Chapitre 83 : trahison sororal

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 Pendant plusieurs heures, Syara écouta et participa au Kiel'Felas réuni pour contrecarrer l'invasion des anges. Les sujets étaient aussi nombreux que les paramètres inconnus et les hypothèses qui en découlaient. Pour les plus défaitistes, l'invasion avait déjà commencé, mais la plupart restaient calmes et se disaient qu'ils avaient encore du temps.

Comme à son habitude lorsque les discussions s'éternisaient, Elyazra avaient fini par faire sa sieste digestive en se servant de son sac comme d'un oreiller. Les dragons avaient eu beau lui hurler dessus et trouver son comportement inadmissible pendant cette réunion sacrée, ils n'avaient pas réussi à la réveiller et l'avaient donc laissée de côté.

Les seuls à ne pas être choqués et même presque soulagés qu'elle agisse ainsi plutôt que d'intervenir pour dire n'importe quoi étaient ceux qui la connaissaient bien. Orélius s'était même fendu d'un sourire en disant qu'elle n'avait absolument pas changé. Et pourtant, si, se disait Syara. Entre le moment où elle avait quitté son cousin et l'instant présent, au moins une chose avait changé chez elle. Elle avait découvert l'alcool pour le plus grand malheur de sa sœur.

— Mais il y a une chose que je ne comprends pas, intervint Phi qui, elle aussi, participait aux discussions. Vous avez un espion chez eux, pourquoi ne pas lui demander plus d'informations ?

— Le contact ne se fait que dans un sens. Nous ne savons pas où il se trouve, donc nous ne pouvons rien lui demander.

— Pour ma part, je n'ai pas bien compris cette histoire d'ouverture de portail. Pourquoi devait-il se faire depuis ce côté ?

— Pour rendre les choses très simple, imaginons que les mondes ne cessent de descendre et de monter à des vitesses différentes, ce qui fait qu'il y en a toujours un qui se trouve au-dessus d'un autre. Actuellement, c'est le nôtre qui se trouve au-dessus.

— Créer un portail revient à les relier par une corde, continua un second dragon. Il est donc plus facile d'en faire descendre une plutôt que de la faire monter.

— Mais dans ce cas, pourquoi l'ouverture ratée leur permettrait d'ouvrir un passage ? Questionna Syara.

— Si nous transformons un peu l'image, il faut imaginer qu'il y ait des poulies en plus de la corde. La tentative ratée a donc installé les poulies et une corde trop peu résistante pour faire passer quelqu'un, mais elle va leur permettre d'en tirer une plus solide qu'ils installeront à la place.

— Et cet espion ? Comment vous contacte-t-il s'il se trouve de l'autre côté ?

— Il y arrive grâce à un rapace un peu particulier qui, lui, peut traverser le voile entre les mondes. Contrairement à l'ouverture d'un passage, il ne laisse aucune trace exploitable. Il n'accepte cependant que les messages de son maître, d'où le fait qu'on ne puisse pas le contacter. Il est aussi possible que les anges les utilisaient pour échanger avec Anela, nous ne savons pas s'ils ont connaissance de cette espèce particulière.

— Donc, pour résumer. Les anges se préparent sans aucun doute à une attaque de grande envergure, mais nous ne savons pas quand ils vont frapper. Nous manquons de beaucoup d'informations que cet espion pourrait nous fournir, mais il est impossible de le contacter. Si nous essayons de prévenir les habitants de ce monde, ils vont nous rire au nez et il ne faut pas non plus exclure le fait qu'il y ait des infiltrés parmi eux... résuma Syara. La question à se poser est donc simple. Que pouvons-nous faire de notre côté pour empêcher tout cela d'arriver ?

— Dans l'idéal, il faudrait envoyer un petit groupe de l'autre côté pendant que les autres investiguent sur cette théorie des infiltrés, réfléchit une dragonne.

Et voilà ! Ça elle l'attendait. Et comme par hasard, les personnes qu'ils allaient désigner pour être envoyés chez les anges étaient évidemment elle et sa sœur ! Pourquoi avait-il fallu qu'elle extirpe de ce foutu coffre le violon de cristal ? Elle au rait pu avoir son propre instrument, comme tout le monde, et mener une vie simple à coup de quêtes simples et lucrative, mais non ! Elle avait retiré cet instrument qui la désignait d'office pour se jeter dans la fosse à purin et être dans la merde jusqu'au cou !

— Vous pouvez envoyer du monde dans l'autre monde ? S'étonna Orélius.

— Nous l'avons déjà fait, répondit l'organisateur du Kiel'Felas. Les dragons ont appris à créer ce genre de portail sans avoir recours aux partitions d'Athéa. Anela a bien essayé de capturer certains d'entre nous pour apprendre comment faire, mais n'a jamais réussi à leur soutirer cette information.

— Shavi, le père de votre amie qui se permet de dormir pendant le Kiel'Felas est l'un d'entre eux. Il s'est fait manipuler alors que son état mental était au plus bas, mais même ainsi il ne lui a rien révélé.

— Ely ? Eh, Ely ! Appela le demi-dragon.

Voyant qu'elle ne répondait pas, Orélius chercha un instant autour de lui, prit une pierre de la taille son poing et la jeta en cloche sur sa cousine. Le projectile, bien que lent, la frappa à l'arrière du crâne avant de rouler par terre.

Phi et Syara étaient choquées de voir ça et s'apprétaient à hurler sur cet imbécile qui profitait qu'elle soit endormie pour la blesser, mais Elyazra se contenta de grommeler en chassant l'air au-dessus de sa tête comme si elle tentait de faire fuir un insecte qui se serait posé sur elle.

— Ely ? Appela-t-il de nouveau.

— Hmm ?

— Visiter un autre monde, ça te dit ?

— Ça dépend, il y a de l'alcool dans ce monde ?

— Je suis sûr que oui !

— Tu sais ce qui arrive quand on me promet quelque chose de faux, n'est-ce pas ?

— Évidemment que je le sais.

— Bon, alors dans ce cas... Quand est-ce qu'on part ?

— Quoi ?!

Sale traîtresse ! Fulmina Syara. Elle savait que le rôle des envoyés dans l'autre monde allait leur tomber dessus, mais pas qu'elle accepterait aussi facilement grâce à une vague promesse de satisfaire son vice ! Et, évidemment, il fallait bien qu'elle l'accompagne pour la surveiller. Laisser Elyazra livrée à elle-même chez les anges était le meilleur moyen d'envenimer la situation et d'avoir une invasion encore plus importante sur les bras en représailles de tout ce qu'elle y ferait !

— Bah pourquoi elle crie encore celle-là ? S'étonna-t-elle en se relevant. J'ai encore fait quelque chose de mal à ses yeux ?

— Ely... À cet instant, je te déteste de tout mon être, grinça la beast entre ses dents.  

Le violon de cristal : l'autre mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant