Chapitre 73

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Daphné se réveilla en pleine nuit, comme d'habitude. Agnar était profondément endormi à côté d'elle, un bras nonchalamment posé sur son ventre. Elle le regarda un instant, hypnotisée par la beauté de cet homme. Elle aurait pu rester des heures ainsi, à simplement l'admirer. Mais elle avait terriblement chaud.

Elle se leva tout en douceur, posant délicatement le bras d'Agnar sur le matelas pour ne pas le réveiller, et se dirigea vers le balcon. L'air frais de la nuit lui fit du bien. Elle en profita pour admirer les étoiles et la demi-lune.

Du coin de l'œil, elle vit un petit groupe de personnes sortir de la caserne. Elle reconnut la légèreté et la grâce de Nour, la taille de Tahia et la lance de Laurel. Elles se préparaient à partir, chacune accompagnée de quelques soldats. Elles s'arrêtèrent devant la grande porte, attendant que la lourde grille se lève, semblant discuter entre elles. Puis elles montèrent en selle et disparurent dans la nuit.

Daphné étendit sa magie le plus loin possible, faisant attention à la direction qu'elles prenaient, jusqu'à ne plus les sentir. Elle soupira alors. Elle savait qu'à l'instant où ils recevraient des nouvelles de l'une d'entre elles, les événements allaient s'accélérer. Mais ce qui l'effrayait le plus était de retourner chez elle. Si le seigneur Stephan Ackton acceptait de les rejoindre, elle serait bien obligée d'y faire face.

Un battement d'ailes la sortit de ses pensées. Fergus, toujours sous la forme du même oiseau, voleta paisiblement au-dessus d'elle jusqu'à se poser sur la plus grosse branche qu'il trouva. Une fumée orange le camoufla et l'instant d'après, il apparut sous sa forme humaine. Un bras posé sur son genou, il lui lançait un regard rieur.

Son sourire m'agace, fais-le tomber de sa branche.

Daphné rit intérieurement en entendant le ton grincheux de Bianca, comme s'il s'agissait d'une personne âgée qui accablait le monde entier pour le moindre détail. Mais puisqu'elle en avait assez que Fergus suive le moindre de ses mouvements, elle décida de lever un vent si fort qu'il bascula en arrière. Il se transforma à nouveau en oiseau et s'envola, vexé. Mais Bianca riait à cœur joie depuis qu'elle avait vu la tête qu'avait fait son frère. Et Daphné s'autorisa un petit rire moqueur.

« Daphné ? »

La voix endormie d'Agnar ramena la jeune femme à la réalité. La jeune femme se retourna et rentra dans la chambre, refermant la porte-fenêtre derrière elle.

« Je suis là, répondit-elle doucement en s'asseyant sur le matelas. J'avais du mal à dormir. »

Il saisit délicatement sa main et y déposa un tendre baiser, encore somnolent.

« Il va vraiment falloir faire quelque chose pour ça, murmura-t-il. Dunlá pourra peut-être t'aider. »

Elle ne répondit rien et se contenta de s'allonger près de lui, se calant dans ses bras. Elle soupira d'aise tandis qu'Agnar se mit à caresser distraitement son bras nu.

« Elles sont parties, c'est ça ? »

Daphné fut surprise de l'entendre dire ça, elle ne s'attendait pas à ce qu'il le devine. Après tout, aucune des trois espionnes n'avait prévenu à l'avance de leur départ. Sans doute était-ce une intuition, née de toutes ces années passées à les connaître.

Elle acquiesça.

Et après un long silence, Agnar prit une grande inspiration et la serra un peu plus contre lui.

« Tout se passera bien. »

Cette phrase avait sonné comme quelqu'un qui tentait de se rassurer, sans pour autant croire en ses propres paroles.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now