Chapitre 48

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Le cœur de Daphné battait la chamade tandis qu'elle sentait la prise de l'homme se resserrer sur son poignet et le froid de la lame mordre sa gorge. Alors qu'elle cherchait désespérément une issue, le deuxième homme sortit à son tour d'une porte dérobée et vérifia, épée à la main, que personne ne traînait dans les parages.

« Que voulez-vous ? »

Elle devait gagner du temps, le plus possible, si elle voulait de l'aide.

« Je vous rassure, lui répondit-il en se rapprochant de son oreille, nous venons de trouver ce que nous cherchions. »

La jeune femme observa un peu mieux les vêtements de l'autre homme à quelques mètres d'eux et reconnut l'uniforme. Il s'agissait de chasseurs de mages. Mais comment avaient-ils appris son existence au sein du Harem ? Et comment avaient-ils réussi à s'infiltrer dans cette forteresse ?

Daphné déploya sa magie pour s'infiltrer dans l'esprit du second chasseur, plus jeune et l'air moins expérimenté, mais son oppresseur resserra davantage sa prise et la fit grimacer.

« Ne faîtes pas usage de votre magie ou je vous la retire, la menaça-t-il d'un air satisfait. Vous ne comptiez tout de même pas posséder ce pauvre garçon, si ? »

Elle ne put cacher sa surprise. Seul Agnar avait, jusqu'ici, réussi à sentir sa magie lorsqu'elle l'utilisait et seulement parce qu'il s'y était habitué.

Le chasseur se mit à rire en remarquant son expression.

« Voyez-vous, nous autres chasseurs sommes entraînés à ressentir la magie, c'est bien plus pratique pour traquer nos proies. Je suppose que vous vous demandez comment. Eh bien, chère magicienne, nos casernes ont dans leurs geôles quelques-uns de vos semblables que nous sortons pour nos entraînements. »

Le sang de Daphné se glaça. Ils gardaient des mages en prison toute leur vie et les torturaient très certainement pour les faire obéir. Une colère folle se mit à lui retourner les entrailles.

« Et vous comptez faire de moi l'un de vos sujets d'entraînement, fit-elle la mâchoire serrée. »

Un nouveau rire.

« Oh non très chère, vous chercheriez par tous les moyens à vous enfuir et à contacter votre prince. Non, nous prenons nos mages bien plus jeunes et nous les éduquons nous-mêmes, ainsi ils sont beaucoup plus dociles. »

Elle ne ressentait à présent plus que du dégoût pour cet homme et ses semblables. Voler des enfants à leurs familles, probablement en tuant leurs parents au passage, pour les forcer à aider des gens qui continueront à assassiner leurs semblables, c'était inhumain.

« D'ailleurs, en parlant de votre prince, reprit-il, je dois avouer que c'était intelligent de vous cacher parmi ses concubines et vous faire passer pour l'une d'elles. Mais rien n'échappe au flair d'un chasseur. Nous finissons toujours par vous débusquer, vous, les enfants du Diable. »

Il ignorait donc que le Harem était une mascarade, Daphné se le nota dans un coin de la tête.

Le plus jeune venait de finir son inspection et s'approcha. À peine sorti de l'adolescence, il ne devait pas être beaucoup plus vieux que le prince Taahir. La jeune femme se demanda comment est-ce que quelqu'un d'aussi jeune pouvait se dévouer à la traque d'innocents.

« Il ne semble y avoir aucun garde, déclara-t-il en rangeant son arme, je trouve ça étrange. »

L'autre sembla réfléchir un instant avant de s'emparer du visage de la mage pour la forcer à le regarder, relâchant son poignet.

« Avez-vous prévenu quelqu'un ? »

Son visage était froid et dur, traduisant l'accalmie qui le maintenait en place.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now