, entre deux trois bouquins et des vêtements. Nanami m'aidait à rassembler mes affaires et en un rien de temps la chambre reprit son apparence originelle. C'est à dire un lit avec une couverture verte et une armoire vide. Je posais mes sacs et m'asseyais sur le lit en soupirant.

- Ça me fait bizarre.

Je me tournais vers Nanami, qui venait de s'asseoir à côté de moi, le lit grinçant sous son poids.

- Je sais. Tu pourras revenir, je ne t'oblige à rien..

Je posais ma tête sur son épaule, fatiguée de la journée.

- Ouais, je sais. Mais d'un autre côté, ça me convient, on verra comment ça se passe et s'il y a un problème, on trouvera une solution.

Il posa sa main sur ma tête et la caressa doucement, et nous restâmes ainsi un long moment, à contempler la poussière qui voletait dans la lumière du jour qui baissait. La nuit n'allait pas tarder, il fallait se dépêcher, mais je n'avais pas envie de bouger. L'instant de calme que nous vivions m'apaisait et je prenais le temps de le savourer. Dans un dernier soupir, je lançais le signal du départ. J'étais prête à entamer une nouvelle partie de ma vie, et à plonger dans l'inconnu d'une vie de couple, moi qui n'avais jamais rien vécu de semblable. 

Le trajet fut expédié et nous nous retrouvâmes devant sa porte beaucoup plus rapidement que je ne le pensais. J'étais bêtement stressée alors que ce n'était pas la première fois, mais c'était symbolique. Ça faisait 2 jours que je savais qu'il m'aimait, 2 jours que je vivais ce qui m'avait toujours paru inatteignable : relationner avec quelqu'un et que ça soit vraiment réciproque. Je n'en revenais toujours pas..

Nanami avait ouvert la porte et me regardait, inquiet.

- Tu n'entres pas ?

- Si, si, excuse moi. J'étais ailleurs.

Je me déchaussais et enfilais les chaussons qu'il me tendit, avant d'avancer avec précaution dans la pièce. L'appartement n'avait pas changé, seulement mon statut, mais j'avais l'impression de tout redécouvrir avec de nouveaux yeux. Nanami se retourna vers moi et me sourit.

- Bienvenue chez toi.

Je lui rendis son sourire avec hésitation, goûtant sur ma langue la sonorité de ses mots. Chez moi. Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu de vrai chez moi. A vrai dire, j'avais trop déménagé pour considérer avoir une maison d'enfance, et bien que mon petit appartement d'avant fusse mon premier, le quitter ne m'avait pas autant perturbée que je ne le pensais. Ma vie trop chamboulée ces derniers mois avait tué toute émotion là dessus, j'avais beaucoup d'autres choses à gérer ailleurs pour véritablement m'en soucier. Je repassais de pièce en pièce, les doigts glissant sur les meubles afin de prendre mes marques. Je sentais le regard de Nanami sur mon dos, et le poids de la question muette " n'est ce pas trop tôt ?". Seul le temps nous le dirait.

Seule reste la poussière (OC X Nanami Kento, "Je")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant