Chapitre 57

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Daphné atterrit sur les murailles, juste au-dessus des portes de la ville. Dans son dos, en contre-bas, des passants s'arrêtaient par curiosité et des gardes du duc d'Orlimar tentaient de les éloigner. Au-delà du mur s'étendait une petite armée avec à sa tête un garçon qui ne devait pas être beaucoup plus vieux que Lio et une femme habillée tout de noir. La mage observa leurs auras mais ne décela rien de malveillant. Mais elle restait sur ses gardes, après tout Marcus était passé inaperçu durant plusieurs mois.

« Madame, la salua une sentinelle en s'inclinant, on nous avait prévenu de votre arrivée. »

Daphné lui accorda un sourire gêné.

« Relevez-vous, je vous en prie. Pourriez-vous m'expliquer ce qu'il se passe exactement ? »

Le garde acquiesça.

« Cette armée est arrivée il y a moins d'une heure. Nous avons envoyé quelques hommes en reconnaissance et la femme a la tête de ces soldats prétend être la vicomtesse de Neressac. Mais nous n'avons pas été informés de son arrivée alors nous préférons être vigilants.

–Le duc d'Avisir est en chemin, lui assura-t-elle. S'il s'agit bien de la vicomtesse, il la reconnaîtra. Savez-vous qui pourrait être le garçon qui l'accompagne ?

–Si elle est bien qui elle prétend être, alors il s'agit du jeune vicomte, le fils de son défunt mari.

–S'il s'agit d'une imposture, intervint une voix dans son dos, alors ils ont bien fait les choses. C'est assez convaincant. »

Daphné se figea. Elle n'avait pas revu Agnar depuis la fin de la réunion de la veille. Il s'arrêta à côté d'elle, le regard fixé sur cette armée. La jeune femme jeta un coup d'œil dans sa direction. Il avait meilleure mine que la veille et au moins il ne sentait plus l'alcool. Il avait l'air aussi imposant et intimidant que d'habitude. Elle en était soulagée.

« Merci d'être venue, murmura-t-il à son attention.

–Il s'agit de mon devoir. »

Il tourna la tête vers elle et leurs regards se croisèrent. Une boule se forma dans la gorge de Daphné.

Il ouvrit la bouche, semblant vouloir lui dire quelque chose, avant de se raviser et de tourner les talons. Daphné aurait juré avoir vu ses yeux briller, mais elle ne releva pas.

« Nous ferions mieux de descendre, déclara-t-il.

–Monseigneur, attendez ! »

Il se stoppa et se tourna vers elle alors qu'elle lui tendait la main.

« Ce sera plus rapide de cette manière. »

Le regard d'Agnar passait rapidement de sa paume tournée vers lui à son visage. Elle tentait de garder un sourire amical sur les lèvres. Des sentinelles les regardaient, ils devaient faire bonne figure.

« Oui, tu as raison. »

Il s'avança et s'empara de sa main. Daphné du faire un effort monstre pour se concentrer uniquement sur sa magie et non sur sa peau contre la sienne.

Ils atterrirent quelques instants plus tard à plusieurs mètres de l'armée et la jeune femme gardait sa magie déployée autour d'eux pour réagir rapidement. Agnar garda leurs mains jointes une longue seconde, avant de se séparer d'elle et de s'avancer vers la noble à cheval.

« Vous êtes bien loin de chez vous, madame ! S'exclama-t-il d'un air léger. »

Un fin sourire étendit les lèvres de la noble qui lui lança un regard joueur, rabattant sa longue tresse de jais dans son dos.

Comme un pétale de roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant