Chapitre 10

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Alors qu'une servante relevait ses cheveux dans un chignon lâche pour le voyage, d'autres empilaient des vêtements dans une malle. Le Seigneur était venu la veille, trouver toutes les filles du Harem au boudoir, pour leur faire un rapport.

Elles voyageraient dans deux voitures différentes. Lio devait s'exposer le moins possible et ne jamais se retrouver seule, même pour aller se soulager. Madame Baralot, qui venait avec eux, était chargée de surveiller la jeune fille. Le Seigneur leur avait sélectionné une garde rapprochée, parmi ses meilleurs soldats. Et surtout elles ne devaient jamais, tout au long du voyage et en public une fois rendus dans la demeure du prince Gaian, dévoiler ce qui les rendaient spéciales. Pas de magie pour Daphné, ni d'explosions ou d'expériences pour Maxie, et aucune arme visible pour Tori.

« Devrons-nous dormir dans votre tente monseigneur ? Avait plaisanté Annabelle

–Non, avait-il répondu avec l'ombre d'un sourire sur les lèvres, en revanche, vos tentes seront près de la mienne. Au cas où. »

Tori avait soupiré.

« Je déteste le fait de devoir jouer la jeune femme en détresse alors que je me bats bien mieux que vos soldats.

–La modestie ma chère, avait répliqué Annabelle, est une vertu qui visiblement t'échappe complètement. »

L'assassin avait froncé les sourcils.

« Je ne me vante pas, ma chère, j'établi simplement la vérité. »

Cette fois-ci, le Seigneur avait ri, rapidement imité des autres filles. Daphné se mit à sourire en se rappelant la grimace qu'avait tiré Tori en les voyant se moquer. Mais elle avait fini par s'adoucir et leur accorder un de ses rares sourires.

La mage sortit de ses pensées en entendant des cris depuis le couloir. Intriguée, elle se leva de sa chaise et sortit de sa chambre. Annabelle se trouvait dans l'embrassure de la porte de ses appartements, protégeant de son corps trois énormes malles de voyage, madame Baralot lui faisait face, les bras croisés sur la poitrine.

« Je vous le redis Dame Annabelle, vous ne pouvez décemment pas emmener autant de vêtements !

–Nous allons voir le prince et l'impératrice, je ne vais certainement pas arriver en souillon ! »

La gouvernante semblait à deux doigts de craquer.

« Je vous rassure madame, vous n'avez rien d'une souillon, fit-elle en tentant de rester calme. Une seule malle suffira largement à emporter assez de robes pour notre séjour. Et de toute façon, que ferez-vous de ces vêtements chauds et de ces fourrures ? Nous sommes presque en été !

–Imaginez qu'il se met soudainement à pleuvoir ! Répliqua la voyante. Je n'ai pas envie de tomber malade.

–Eh bien vous vous installerez devant un feu de cheminée avec une couverture et du thé. Je vous interdis d'emporter plus d'une malle madame, ça ne ferait que nous alourdir et nous ralentir. »

Annabelle tenta de la dissuader en prenant un air triste mais la gouvernante ne se laissait pas attendrir. La voyante baissa alors les bras et s'enferma dans ses appartements avec deux servantes pour choisir quelles robes elle allait garder. Lio, quant à elle, sortit de sa chambre avec un vulgaire petit sac troué dans un angle. Madame Baralot se tourna immédiatement vers elle.

« Dame Lio, s'exclama-t-elle, qu'est-ce que cela ?!

–Mes affaires pour le voyage ! Répondit innocemment la jeune fille.

–Où sont les robes, les corsets et les chaussures que j'avais disposés sur votre lit ?

–Je les ai rangés puisque personne n'est venu le faire, lança Lio fière d'elle. Vous qui dites toujours que nos appartements doivent être impeccables, je m'en suis chargée ! »

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now