Chapitre 94

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DAPHNÉ


« Qu'est-ce que tu as fait ?! »

Cette voix masculine qui fendit l'air lui parut si lointaine. Son corps tout entier la martyrisait. Et sa tête... Tout était plongé dans un épais brouillard sans fin. Qui était-elle ? Où se trouvait-elle ? Que s'était-il passé ?

« Ne t'abaisse pas à l'aider mon frère. Elle n'aurait pas fait la même chose pour toi. Elle te déteste. Elle nous déteste tous ! »

Des bras l'entouraient, un corps chauf était pressé contre elle. Des mèches de cheveux tombèrent près d'elle. Des mèches rousses.

« Tu lui as planté un couteau dans le dos ! Tu as tué Daphné en traître, est-ce vraiment la victoire honorable que tu souhaitais ? »

Un rire mauvais résonna et se répercuta sur les murs. Des murs en pierre. Oui, elle était entourée d'une pierre froide et humide.

« Une victoire est une victoire. Celle-ci n'est certes pas celle que j'aurais espéré, mais je la retrouverai dans une autre vie pour lui arracher une victoire dans les formes. J'ai trop longtemps supporté son arrogance, elle qui se croyait toute puissante. Regarde-la ! Déesse de la Mort. N'est-ce pas ironique ?

–Et combien de jours cela fait ? Pourquoi rester la regarder ?

–Je ne la quitterai des yeux que lorsque son corps se sera décomposé. Et alors, ma victoire sera assurée. »

Quelques souvenirs refirent surface. Une bête monstrueuse. La douleur de blessures profondes. Du sang qui coule à flot. Des cris. Un choc. Un sourire. Des larmes. Et un champ de fleurs.

« T'es un grand malade. Pourquoi est-ce que tu t'entêtes à faire ça ? Pour une simple cicatrice qui n'était l'œuvre que d'un accident provoqué par une gamine qui ne savait pas utiliser la magie ? Ton égo ne peut-il donc pas se contenter de passer à autre chose ?

–Regarde-moi Fergus ! Regarde ce qu'elle m'a fait !

–Tu l'as forcé à te couper cette main ! Elle n'a fait que se défendre. »

Un nouveau rire.

« Non, mon frère. Elle défendait ce stupide humain, elle s'est assurée que je ne le découvre jamais. Cet humain pour qui elle nous a tous condamné, TOUS !

–Et elle a déjà payé pour son crime. Qui crois-tu être pour remettre en cause la punition infligée par le Chaos lui-même ? Tu n'es rien Darren. Rien de plus qu'un fou ! »

Un long silence. Lourd silence. Une respiration bruyante et saccadée de quelqu'un qui se retient. Et les bras qui l'entouraient la serrèrent encore davantage.

« Bon sang mais regarde autour de toi ! Tu as provoqué la mort de ta propre sœur et celle de l'un des enfants d'Ethel. Imagine dans quel état elle doit être actuellement. As-tu seulement pensé à ça ?

–Caius doit être en train de la consoler.

–Tu me dégoûtes. Un jour, Ethel et Caius se déchaîneront sur toi et je crois que pour une fois, je choisirai un camp. Et je ne me battrais pas à tes côtés. »

Des pas qui se rapprochent et qui intensifient une migraine atroce. Elle voulait bouger, ouvrir un peu plus les yeux, plus que l'espace de quelques instants. Elle voulait parler, se défendre. Mais son corps ne répondait pas.

« Tu as passé trop de temps en sa compagnie, petit frère. Tu es le Dieu de la Ruse et pourtant, elle a réussi à embrumer ton esprit. C'est elle qui est à l'origine de toutes nos souffrances. Elle seule !

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now