Chapitre 26

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Quatre soldats étaient venus la chercher, arborant non pas l'insigne des Rauveron mais celui de la Tour. Daphné en avait été rassurée.

Elle avait enfilé, peu de temps après le départ du Seigneur, la tenue qu'il lui avait apportée. Un pantalon, des bottes et un haut longeant le corps. Elle était faite pour l'entrainement et sans doute était-ce sa fonction première. Mais elle s'y sentait beaucoup plus à l'aise que dans cette robe qui ne couvrait pas grand-chose.

Entourée de ces quatre gardes, elle avançait en silence. On ne l'avait pas enchaînée cette fois-ci. Mais ce silence était pesant, comme s'il annonçait la mort. La sienne. Malgré toute la confiance que le Seigneur avait en elle, elle n'était toujours pas certaine de pouvoir réussir ces épreuves. Mais elle ferait tout pour ne pas lui faire honte et se battre le plus possible. Quitte à mourir, elle le ferait dignement.

Elle avait passé tout le temps dans cette cellule à essayer d'imaginer quel genre d'épreuves on lui ferait passer. Basées sur la force ? Elle n'en avait que peu. Sur la magie ? Elle savait à peine l'utiliser. L'agilité ? Elle espérait que toutes ces heures passées à s'entraîner avec Harden lui seraient bénéfiques. Et si on lui demandait d'affronter un mage ? Alors elle reverrait ses parents plus tôt que prévu.

On ne l'emmena pas dans la salle du conseil cette fois-ci. Arrivés dans le hall, deux soldats disparurent et les deux autres la saisirent par les bras, la faisant Voyager avec eux.

Ils apparurent dans un lieu immense, avec une estrade au nord sur laquelle avaient été installés les sièges des conseillers devant un impressionnant vitrail, représentant une fois de plus les six mages originels, et des gradins à l'ouest, au sud et à l'est.

Le Seigneur et les chevaliers noirs se trouvaient à gauche de l'estrade, entourés d'une dizaine de soldats prêts à les arrêter au moindre souci. Et à droite se trouvaient les parents de Diane, ainsi que leurs propres gardes. Icharise Rauveron lui lançait un regard de mort, ses yeux oranges étincelant.

Les soldats l'emmenèrent jusque devant l'estrade et s'inclinèrent devant les conseillers. Daphné hésita à les imiter mais n'en fit rien. C'était à cause d'eux si elle se retrouvait dans cette situation.

« Pour votre première épreuve, annonça l'un des conseillers, vous serez lâchée dans une arène. La porte par laquelle pour entrerez sera condamnée, la sortie se trouve de l'autre côté, là où va être libéré le Tömörgis. Dès que vous passerez de l'autre côté, la grille se refermera et vous aurez la vie sauve. Aucun abandon ne sera accepté. A vous de voir si vous préférez mourir ici ou vous échapper. »

La foule exaltait à l'entente du nom du Tömörgis. Le cœur de Daphné, lui, s'arrêta instantanément. Elle crut que ses jambes allaient flancher.

Dans l'un de ses carnets, Diane parlait des créatures habitant dans la Tour et qui étaient au service des mages pour leurs loisirs généralement. Daphné se souvenait avoir lu le passage sur le Tömörgis.

Diane le décrivait comme étant une bête mesurant près de 3 mètres, ressemblant à un loup qui se déplacerait sur ses deux pattes arrière et dont les pattes avant seraient de puissants bras armés de griffes noires, longues et acérées. Tout le long de sa colonne vertébrale, du haut de son crâne jusqu'à sa queue, ses poils seraient plus longs et hérissés. Son museau serait anormalement long, ses crocs dépasseraient de sa mâchoire et ses oreilles seraient longues et pointues. Ses yeux seraient pratiquement blancs car Diane précisait que le Tömörgis était presque aveugle : il ne percevait que des ombres dansant devant lui et se repérait donc grâce à son flair très puissant. Tout son corps et son visage seraient remplis de cicatrices, à quelques endroits sa peau serait à nue et rougie, comme si on lui avait arraché des touffes de poils entières.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now