Chapitre 76

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Daphné Voyagea jusqu'à l'endroit que lui avait indiqué le chevalier et elle y trouva en effet Tori qui sortait trois hommes d'une charrette, les jetant par terre sans aucune douceur.

« Attends que j'arrive à me détacher ! S'exclama l'un d'eux, en se traînant pour se redresser. »

Tori laissa échapper un rire sans joie et lui donna un coup de pied pour lui faire perdre l'équilibre.

« Essaie pour voir. »

L'un de ses camarades avait réussi à se remettre sur pieds et s'élançait vers la jeune femme. Daphné étendit sa magie et la fit gronder, immobilisant les trois hommes. Celui qui s'apprêtait à attaquer Tori se retrouva figé dans sa course, montrant les dents comme un animal. Mais, dans le seul œil qui lui restait, l'autre étant fraichement arraché, seule de la peur se lisait. Et cet œil se tourna lentement vers Daphné qui s'avançait vers eux.

Tori tourna à peine la tête et se mit simplement à sourire lorsqu'elle vit les trois hommes immobiles.

« Messieurs, lança-t-elle, vous allez regretter mes traitements de faveur. »

Daphné utilisa à nouveau la magie pour les aligner devant elle. Elle voulait les regarder, garder en mémoire chacun de leurs traits.

Le premier, le plus imposant des trois, avait le nez cassé et la bouche ensanglantée. Tori avait dû lui arracher quelques dents. Le second, celui à l'œil manquant, avait le visage gonflé et rempli d'ecchymoses. Sa magie lui indiqua que, sur ses mains liées dans son dos, quelques doigts avaient été coupés. Enfin, le dernier, le moins amoché des trois, avait seulement la lèvre fendue et l'arcade cassée.

« Encore une femme, cracha le premier d'une façon qui confirma à Daphné qui lui manquait des dents, et en postillonnant du sang. Ça montre bien la faiblesse de votre duc. Diriger des hommes avec des femmes, la bonne blague ! »

Daphné resserra sa magie autour de lui et il se mit à hurler de douleur. L'endroit, jusqu'ici désert, se remplissait peu à peu des soldats d'Ackton, que les Chevaliers Noirs tentaient de faire circuler.

La mage relâcha son emprise pour lui laisser un peu de répit et se tourna vers Tori.

« Est-ce que tu as réussi à leur soutirer des informations ? S'enquit-elle.

–J'ai essayé, comme tu peux le voir, mais ces gars-là sont coriaces. Ils ont bien été entraînés. J'ai arrêté de m'épuiser pour rien au bout d'un moment, tu seras plus efficace que moi. »

Daphné acquiesça et reporta son attention sur les trois hommes qui la regardaient d'un œil morne.

« Pour votre bien à tous les trois, commença-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine, vous devriez coopérer. Par chance, le duc d'Avisir ne sait pas encore que vous êtes là alors je vous conseille de tout nous révéler avant qu'il ne l'apprenne. Parce que lorsqu'il se trouvera devant vous, il ne fera pas preuve d'autant de patience. »

Celui du milieu cracha à ses pieds.

« Va donc voir ton duc, catin, qu'il te baise un coup. »

Daphné sentit la colère monter. Non, il s'agissait de Bianca. Elle tentait de prendre le contrôle.

Laisse-moi faire, j'ai torturé bien plus d'hommes que tu ne le feras jamais. Laisse-moi me nourrir de leurs cris.

Tori fit un pas en avant, sortant l'une de ses dagues, prête à lui couper la langue, mais Daphné insinua sa magie dans l'esprit du mercenaire et laissa Bianca s'occuper de lui. L'instant d'après, son œil s'écarquilla tellement qu'il aurait pu sortir de son orbite. Son corps tout entier se tendit, sa bouche s'ouvrit en grand mais son cri resta silencieux. Et il se mit à convulser. Ses camarades le fixèrent avec horreur, incapable d'agir, toujours prisonniers des pouvoirs de la mage.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now