CHAPITRE 68

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Point de vue de Harry.

Après l'horrible nuit que je viens de vivre, la matinée me paraît vraiment très longue. L'entraînement est terminé depuis une heure désormais et les joueurs s'enchaînent dans mon bureau pour leurs séances. Certains restent silencieux durant toute la séance, d'autres écoutent de la musique, leurs écouteurs dans les oreilles et d'autres discutent avec moi, mais je crois qu'ils ont tous plus ou moins compris que mon humeur du jour n'était pas la meilleure. Ils ne cherchent pas à en savoir plus et profitent de leurs massages.

Je n'ai qu'une hâte, terminer ma journée et rentrer me poser à la maison. Me fondre dans un des sweats de Louis et plonger mon nez dans le col. C'est difficile, Louis est parti depuis presque quatre semaines désormais et les vêtements qui restent à la maison perdent petit à petit de son parfum. Les draps propres du lit sont seulement imprégnés de mon odeur eux aussi et je commence à avoir beaucoup de mal à trouver des choses auxquelles me raccrocher.

C'est d'autant plus difficile de gérer cette absence après la discussion au téléphone que nous avons eu hier soir. J'ai eu énormément de mal à dormir après que nous ayons raccroché. J'ai du mal à faire comme si la froideur de Louis ne m'avait pas un peu affecté alors que je cherchais juste à le rassurer, à lui remonter le moral. Evidemment, je ne lui en veux pas du tout, pas dans ces conditions. Sa soirée à lui a été bien pire que la mienne et je peux totalement comprendre qu'il n'ait pas eu envie d'en parler plus longtemps... mais j'aurai aimé qu'il se confie à moi, qu'il accepte d'avoir souffert du comportement des joueurs et de l'arbitre lors du match au lieu d'essayer de me le cacher.

J'aurai aimé le rejoindre, pouvoir le prendre dans mes bras, le serrer contre moi. J'aimerai pouvoir être près de lui et lui faire entendre que non, rien n'explique qu'il ait à subir ça et qu'un groupe de personnes ait décidé de le traiter comme ça devant des millions de personnes.

J'ai un mal fou à accepter qu'il subisse ça, qu'il l'accepte sans rien dire. Je suis en colère que quelqu'un se soit senti assez supérieur à lui à cause de son orientation sexuelle pour tenter de le blesser. Je suis écœuré que l'arbitre du match n'ait pas fait son travail correctement et se soit mis à cautionner une telle injustice. Je suis en colère contre la terre entière, Louis, lui, est en colère contre moi et j'avoue avoir beaucoup de mal à comprendre.

Je ne sais pas comment me positionner par rapport aux mots qu'il a eu hier soir... Je n'arrive pas à déterminer s'il a essayé de me faire comprendre son regret d'avoir fait son coming-out avant le mondial ou non, s'il m'en veut pour ce qu'il s'est passé ou non.

Je m'en veux de ne pas pouvoir être près de lui pour régler cette situation, d'être bloqué à des milliers de kilomètres. J'en veux au staff de ne pas nous laisser plus d'opportunités de nous voir... Et j'en veux à mon fiancé de ne pas m'ouvrir son cœur alors qu'il a vécu une soirée difficile.

J'enchaîne tous les massages et tous les étirements comme un robot et finalement, je me laisse tomber dans mon canapé un peu après quatorze heures après avoir terminé de m'occuper de tout le monde. Je suis fatigué, j'ai des courbatures aux bras.

Je laisse tomber ma tête contre le dossier du canapé dans le coin de mon bureau et souffle de longues minutes, les yeux fermés.

Je n'ai pas encore déjeuné, je vais aller m'acheter un sandwich à la cafétéria avant la réunion avec le reste du staff et ensuite, je pourrai rentrer à la maison me poser.

Mais pour l'instant, j'ai besoin de quelques minutes de calme.

La vibration de mon téléphone dans la poche de ma veste attire mon attention et je me lève pour le récupérer avant de m'installer derrière mon bureau.

EN PLEINE LUCARNEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant