Chapitre 56

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« Bonjour Daphné. »

La jeune femme battit frénétiquement des paupières pour s'habituer à la lumière ambiante. L'arène n'avait pas changé depuis la dernière fois. Les mêmes bâtiments flottaient au-dessus du vite, les mêmes cristaux s'illuminaient régulièrement, comme un cœur qui bat, et les mêmes éclairs silencieux apparaissaient régulièrement.

Bianca était debout face à elle, les bras croisés sur sa poitrine. Ses épais cheveux bruns flottaient autour de sa tête et suivaient ses mouvements.

« Je dois avouer que j'ai été surprise que tu demandes à revenir ici aussi vite, reprit la mage originelle en lui tournant autour, gardant une distance respectable mais ne la quittant pas des yeux. Surtout alors que tu prends un malin plaisir à me faire taire dès que l'occasion se présente.

–C'est pour ça que je suis ici. J'aimerai que vous ne parliez plus à ma place. Vos paroles ont envenimé les choses. »

Un fin sourire se dessina sur les lèvres de Bianca mais elle ne s'arrêta pas de tourner en rond autour de Daphné.

« C'est toi qui as laissé la porte entre-ouverte, je n'ai fait que passer par le peu d'espace que tu avais laissé.

–Et bien évidemment, vous n'avez pas pu vous en empêcher. »

Bianca se stoppa finalement puis disparut pour réapparaître un instant plus tard à quelques centimètres seulement de Daphné.

« Es-tu venue seulement pour me faire la morale ? »

Daphné planta son regard dans le sien.

« Non, je souhaite que nous reprenions notre discussion là où nous nous étions arrêtées. Combien de temps disposons-nous ? »

Bianca s'éloigna en haussant les épaules, prenant un air nonchalant.

« Je surveille ton corps, lui assura-t-elle, je te renverrai avant que tu ne meures si c'est ce qui t'inquiète. »

Bianca fit apparaître deux sofas, l'un en face de l'autre, et se laissa tomber sur l'un d'eux, posant ses pieds sur l'accoudoir.

« Assieds-toi et pose tes questions, lui dit-elle en lui montrant l'autre canapé. Tu n'as pas l'éternité devant toi. »

Après un soupir, Daphné s'installa et fit le tri dans ses questions.

« Était-ce vous qui m'avez aidée contre le Tömörgis ?

–C'était bien moi. Ce truc est l'une des créations de ma sœur. Considère-toi chanceuse car tu n'as pas affronté la plus dangereuse des bêtes d'Ethel. Les plus violentes et instables sommeillent sous la Tour et attendent le retour de leur créatrice, seule elle peut les dompter. Sans mon aide, cette chose t'aurait tuée.

–Et pendant la dernière épreuve ?

–Non, ce n'était pas moi. Ce sont les autres qui t'ont parlé. Jill, Edmée et Abigail pour être plus précise.

–Quel choix auriez-vous fait si vous aviez été à ma place ? »

Bianca parut surprise de sa question. Mais elle retrouva rapidement son expression neutre et se mit à fixer un point invisible au-dessus d'elle.

« Le vieillard. Tant qu'Arlequin marchera sur cette terre, le savoir sera transmis et aucune information ne sera jamais oubliée. Le vieillard était donc inutile.

–Cet homme avait une famille.

–Et les autres n'en avaient pas ? Tuer n'est pas sans conséquences, c'est pourquoi il faut le faire intelligemment. Mais cesse de te torturer avec tout ça, Arlequin t'aurait empêché de tuer qui que ce soit, lui qui prône la paix à tout prix. »

Comme un pétale de roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant