Chapitre 119 : échange explosif

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 Lorsqu'enfin la porte s'ouvrit d'un coup et avec force, Syara fut libérée de son tourment. L'ange qui se présentait devant eux était, tout comme le baron, richement habillé, mais cela ressemblait bien plus à un costume de représentant qu'à des habits ordinaires. À côté de lui, Firène était embarrassé de ne pas avoir réussi à le retenir.

Le regard dur de ce nouvel arrivant se posa d'abord sur le baron, puis passa sur toutes les personnes présentes dans le bureau. À cet instant, la beast eut l'impression que s'il avait pu cracher à ses pieds, il l'aurait fait.

— Des êtres inférieurs, ici ? Vous ne cessez de tomber dans mon estime, baron.

— Ne vous en faites pas, je ne pourrais jamais tomber plus bas que celle que j'ai pour vous, rétorqua-t-il sèchement. Et contrairement à vous, la présence de ces personnes est à la fois bienvenue et désirée. Je n'ai pas demandé à vous voir et vous n'avez pas été annoncé, alors je vous prierai de sortir et d'attendre que j'en aie terminé avec ces personnes.

— Que vous ayez prévu ma visite ou non, que je me sois annoncé ou non ne change rien. En tant que représentant du roi, vous avez le devoir de me recevoir sur le champ !

L'ambiance était électrique entre les deux. La violoniste aurait pensé qu'avec leur position respective, un tel échange aurait été plus subtile, chacun cachant ses menaces dans des tournures complexes pour sauver les apparences, mais il n'en était rien. L'un allait-il se jeter sur l'autre avant la fin de leur discussion ? Se demanda-t-elle.

Autre point qu'elle avait relevé et qui avait son importance, le baron les avait défendus et même affirmé qu'ils étaient les bienvenus chez lui. Cela contredisait le sentiment qu'elle avait eu lorsqu'il avait affirmé qu'ils mentaient sur leurs intentions.

— Je sais parfaitement pourquoi vous êtes venus.

— Le roi vous ordonne d'envoyer vos hommes au portail dans les plus brefs délais. Il en a plus qu'assez de vos caprices qui bloquent tout le monde depuis des mois.

— Est-ce ma faute si tous ceux capables d'exploiter la brèche pour créer un passage sont de chez moi ?

— Vous le savez en plus ! Vos actes ne sont que traîtrise !

— En tant que messager, dites bien ceci au roi, mot pour mot. Il sera bien content, lorsque la guerre aura commencé, qu'une personne comme moi ait fait en sorte de retarder le départ et ne fasse pas partie des lèche bottes qui ont accouru à son appel pour se faire bien voir et qui font inutilement le piquet depuis des mois devant une brèche inexploitable.

— Si vous aviez envoyé vos hommes, ils ne feraient pas le piquet comme vous dites ! L'accusa le messager.

— Le roi doit bien savoir que la guerre coûte cher en ressource et qu'une préparation convenable est nécessaire. Ça, les autres n'y ont pas pensé et se sont contenté d'obéir et d'être les premiers sur les lieux pour se faire bien voir. Mais dites-moi, que se passera-t-il lorsque les terres d'en bas n'arriveront pas à fournir rien que la nourriture nécessaire pour le front ?

— Ils n'auront qu'à augmenter la production !

— Mais oui, bien sûr ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé ? C'est vrai qu'il suffit de claquer des doigts et de leur hurler dessus pour que leur récolte double instantanément ! Ironisa le baron. Dans l'état actuel des choses, seuls ceux qui n'ont pas encore répondu à l'appel parce qu'ils savent qu'une préparation est nécessaire pourront maintenir la chaîne de ravitaillement de bout en bout. Pour les autres, que comptent-ils faire ? Ne répondez pas, je vais le faire à votre place. Ils vont combler ce manque en prenant dans le peu de ressources qu'ils laissent à ceux qui ont travaillé durement la terre pour les faire pousser. Cela conduira à la famine, puis à la révolte.

Le violon de cristal : l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant