Chapitre 37 : Guerre ouverte

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 Comme l'avait affirmé Efrène, la guerre ouverte entre les rebelles et les loyalistes n'avait pas tardé à éclater. Ne s'attendant pas à une telle force de frappe, les elfes avaient d'abord commencé par perdre de nombreux territoires avant d'enfin se réorganiser. À cet instant, les champs de bataille avaient poussé un peu partout dans le monde, les téléportations aidant à ce que la ligne de front ne reste pas fixée à un territoire en particulier.

Plusieurs tendances ressortaient à chaque combat en fonction des forces en présence. À armée égale, les rebelles l'emportaient plus souvent. Ce phénomène les avait d'abord étonnés, mais ils avaient rapidement compris que les forces armées elfes étaient plus des forces d'occupation et d'oppression que d'attaque. Ils asseyaient leur domination par la peur, mais nombre d'entre eux n'avaient finalement eu affaire qu'à des personnes sans défense et n'avaient jamais connu de réels combats.

Un simple élément inversait cependant la situation. Lorsqu'un membre de la famille royale était présent à leurs côtés, les rebelles ne pouvaient faire que se replier ou être massacrés. Les plus téméraires avaient bien tenté de lutter en pensant avoir une chance avec le nombre, mais leur témérité avait été aussi courte que le reste de leur vie lorsqu'ils avaient pris cette décision de faire face à ce genre d'adversaire.

Les seuls moments où ils pouvaient se permettre de continuer le combat était lorsque Cristal était présente dans leur rang. La jeune elfe était appelée sur les fronts les plus difficiles et se retrouvait souvent à faire face à ses frères et sœurs. À cet instant, les deux armées continuaient à s'affronter avec, au centre de la bataille, les deux membres de la famille royale qui s'opposaient tout en générant des dommages collatérales colossaux d'un côté comme de l'autre.

Ces combats étaient difficiles et se jouaient souvent à un cheveu. Il lui arrivait d'ailleurs de finir aux portes de la mort, mais vu qu'elle était le seul atout viable contre la famille royale, une attention toute particulière lui était accordée et un sort de téléportation était toujours prêt au cas où la bataille tournerait en sa défaveur.

Heureusement pour la jeune elfe, ses frères et sœurs avaient leur fierté et refusaient de combattre cote à cote. Malgré les pertes qu'elle leur avait infligées, chacun voulait être le seul et l'unique de la famille à apporter sa tête à leur père. Tant qu'ils restaient bornés ainsi, les rebelles avaient des chances de l'emporter.

Malgré les défaites et les enfants qu'il ne cessait de perdre, le tyran restait toujours le grand absent des confrontations. Ce fait provoquait chez l'héroïne des rebelles des sentiments contradictoires. D'un côté, elle se disait que si elle l'affrontait et gagnait, il s'agissait ni plus ni moins que de la guerre qu'ils remportaient, mais d'un autre, rien que de penser l'affronter la faisait trembler de tous ses membres.

Cristal pensait le croiser tôt ou tard, mais non. Les batailles s'étaient enchaînées pendant quatre ans. Arrivée à la moitié de sa famille décimée, aucun de ses frères et sœurs ne pouvaient lui résister, s'en était presque devenu une routine ennuyeuse. Les forces s'étaient aussi lourdement inversées.

De nombreux elfes du peuple partageaient les idéologies des rebelles. Deux points en particulier leur faisaient sauter le pas pour se joindre à eux en combat ou pour les épauler dans la logistique. Premièrement, le fait qu'ils avaient une chance de l'emporter contrairement à toutes les rébellions précédentes. Deuxièmement, qu'ils n'étaient pas des fanatiques qui mettaient les elfes dans le même panier.

Cette idéologie dont Cristal avait fait les frais à dix ans lorsqu'une démone nommée Isphiale avait voulu la pendre avait fini par perdre tous ses adeptes et, vu l'aide qu'apportaient les elfes, ça n'était pas plus mal.

Plusieurs victoires contre les loyalistes leur revenaient indubitablement. S'ils n'avaient pas été là, de nombreuses vies auraient été perdues, de même que certaines batailles. Ça n'était plus les races exploitées contre les elfes, mais le peuple contre le tyran et ses suivants.

Bien sûr, la coopération était parfois compliquée. Beaucoup les rejoignaient uniquement parce qu'ils voyaient le vent tourner et voulaient se montrer aussi indispensable que possible pour éviter qu'on ne leur reproche plus tard les traitements qu'ils avaient infligés aux autres races avant la rébellion.

Ceux-là en particulier avaient mal jugé les rebelles. Les elfes qui voulaient les rejoindre voyaient leur esprit ainsi que leurs souvenirs être sondés par des musiciens spécialisés dans ce domaine. Les espions et les faux alliés qui ne cherchaient que leurs intérêts étaient alors immédiatement repérés et enfermés en attendant leur jugement.

Chaque cas était analysé par un tribunal qui rendait alors son verdict. Les sentences étaient variées selon les cas. Ceux qui possédaient des esclaves étaient mis aux travaux forcés à moins que les souvenirs recueillis ou le témoignage direct de ceux qui lui obéissaient démontrent qu'ils étaient bien traités. Les espions devenaient de précieuses sources d'informations.

Ceux qui maltraitaient les autres races étaient emprisonnés ou châtiés physiquement selon la gravité de leurs actes. Les peines allaient de quelques mois à la perpétuité pour la prison et de coups de fouets à la peine capitale pour les châtiments physiques. Chaque cas était différent, mais les échelles de culpabilités avaient rapidement été mises en place avec les peines correspondantes.

Pour cristal, le plus important était qu'ils soient jugés et, d'après les séances auxquelles elle avait assisté, elle était souvent d'accord avec le verdict. Comme l'avait promis Efrène, ceux qui avaient passé le test initial et n'avaient rien à se reprocher ressortaient totalement libres et devenaient des compagnons dans cette rébellion au même titre que tous les autres.

Grâce aux efforts de chacun, tout ceci était sur le point de se terminer. La famille royale ne comptait plus que quelques membres qui ne parcouraient même plus les champs de bataille. La capitale était encerclée, les sorts d'annulation de téléportation lancés pour éviter toute fuite. La prochaine cible était le palais où s'étaient retranché le tyran et ses enfants restants. Tout allait se jouer en ce jour.

Le violon de cristal : l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant