EN PLEINE LUCARNE

TOME 2 - CHAPITRE 9

Point de vue de Louis.

Harry se gare et descend pour ouvrir la portière à Léo qui se détache et se penche vers moi pour réclamer un bisous.

- A ce soir, papa.

- A ce soir, mon petit coeur. Je t'aime fort.

- Moi aussi !

Il descend et récupère la main d'Harry pour marcher vers sa classe. Je les observe jusqu'à ce qu'ils disparaissent derrière le portail de l'école. Je me tourne vers Romy, qui a la tête appuyée contre la vitre de la voiture. Les yeux légèrement gonflés de fatigue, elle ne dit rien depuis qu'on est montés dans la voiture... depuis le réveil en fait.

- Ça va, ma puce ?

Elle ne répond pas et récupère même son casque dans son sac pour le mettre sur ses oreilles. Bon... Qu'est-ce qu'il se passe ?

- Chérie ?

Je la vois appuyer sur le bouton du volume de son portable, haussant certainement le volume de sa musique.

Harry revient heureusement assez vite et démarre.

- C'est bon, le petit monstre est déposé. On peut y aller.

Je pose ma main sur sa cuisse et fais un mouvement de tête vers l'arrière, lui faisant comprendre de regarder Romy. Il se tourne carrément vers elle et l'observe quelques secondes, son sourire se fanant.

- Qu'est-ce que tu as, Romy ?

Elle ne répond pas, restant concentrée sur son portable.

Je ne suis pas prêt pour sa crise d'adolescence. Eden a été soft, on s'en est sorti... Romy n'a pas du tout le même caractère.

Harry se penche et effleure son genou. Notre fille relève la tête et soupire en baissant son casque.

- Tu veux bien nous dire ce qui ne va pas ?

Elle semble hésiter, me jetant un bref regard noir puis se reconcentre sur son père.

- Papa a interdit à Junior de me parler.

Ah. Merde. C'est donc ça le problème. Ce sale gosse ne pouvait pas tenir sa langue et trouver une excuse bidon pour couper les ponts ?

- Je ne lui ai pas interdit de te parler... et d'ailleurs je ne lui ai même pas parlé. J'ai juste dit à son père que s'il faisait partie d'Arsenal il aurait plutôt intérêt à garder des distances. Romy, il a presque 18 ans, tu en as 14, c'est...

- Ça va, je suis pas idiote non plus. Je sais ce que je fais. T'avais pas à lui dire ça, je suis plus un bébé.

- Mais tu n'es pas une adulte non plus ! Tu ne peux pas nous en vouloir d'essayer de te protéger !

Ça m'énerve qu'elle ne comprenne pas le danger dont on veut la protéger, et ça m'énerve encore plus qu'elle m'en veuille pour ça.

- Non, écoute chérie, souffle Harry. Papa est maladroit mais...

- Je ne suis pas maladroit, je le coupe aussitôt. Si ce petit con croit qu'il peut...

- Respire, murmure Harry en caressant ma cuisse.

Son regard reste plongé dans le mien, essayant de me calmer. Je souffle et me tourne pour refaire face au pare-brise, croisant mes bras sur mon torse. Harry ne me lâche pas, mais se retourne vers Romy.

- Mon coeur, je sais... crois-moi, je sais vraiment que tu as l'impression que tu contrôles la situation, que tout ira bien et que tu le connais mieux que personne... mais les premiers amours d'adolescents durent rarement. Vous grandissez encore tous les deux, vous avez encore beaucoup à apprendre de vous même, du monde qui vous entoure... Papa et moi on sait tout ça, on essaye de te protéger du choc que ça peut être.