Chapitre 5

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La lumière du matin me réveilla. J'étais engourdie d'avoir dormi sur un canapé dans une position non conventionnelle, et je m'étirais afin de décoincer mes muscles. J'avais faim à nouveau, et la bouche pâteuse. Je me sentais un peu mieux cependant, le sommeil avait mis un peu d'ordre dans mes idées. J'errais un petit moment, le temps de trouver les toilettes et quand je revins, Gojo, Nanami, Shoko et Yaga étaient dans la pièce. La cafetière était en route, et ils attendaient qu'elle termine. Je m'avançais dans la pièce avec timidité, parce que je ne les connaissais pas vraiment, et que je ne me sentais pas à ma place. J'avais envie de rentrer chez moi et de tout oublier (quoique non, pas encore). Les autres se tournèrent vers moi quand j'entrai, comme s'ils m'attendaient.

Yaga s'adressa à moi en premier :

- Enfin réveillée ? Nanami m'a expliqué que quelque chose vous avait fait peur hier soir, et c'est pourquoi il vous a ramenée ici.

Je n'osais pas dire que c'était la couverture manquante et la peluche disparue qui m'avaient fait paniquer, ça paraissait suffisamment stupide dit comme ça. Même si ça se justifiait, j'avais l'impression d'être inutilement dramatique.

- Je crois que quelqu'un est rentré dans la chambre pendant que je dormais. Des affaires ont disparu durant mon sommeil, et j'étais trop mal à l'aise pour pouvoir me rendormir là. Nanami m'a proposée de revenir ici, et j'ai accepté, je ne pensais pas y passer la nuit.

Ils me regardaient tous avec un air un peu suspicieux ? Ou dubitatif ? Je n'arrivais pas à déterminer exactement, mais ils semblaient savoir quelque chose sur la situation que j'ignorais. Je commençais à en avoir marre d'être dans le flou, il était temps de communiquer.

- Pourrais-je utiliser l'ordinateur ? J'aimerais appeler mon travail, mon proprio et mes parents. Et j'ai tout un tas de trucs à vérifier aussi, et des papiers à faire refaire. Bref, du travail en perspective.

Yaga regarda Gojo, qui se leva, jeta son gobelet et mis ses mains dans les poches, flegmatique.

- Je repasserai en fin de mâtinée pour la tester, Yaga. A toute à l'heure, dit il en s'adressant à moi spécifiquement.

- Euh, d'accord. Je le regardais partir, et attendit une réponse. Yaga semblait embêté, il se grattait la tête comme pour gagner du temps.

- Oui, bien sûr que nous allons te laisser accéder à internet. Laisse moi le temps de ramener des affaires si tu veux te changer d'abord.

- Oh, merci ! Je ne pensais pas que vous pouviez faire ça. J'espère pouvoir rentrer chez moi ce soir cependant, je ne voudrais pas vous déranger plus longtemps.

- Y a pas de mal, y a pas de mal... On verra.

Shoko et Nanami discutaient à voix basse. Elle se tourna vers moi pour me parler :

- Comment va ta tête ? As tu retrouvé la mémoire depuis hier ?

Je n'y avais pas repensé en me réveillant. J'allais dire non, quand remontant le fil de ma pensée, des souvenirs qui n'étaient pas là hier m'apparurent. Merde. Hésitante, j'essayais de retransmettre ce qui m'était revenu :

- Eh bien, je crois me souvenir d'être allée en salle de repos car j'avais un mal de tête carabiné. J'ai du m'endormir assez longtemps, assez pour que ça passe un peu et qu'il commence à faire nuit. Ca m'étonne parce que mes collègues seraient venues me réveiller entre temps. Je..

Je réfléchissais en même temps que je le racontais. L'inquiétude pour mes collègues grandissait, ne pas avoir de nouvelles d'elles me vrillait le ventre. Je fis la grimace :

- Mon dernier souvenir d'hier, n'en est pas un, c'est juste une émotion. La seule chose dont je me souvienne, c'est d'avoir été terrifiée comme jamais je ne l'ai été. J'ai encore la sensation ancrée en moi, dis je me tenant le ventre. L'évoquer me glaça le sang, mes paumes devinrent moites et je sentis mes lèvres trembler. Quelque chose m'avait véritablement terrifiée, et mon cerveau avait préféré effacer ce souvenir traumatisant sans réussir totalement.

Mon état de stress leur parut assez convainquant pour qu'ils s'approchent de moi, inquiets. Yaga me pressa l'épaule en signe de réconfort, tout en me disant que j'étais en sécurité. Shoko secoua la tête en signe de dénégation et me tendis à manger :

- Ca va aller, il n'y a pas lieu d'avoir peur ici. Tiens, mange !

Bon, je n'étais pas vraiment rassurée, et je me demandais ce que Gojo voulait dire avant de partir. Ils avaient l'air de me cacher des informations importantes. Je m'asseyais pour grignoter ce que Shoko m'avait donné et écouter. J'avais l'impression que Yaga voulait me demander un truc sans pouvoir, tandis que Shoko s'était désintéressée de la situation et Nanami semblait prêt à partir. Il alla allumer l'ordinateur et revint vers moi :

- J'ai ouvert internet, et il y a un téléphone fixe à côté si besoin. Bonne journée.

Yaga lui emboita le pas, encore hésitant. Il lança un dernier regard à Shoko qui leva les yeux au ciel :

- Ne t'inquiètes pas, je la surveille..

Une fois partis, je me risquais à lui demander pourquoi ma présence créait une certaine tension, et pourquoi être surveillée ? Je n'avais pas grande importance, pas au point de mobiliser quatre adultes ? Elle me considéra un long moment, pesant ses paroles, enfin je l'imaginais. Elle sortit une cigarette et ouvrit la fenêtre avant de se mettre à fumer.

- Vu la déflagration qui a détruit l'endroit où on t'a trouvée, il est clair que tu n'aurais pas pu y survivre : donc soit quelque chose t'a protégé, soit on t'a déposée là après coup. Ta situation est anormale, et dans notre monde, ce qui est anormal est un problème. Depuis hier, on essaie donc à tour de rôle de déterminer ton niveau de dangerosité. Ca veut dire globalement, si tu risques de tuer des gens ou quelque chose du genre.

- TUER DES GENS ? Mais ça va pas ?? Je ne ferais jamais ça enfin ?

- Il y a une différence entre vouloir et pouvoir, et certaines choses échappent à notre volonté, et se passent malgré tout.

Elle souffla une longue bouffée, qui tournoya dans la pièce un instant.

- Personne ne voulait te le dire, de peur que tu sois encore trop fragile pour supporter ces questions. La révélation de l'exorcisme et tout le tralala ont du te perturber. Mais je te crois plus solide qu'ils ne le pensent, et on a besoin de réponses rapidement. Les autorités de la ville cherchent à savoir ce qu'il s'est passé, de même que nos dirigeants exorcistes. Il n'est pas de bon ton d'avoir un lieu complétement rayé de la carte en plein Tokyo et aucune information dessus. A part toi, qui ne sait rien. Pour l'instant.

J'étais pétrifiée. Ils me suspectaient vraiment ! Et devaient avoir leurs raisons, même si je ne voyais pas ce que j'aurais pu faire. Ni comment éclaircir la situation.. j'avais envie de pleurer.

Shoko se redressa et écrasa sa clope.

- Bon, j'ai du travail. Profite bien de ton temps libre avant que Gojo ne revienne. Ce n'est pas une menace ! Il est censé t'aider à recouvrer la mémoire grâce à ses pouvoirs, d'après ce qu'il m'a dit. Il a prévu un "super plan" ! Tu devrais être éclairée d'ici midi. A tout à l'heure.

Je restais seule, et après un tour rapide pour m'habiller avec le pull et le pantalon que Yaga avait laissé à mon intention, je me mis enfin devant l'ordi. J'entrais le nom de mon entreprise sur internet afin de récupérer le téléphone pour pouvoir les appeler. Je n'eus aucune réponse, le téléphone sonnait occupé. Je laissais malgré tout un message disant que j'étais malade et que je ne pourrais pas venir travailler. Ensuite, je contactais mon propriétaire afin de lui expliquer ma situation et nous arrivâmes à un accord : je passerais en fin de journée récupérer un double des clés. Je passais l'heure suivante à vérifier mes mails, contacter mes proches via les réseaux sociaux pour les prévenir de la perte de mon téléphone, etc... C'est bien abrutie par l'écran que Yaga repassa me chercher. Gojo m'attendait dehors. L'heure de retrouver ma mémoire.

Seule reste la poussière (OC X Nanami Kento, "Je")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant