Chapitre 98 : Souvenirs d'école

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 Les jours qui avaient suivi la rencontre entre l'ombre du violon et Syara n'avaient pas été des plus efficaces pour l'avancée sur le sort de traduction que la violoniste devait réaliser. Pendant ses entraînements, ses pensées étaient ailleurs et il était impossible pour elle de faire le moindre progrès. Pire, elle régressait.

Elirielle voyait bien que quelque chose n'allait pas, de même pour ceux qui la connaissaient bien. Elle balayait cependant le sujet en disant qu'elle ne se sentait juste pas dans son assiette sans révéler quoi que ce soit.

Quant à ce qui tournait dans sa tête, elle ne le croyait pas. Il s'agissait d'un nouveau tour de l'esprit corrompu pour la manipuler, se disait-elle. Et pourtant, malgré tout, s'il y avait une chance sur cent qu'il dise la vérité, même une chance sur mille, elle ne pouvait prendre le risque de dévoiler ce qui s'était passé. Si elle en parlait à qui que ce soit, Fos apprendrait aussi la nouvelle.

Cette fois-ci, elle était seule pour régler ce problème. Les autres ne pouvaient de toute façon rien y faire. Si sa décision de se ranger d'un côté ou de l'autre allait sans doute influer sur le monde entier, le choix et toute la réflexion qui allait y mener n'appartenaient qu'à elle.

La beast avait donc décidé, après avoir passé une nuit entière à y réfléchir, qu'elle attendrait de voir ces fameuses preuves avant d'en déduire quoi que ce soit. Restait qu'elle n'arrivait pas à penser à autre chose et que les prétendues révélations qu'il lui avait donné la perturbaient.

Et si tout ceci était vrai ? Si elle avait été manipulée depuis le début ? Et si le principal ennemi n'était autre que celui qui avait été auprès d'elle depuis qu'elle avait mis sa main dans le coffre de cristal ? Et si Cristal n'était pas aussi vertueuse qu'elle le pensait ?

D'un côté, Syara trouvait que cette hypothèse était la moins plausible, mais d'un autre, l'esprit corrompu lui avait prouvé qu'elle n'était pas objective lorsqu'un enfant était impliqué. Et à bien y réfléchir, elle ne connaissait rien d'elle à part les quelques minutes passées en sa présence et son histoire contée par Fos.

Des personnes vantant les mérites d'autres qui ne méritaient pourtant ni les louanges, ni les efforts donnés pour tordre la réalité, elle en avait vu plus d'une fois. Des sales gosses tyranniques aussi, elle en avait connu. Pendant sa première année à l'école de Symphonia, elle avait été choisie par un groupe d'enfants pour leur servir de défouloir.

Sur le papier, elle était la cible parfaite. Isolée sans amie, discrète, sans parents. Tout ceci était sans compter les entraînements qu'elle avait subis dès qu'elle avait su marcher et qui avaient mené, au premier coup de poing dans sa direction, à une riposte aussi rapide que brutale.

En quelques minutes, ceux qui avaient voulu la harceler avaient si peur d'elle qu'ils n'avaient même pas pris le temps de ramasser leurs dents avant de s'enfuir. Ils n'auraient de toute façon pas su à qui chacune appartenait.

L'incident ne s'était malheureusement pas arrêté là. Convoquée chez le directeur, elle avait pu assister à une scène sur-réaliste ou les parents de ses agresseurs clamaient que leurs petits chérubins d'amour étaient des saints contrairement à elle qui n'était qu'une bête sauvage, agressive et inapte à la vie en société.

Le directeur lui hurlait dessus dès qu'elle essayait de se justifier, si bien qu'elle n'avait même pas eu le droit de se défendre dans son propre procès. Elle voyait bien, malgré les marques qu'elle leur avait laissées sur le visage, que ses harceleurs se retenaient de sourire et savouraient cette vengeance.

Cette fois-ci, son renvoi s'était joué à un cheveu. Malgré ce procès perdu, un autre élève était venu prendre sa défense après coup, relatant toute la scène auquel il avait assisté caché, de peur d'être la prochaine victime, non pas de Syara, mais de cette bande.

Ce petit satyre froussard, en faisant preuve de courage et en redistribuant correctement les rôles, l'avait sauvée. Un petit satyre qui, par la suite, allait devenir son seul ami pendant toute sa scolarité jusqu'à ce que le coffre de cristal ne décide de les séparer en ne lui accordant pas d'instrument.

À bien y réfléchir, la parole d'un enfant, même témoin direct de la scène, ne devait pas peser bien lourd face aux accusations d'adultes qui n'avaient pourtant rien vu. Elle savait à présent que le professeur Vedo, en plus d'être l'enseignant qui l'avait suivie pendant toute sa scolarité et qu'elle détestait au plus haut point, était aussi un grand mage musicien qui avait accepté comme dernière mission avant de prendre sa retraite de veiller sur elle.

Vu qu'il avait constamment un œil sur elle pour éviter que les hommes d'Anela ne tentent de l'enlever, il avait dut assister à toute la scène et retracer le véritable cours des événements au directeur. Tout ceci n'était qu'une hypothèse, mais elle ne voyait pas d'autres justifications à l'annulation de son renvoi.

De cet épisode de sa vie qui lui était soudainement revenu en mémoire, Syara en tira deux leçons. La première était que tous les enfants n'étaient pas des saints, qu'ils pouvaient être aussi cruels et manipulateurs que les adultes, voir plus, et qu'ils n'hésitaient pas à jouer sur la corde sensible de leurs proches pour leur faire gober n'importe quoi et les rallier à leur cause.

La seconde était que la vérité pouvait sortir de n'importe où. Que ce soit de la bouche d'un enfant ou de celui qu'elle considérait déjà à cette époque comme la personne qu'elle détestait le plus après sa mère.

Restait à savoir qui était qui dans ce dilemme qui se présentait à elle. Fos et Cristal jouaient-ils le rôle des enfants et elle des parents et du directeur qui s'en prenaient injustement à l'esprit corrompu, le qualifiant de bête sauvage ? Ou bien au contraire, l'ombre du violon était-il en train d'essayer de lui faire gober n'importe quoi comme les enfants l'avaient faits avec des parents qui savaient sans doute pertinemment que leurs enfants ne feraient carrière que s'ils s'engageaient dans le grand banditisme ?

Le violon de cristal : l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant