CHAPITRE 54

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Point de vue de Harry.

Assis derrière mon bureau, mon regard ne cesse de faire des aller-retours entre l'horloge et la porte d'entrée, mes doigts claquant nerveusement contre le bord de mon ordinateur. Je suis dans cet état de stress et de nervosité depuis le début de la matinée, depuis que je suis arrivé au stade. Le dimanche que j'ai passé à profiter de Louis et de ses bras me serrant fort m'a fait un bien fou, mais les horribles sentiments de samedi soir sont revenus aussitôt les portes du stade passées.

J'ai l'impression que tout le monde me regarde, que tous les joueurs et membres du staff chuchotent à mon passage. J'imagine que c'est ce qu'ils font de toute façon, que cette histoire est bien trop croustillante pour qu'elle ne fasse pas le tour des vestiaires.

Je les imagine déjà en train de discuter entre eux, cherchant très certainement lesquels des joueurs de l'équipe je me suis tapé... et ça me donne envie de vomir.

Louis est venu se faire masser et étirer avant l'entraînement et même s'il a passé plus de quinze minutes à me rassurer et me motiver à ne pas laisser ces conneries m'atteindre, le simple fait de savoir que les joueurs vont se succéder dans mon bureau d'une minute à l'autre me donne la nausée.

Le pire dans tout ça... c'est que le premier joueur à pousser la porte après y avoir toqué quelques coups se présente face à moi, un grand sourire aux lèvres.

-Salut Harry.

-Xhaka.

-Aie... je pensais qu'on avait dépassé le stade des noms de famille depuis le temps ?

Mon cœur manque un battement alors que je relève vivement mon regard dans le sien. Il est sérieux ? Comment peut-il agir de manière si désinvolte après la bombe qu'il a osé balancer devant les caméras samedi soir ?

-Plus depuis que tu as décidé de pourrir ma réputation en direct à la télévision, je répond calmement en me levant.

La colère coule en moi, fait trembler mes mains et me donne envie de lui hurler dessus en l'insultant de tous les noms... mais ma conscience professionnelle m'empêche de me laisser aller à ça ici, dans mon bureau.

De toute façon, Granit ne le sait sûrement pas encore, mais mon père n'a pas prévu d'en rester là et compte le faire venir dans son bureau dans la journée. Il m'a parlé d'une suspension de matchs et même si j'ai demandé à ce qu'il ne fasse rien, mon père refuse catégoriquement de laisser ça passer sans agir.

A mes mots, Granit lève les yeux au ciel et s'installe sur la table de massage après avoir retiré son short de sport.

-Tu peux te rhabiller, je souffle en m'appuyant contre le coin de mon bureau, les bras croisés sur mon torse.

Le joueur fronce les sourcils en relevant les yeux vers moi.

-Comment ça ?

-J'ai demandé à ce que tu sois suivi par un autre kiné du staff. David t'attend pour ta séance.

-Hors de question.

Ses mots m'arrachent un petit rire nerveux et ma mâchoire se serre alors que je me redresse pour approcher et me placer face à lui.

-Tu n'as pas vraiment ton mot à dire là-dessus. Je refuse de continuer à m'occuper de toi dans ces conditions et j'aurais dû le réaliser il y a un moment déjà.

-Mais moi je ne veux pas être touché par un autre kiné, c'est avec toi que je veux continuer.

La colère continue à s'infiltrer en moi, de plus en plus fort. J'ai de plus en plus de mal à la contenir, à le retenir et l'empêcher d'exploser.

EN PLEINE LUCARNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant