Chapitre 4

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« Ses pouvoirs deviennent pesants Henry, comment allons-nous faire ? Nous n'avons aucune connaissance en magie. »

Daphné se souvenait de cette chaude soirée d'été. Elle devait avoir neuf ou dix ans à cette époque. Elle n'avait pas réussi à s'endormir et s'était assise devant la porte de sa chambre, cherchant de la fraîcheur. Elle avait surpris une discussion de ses parents qui tournait autour d'elle et de la bêtise qu'elle avait faite un peu plus tôt. Elle s'était énervée, pour une raison dont elle ne se rappelle plus, et s'était mise à crier. Alors de la vaisselle s'était brisée. Elle avait immédiatement regretté et s'était enfermée dans sa chambre pour pleurer. Sa mère était venue la voir.

« Ne t'inquiète pas ma jolie fleur, ce ne sont que quelques assiettes, ton père ira en racheter demain.

–Mais mère, j'aurai pu vous blesser !

–Ne t'en fais pas pour nous jolie fleur, nous sommes bien plus résistants que tu ne le penses. »

Le sourire que lui avait adressé sa mère ce soir-là était empreint d'une telle chaleur que les larmes de la jeune fille avaient séché sur ses joues. Elle l'avait ensuite aidé à se coucher et avait déposé un tendre baiser sur le front de sa fille pour lui souhaiter bonne nuit.

« Je ne sais pas Marianne, avait répondu son père en ignorant que Daphné les écoutait au lieu de dormir, je suppose qu'il va falloir qu'elle apprenne d'elle-même et que nous devrons racheter de la vaisselle régulièrement.

–Si elle se met à hurler ainsi à chaque fois, les gens vont se poser des questions. Nous avons beau être excentrés, quelqu'un finira bien par entendre quelque chose.

–Il va falloir qu'elle apprenne à contrôler ses sautes d'humeur et à rester calme. Si on lui explique elle comprendra. »

Daphné avait entendu quelqu'un s'affaler sur une chaise, sa mère sûrement.

« Sa vie va être un enfer, cette pauvre petite est condamnée à ne pas montrer ses émotions ni même qui elle est réellement et ce, parce que nous avons été égoïste.

–Ma douce Marianne, ne te sens pas coupable. Daphné saura s'adapter, j'en suis certain. Cette petite est plus forte que ce que tu peux bien le croire.

–Mais elle ne pourra jamais révéler être une mage ! Comment fera-t-elle le jour où elle rencontrera un garçon ? Elle ne pourra jamais épouser qui que ce soit de peur qu'on découvre ses pouvoirs. Ses enfants en auront aussi, que dira le mari en voyant tout ça ? Je refuse qu'elle finisse exécutée.

–Il faudra qu'elle trouve un homme qui l'accepte telle qu'elle est et qui l'aime assez pour garder son secret et en faire le sien.

–Est-ce qu'au moins un tel homme existe ?

–J'en suis persuadé. Notre Daphné a des pouvoirs extraordinaires qui peuvent être effrayants au départ mais qui s'avèrent être d'une beauté sans nom. Regarde toutes ces fleurs qu'elle fait pousser pour nous. Un jour, quelqu'un comprendra à quel point sa nature est magnifique, tout comme nous. »

Même des années après, les paroles de ses parents étaient restées gravés dans sa mémoire. Elle avait fini par partager les mêmes craintes que sa mère tout en nourrissant secrètement ce petit espoir que lui avait donné son père. Mais à chaque demande en mariage qu'elle recevait, c'était la peur qui prenait le dessus. Dès qu'un homme, lui faisant des avances, entrait dans sa boutique, elle ne pouvait s'empêcher de penser que ce n'était pas le bon, pas celui qui saurait faire sien le fardeau de la jeune femme.

« Bonjour mademoiselle Daphné ! J'ai une grande nouvelle aujourd'hui, ma troisième fille s'est mariée il y a deux jours ! Je suis si heureuse ! »

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now