Chapitre 7

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Daphné avait décidé d'une chose : elle prendrait son apprentissage de la magie en main. Elle ne pouvait pas attendre que le Seigneur se libère de ses obligations, elle devait trouver un moyen d'avancer seule. Mais elle ignorait par où commencer.

Elle s'était d'abord résignée à méditer et à suivre les quelques exercices basiques que lui avait donné le Seigneur mais, à force de les avoir pratiqués durant toutes ces semaines de voyage, elle les effectuait avec beaucoup trop de facilité. Elle s'ennuyait et avait besoin de davantage.

Elle décida à sortir de sa chambre et jeta un coup d'œil dans le couloir. Elle savait que Dunlá s'était rendue à la caserne pour un examen de routine des chevaliers. Lio avait supplié le Seigneur pour pouvoir aller chasser et il avait demandé à Tori de l'accompagner. Elle avait vu Annabelle danser dans le jardin, applaudie par quelques servantes. Maxine – qui insistait pour qu'elle l'appelle Maxie – quant à elle, s'était enfermée dans son atelier, adjacent à sa chambre, pour tous les jours.

Le lendemain de son arrivée, Maxie l'avait embarquée de force dans ce petit laboratoire que le Seigneur lui avait fait aménager à son arrivée. Elle avait souhaité lui montrer quelques-unes de ses expériences, certaines assez loufoques. Mais Daphné avait surtout retenu une chose : Maxie fabriquait de la poudre explosive pour le Seigneur et tous les pots étaient entreposés sous la caserne.

« Regarde, avait-elle lancé pour attirer l'attention de la mage alors qu'elle était penchée au-dessus d'une table, j'essaie de fabriquer de nouvelles couleurs. C'est surtout pour teindre les tissus d'Annabelle. Prends ça. »

Elle lui avait tendu un tablier semblable au sien, bien que largement plus propre. Celui de Maxie était rempli de tâches de couleurs.

« Normalement, en mélangeant ce liquide avec ma petite mixture, je devrais obtenir un vert très foncé, presque noir. »

Daphné s'était retenue de rire en voyant le résultat. Le liquide était jaune-orangé.

« Oh Seigneur ! S'était exclamée l'alchimiste sans la moindre pointe de déception dans la voix. Je n'avais jamais encore obtenu cette couleur. Daphné, passe-moi le crayon là-bas, veux-tu ? Je dois absolument noter le résultat de cette expérience ! »

Elle l'avait retenue ainsi une bonne partie de l'après-midi et Daphné en était ressortie avec une effroyable migraine. Mais elle s'était bien amusée.

Elle regarda la porte de l'atelier de Maxi. Derrière, elle entendait la jeune femme s'extasier, certainement sur ce qu'elle venait de réussir à produire. Daphné ne put s'empêcher de sourire.

Elle marcha jusqu'au boudoir et y entra. Mais alors qu'elle pensait pouvoir s'y retrouver seule, elle découvrit Fosca, installée dans l'un des sofas, lisant un ouvrage énorme. La bénisseuse se détacha de sa lecture pour lever les yeux sur elle.

« Entre Daphné, je t'en prie.

–Je ne voulais pas te déranger...

–Ce salon est autant à toi qu'à moi. Tu ne me déranges pas. »

Elle reprit sa lecture. Daphné se dirigea vers les bibliothèques et commença à parcourir les rayonnages, en quête d'un livre qui pourrait l'aider. Mais il y en avait beaucoup trop et les titres ne l'avançaient pas tellement. Elle ignorait si Contes d'un autre monde était un livre d'histoire sur une contrée lointaine, un essai sur la mort ou un roman fantaisiste.

Elle soupira. Elle devait se rendre à l'évidence, elle n'y arriverait pas seule. Du moins, pas si elle souhaitait être efficace.

Elle passa discrètement la tête entre deux bibliothèques. Fosca était toujours sur le canapé, absorbée par son livre. Daphné avait peur de la déranger mais elle avait besoin d'elle. L'ancienne religieuse passait le plus clair de son temps soit dans la chapelle à prier soit au boudoir à lire. Elle devait connaître tous les ouvrages que contenaient ces rayonnages.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now