Chapitre 9 : Une idée du commanditaire

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 Sans aucune visibilité, le groupe finit tout de même par rallier tant bien que mal la taverne en bordure de la ville dont le nom était cité dans l'ordre de mission. L'intérieur peu éclairé donnait à la grande pièce un air sombre et peu fréquentable. Il n'y avait d'ailleurs pas grand monde d'installé aux tables ou au bar. L'ambiance ou l'affluence ne devait être dû qu'au mauvais temps. La taverne était pourvue de larges fenêtres dont les volets étaient ici fermés. Avec un temps plus clément à l'extérieur, cet endroit devait être plus lumineux. Plus animé aussi. Il était compréhensible que les habitants rechignaient à sortir de chez eux.

Vu que le commanditaire leur était inconnu, il était impossible de savoir qui parmi les personnes présentes avait fait appel à leur service. D'un autre côté, vu qu'ils avaient été désignés, il y avait de fortes chances pour qu'il se présente de lui-même. Le groupe alla donc s'installer à l'une des nombreuses tables vides et attendit un quelconque signe.

Finalement, ce fut le patron de l'établissement qui vint à eux en premier. Vu qu'il ne leur disait rien, il y avait peu de chances que ce soit lui qu'ils devaient rencontrer.

— Eh bas ! C'est la première fois que je vois des personnes aussi sèches rentrer ici par ce temps. Même ceux qui sont en diligence ont le temps d'être trempé entre leur véhicule et la porte d'entrée. Comment vous faites ?

— On passe entre les gouttes, répondit Elyazra.

— ça demande de l'entraînement et pas mal d'adresse, mais ça vient rapidement, enchérit Syara.

— C'est pas que je remette votre parole en doute, mais même une mouche aurait du mal à se faufiler sous ce déluge, s'esclaffa le gérant.

— On a usé de magie pour se protéger, répondit finalement Rael en voyant que la réponse des deux sœurs insortables ne l'avait pas vexé.

— Et user de magie, ça donne soif. Ça sera quatre bières. Et vous, vous prenez quoi ?

— Une bière par personne, même pour elle, rectifia Guard. Et pour la jeune fille...

— Un jus de fruit sera très bien si vous avez s'il vous plaît.

— Diantre, une personne polie ! Le jus de fruit est offert pour la petite demoiselle !

Remarque quelque peu déplacée venant d'une personne qui ne leur avait même pas dit bonjour, se dit la beast. D'un autre côté, cette petite ristourne ne pouvait pas faire de mal. À son retour avec les consommations, Elyazra tenta bien d'en avoir d'autres gratuites en débitant des « s'il vous plaît » à la vitesse d'une arbalète à répétition, mais ne reçut comme réponse qu'un rire gras avant qu'il ne retourne à son comptoir. Déçue, la demie-dragonne se plongea dans sa chope qu'elle due boire par petite gorgée pour la faire durer.

Au bout d'un certain temps, alors que personne ne venait, le groupe commença à se demander si ça n'était pas juste un canular ou bien si leur commanditaire n'était tout simplement pas là. La conversation qu'ils avaient à un volume sonore normal vu qu'ils n'avaient rien à cacher finit par attirer de nouveau le patron qui se présenta à eux avec une lettre.

— Tien donc, c'est donc vous qui nous avez engagés ?

— Non. Mais votre conversation m'a fait me souvenir qu'une personne est venue il n'y a pas longtemps pour me demander un service. Donner cette lettre à un groupe d'aventurier. D'après la description que cette personne m'a donné du groupe et le fait que vous êtes ici pour rencontrer quelqu'un, j'en déduis que c'est à vous que je dois la remettre, expliqua-t-il en leur tendant le pli.

— Vous vous souvenez à quoi ressemblait cette personne ?

— A part sa tenue, je ne pourrais pas vous dire grand-chose. Elle était entièrement couverte d'une cape noire un peu trop grande pour elle et son visage était entièrement caché sous une large capuche.

— Elle ?

— Oui. C'était une femme si je me fie à sa silhouette et à sa voix.

La piste d'une vengeance des alchimistes s'éloignait vu qu'à moins qu'ils aient des complices, tous deux étaient des hommes. Une autre idée venait cependant de germer dans l'esprit de Syara. Ce mystérieux commanditaire avait peut-être effectivement un rapport avec la mission où ils avaient récupéré Phi.

— à votre regard, je vois qu'on pense tous à la même chose, commenta Rael.

— Mais est-ce qu'elles sont alliées ou ennemies ? Questionna Guard

— Elles n'étaient que trois à connaître nos noms et elles sont toutes alliées, commenta Syara.

— Vous parlez de qui ? J'y comprends rien ! Se plaignit Phi.

— De celles qui nous ont mené jusqu'à toi, répondit la beast.

Même s'il n'y avait que peu de monde dans l'établissement, mieux valait éviter de dire haut et fort que leur commanditaire était peut-être une harpie et que, contrairement à beaucoup de mages, ils n'étaient pas venus pour les exterminer.

La missive qui avait été laissée à leur intention semblait elle aussi confirmer cette hypothèse. Encore une fois, aucun nom précis n'était donné concernant l'identité du client, mais ce dernier voulait qu'ils se rendent dans la forêt qui bordait la chaîne d'Hara. D'un coup, la mission d'escorte paraissait fade par rapport à celle-ci. Si les personnes auxquelles ils pensaient étaient bien les commanditaires, alors la récompense importait peu.

— Patron, vous savez quand la pluie va cesser ? Demanda Syara.

— Je ne suis pas météorologue, mais à cette période de l'année, à part quelques accalmies, je dirai une semaine au minimum.

Une semaine sous cette pluie battante ? Il était étonnant que cette ville ne se retrouve pas avec les pieds dans l'eau. Ils devaient avoir installé un système d'évacuation particulièrement efficace.

— Qu'est-ce qu'on fait ? Questionna Elyazra.

— Attendre dans une auberge que la pluie cesse nous coûterai trop cher, de même, rentrer chez nous et venir vérifier si le temps s'est amélioré reviendrait au même avec le coût du téléporteur, énonça Guard.

— Pourquoi toujours tout ramener à l'argent ? Demanda la demie-dragonne.

— Je n'y serais pas obligé si nous n'étions pas aussi mal financièrement, se défendit le satyre. Je ne suis pas du genre à aimer particulièrement l'argent, mais avec les paniers percés de cette équipe, il faut bien que quelqu'un prenne le rôle ingrat de faire les comptes et de prévenir quand ça ne va pas. Et bah là, ça va pas.

— De toute façon, qui est pour rentrer et attendre ? Questionna Syara. Qui est pour braver ce déluge et partir maintenant ?

Cette fois-ci, tout le monde leva la main. Ainsi, une fois les consommations terminées et payées, le groupe repartit immédiatement en se protégeant de la pluie et du froid grâce aux sorts de Phi et d'Elyazra.

Le violon de cristal : l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant