Chapitre 66

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Des pétales de cerisier voletaient paisiblement dans l'air, tournoyant et dansant autour de Daphné. La jeune femme en attrapa un mais lorsqu'elle rouvrit sa main, le pétale tombait en cendre.

Les pétales semblaient tous se diriger dans la même direction, lui indiquant le chemin à suivre, l'invitant à avancer. Et en faisant un pas en avant dans l'herbe fraîche, la mage se rendit compte qu'elle était pieds nus. Ses cheveux étaient complètement détachés et quelques pétales s'y étaient coincés, et elle portait une longue robe blanche, simple et ample, balayant le sol derrière elle.

Une silhouette féminine se dessina au milieu des pétales de cerisier et lui fit un geste de la main avant de se disperser. Daphné avança dans sa direction avec prudence, ne reconnaissant pas l'endroit. Mais plus elle évoluait dans l'espace, plus il se dégradait. L'herbe devint sèche et rêche sous ses pieds, les arbres perdaient de leur splendeur et laissaient place à ses troncs morts sur lesquels étaient posés dans corbeaux et, plus loin, des vautours.

L'herbe disparut complètement et Daphné marchait à présent sur une terre sèche, sans vie. Elle passait devant des carcasses que d'étranges vautours, au cou trop long et à la taille surdimensionnée, dévoraient. L'un d'eux leva la tête et déploya ses ailes tout en poussant une plainte atroce. La jeune femme se rendit alors compte que son bec était rempli de dents acérées.

Elle continua son chemin tandis que le ciel s'assombrissait. À l'horizon, le tonnerre grondait et quelques éclairs s'abattaient sur des souches mortes, y mettant feu.

Les pétales de cerisier se rassemblèrent tous en un point et s'arrêtèrent, semblant l'attendre. Mais lorsqu'elle tenta de les toucher, ils moururent et tombèrent en cendres à leur tour.

Daphné se stoppa et les cendres se mirent à tournoyer autour d'elle, l'enveloppant complètement et enlevant la moindre lumière qui pouvait encore l'éclairer. Et quand elles se dissipèrent, l'endroit avait changé.

La jeune femme se retrouvait les pieds dans une eau rouge sang, tâchant le bas de sa robe jusqu'aux chevilles. Et tout autour d'elle avaient été disposés des crânes anciens, dessinant une allée.

Elle continua sa route, ignorant les rats anormalement gros qui se baladaient entre les os. Plus elle avançait, plus une forme sombre et étrange se dessinait devant elle. Un trône gravé dans des squelettes de géants et monté sur une montagne de crânes et d'os en tout genre. De chaque côté coulaient de fines cascades d'eau pourpre. Non, pas de l'eau. Du sang.

Daphné s'arrêta net en voyant la silhouette d'une femme lui tournant le dos, debout aux pieds du trône, portant une robe similaire à la sienne. Elle reconnut immédiatement cette chevelure brune. Bianca.

Un mouvement à droite attira l'attention de la jeune femme. Darren était enchaîné par les liens créés par Bianca et se débattait, cherchant à s'emparer d'un os du trône pour s'aider. Sa sœur ne bougeait pas, les yeux rivés droit devant elle et les mains croisées.

« Bianca. »

La voix grave qui s'éleva semblait provenir des fins fonds de la terre comme des plus hauts cieux et figea Daphné sur place. Des griffes enserrèrent sa gorge, son estomac, son cœur. Des mains s'accrochaient à ses bras, ses jambes, ses cheveux, la maintenant immobile. Une goutte de sueur perla sur son front. Cette chose n'avait dit qu'un seul mot et pourtant, le monde semblait avoir arrêté de tourner et le temps s'était arrêté, simplement pour le laisser parler.

« User ma magie sans ma permission est signe de trahison. »

Bianca baissa la tête et se recroquevilla sur elle-même, comme si quelque chose appuyait sur ses épaules.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now