Comme un pétale de rose

Chapitre 47

Daphné passa l'après-midi dans la bibliothèque, affalée sur un sofa à éplucher les ouvrages sur les six mages originels.

Bianca ne s'était réincarnée officiellement que deux fois, la première en une professeure de la Tour et la seconde en une jeune fille ayant perdu sa famille très jeune et s'étant tournée vers la magie noire pour faire revenir ses proches d'entre les morts. Mais le livre précisait qu'elle avait pu avoir d'autres vies qui ne s'étaient tout simplement jamais souvenues.

Pour ce qui était des cinq autres, dans chacune de ses vies Arlequin finissait à la Tour, puisque sa maîtrise particulière du savoir lui permettait de se souvenir de ses vies passées à un très jeune âge sans avoir recours au rituel. Caius et Ethel, quant à eux, se retrouvaient à chaque fois pour voyager ensemble, Caius souhaitant protéger sa sœur quoi qu'il arrive. Pour ce qui était de Darren, il finissait toujours par se manifester lors d'une bataille, détruisant tout sur son passage. Mais Fergus, lui, ne se prononçait jamais, restant systématiquement dans l'ombre.

Daphné s'était aussi penchée sur un ouvrage concernant la Tour, sa construction et les règles qui la régissaient. Chacun des six mages originaux disposaient d'un siège parmi les conseillers, mais seul Arlequin venait le réclamer. Mais surtout, le tombeau de ces dieux se trouvaient au dernier étage du sous-sol du bâtiment, leurs corps originels enfermés dans la pierre, reposant ensemble pour l'éternité. L'accès au tombeau était interdit de tout mage, excepté les réincarnations des dieux, mais tout mage sait qu'ils reposent sous leurs pieds.

Après plusieurs heures de lecture, la jeune femme s'étira, ressentant déjà les courbatures provoquées par l'entraînement du matin. Harden s'était vengé de ce Voyage catastrophique et tout son corps hurlait de douleur. Agnar ne l'avait pas empêché de la martyriser et elle avait dû supporter échec après échec.

Vers six heures, elle se décida à ranger les livres et à sortir de son antre, priant pour ne pas tomber sur Annabelle. Elle l'avait soigneusement évitée tout au long de la journée et souhaitait faire durer cette prouesse autant que possible. Elle ignorait encore pourquoi la voyante n'avait pas fouillé l'entièreté du château pour la retrouver.

Par chance, le couloir était silencieux, seulement animé par la domestique dépoussiérant un tableau mettant en scène plusieurs couples en train de pique-niquer. Daphné soupira. Elle pourrait peut-être passer une soirée tranquille.

Mais c'était sans compter l'arrivée de Cale quelques minutes plus tard, l'air soulagé de la voir.

« Daphné vous êtes là, lança-t-il en s'appuyant sur le mur le plus proche de lui, semblant reprendre son souffle. Ça doit bien faire vingt minutes que je vous cherche mais ce maudit château est immense et personne ne savait où vous trouver. »

La jeune femme fronça les sourcils.

« Quelque chose est arrivé ? S'enquit-elle.

–Non, rien de grave. En fait vous êtes demandée dans la salle du conseil, le duc d'Orlimar souhaite vous parler. Je n'en sais pas plus, je suis navré.

–Le duc souhaite me voir seul à seule ? S'étonna la mage. »

Cale se redressa et secoua la tête.

« Non il n'est pas seul. Le Seigneur et Karsten sont avec lui, le prince Taahir aussi et... bon en fait ils y sont tous. »

Daphné acquiesça. Si sa présence était demandée maintenant, ce devait avoir un rapport avec la découverte de son nouveau pouvoir, la veille.

« Bien, allons-y, déclara-t-elle avant de lui lancer un regard rieur. Saurez-vous retrouver votre chemin ou devons-nous Voyager ? »

Le chevalier devint blême et avala bruyamment sa salive.