Chapitre 32

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À son réveil, Daphné fut surprise de constater qu'elle se trouvait sur quelque chose de confortable. Un instant, elle se mit à penser qu'elle avait rêvé de cette chute et qu'elle se trouvait dans un lit confortable dans une petite auberge de village. Mais lorsqu'elle ouvrit les yeux, elle vit le feu éclairant la grotte et la réchauffant. Les flammes avaient rétréci depuis la veille mais elles tenaient toujours.

En bougeant légèrement, elle se rendit compte que sa cape, sèche et réchauffée, lui servait de couverture. Elle fronça les sourcils. Elle se souvenait à peine du moment où elle s'était endormie, ou plutôt écroulée de fatigue.

C'est en bougeant la main qu'elle réalisa qu'il y avait du tissu en dessous d'elle. Elle ouvrit un peu plus grand les yeux et constata que sa tête se retrouvait sur des jambes. Celles du Seigneur. Elle se redressa vivement, sa main, qui s'était noyée dans ses cheveux ondulés, retomba lourdement sur ses genoux. Dieu était loué, il avait enfilé un pantalon.

Elle se figea lorsqu'elle le vit endormi contre le mur, les cheveux lui retombant sur le visage, l'air apaisé. Son aura n'était qu'un simple filet sombre et calme autour de lui. Son torse nu se soulevait au rythme de sa respiration profonde. Sa cape, qu'il avait dû enfiler par-dessus ses épaules, était redescendue sur ses bras. Son visage, si serein, était d'une beauté à couper le souffle. Elle avait presque l'impression de se trouver face à un tableau, ou la statue d'un dieu des anciens temps.

Elle l'observa longuement, sans arriver à se détacher de lui. Elle remarqua quelques cicatrices sur sa peau dont elle n'avait pas fait attention la veille, seuls vestiges apparents des combats qu'il avait menés.

La jeune femme se reprit en secouant la tête. Elle replaça sa cape autour d'elle et se leva. Elle écarta au passage quelques mèches de cheveux du visage du Seigneur et rabattit les pans de sa propre cape autour de lui, autant pour éviter qu'il n'ait froid que pour lui cacher son torse saillant.

Elle contourna ensuite le feu et alla retrouver ses vêtements qui l'attendaient, secs et prêts à être de nouveau portés. Elle les enfila, heureuse de ne plus avoir à rester avec aussi peu de tissu sur elle. Elle rentra sa chemise dans son pantalon, resserra son corset et passa sa tunique, dont elle se battit avec le laçage.

Une fois cela fait et ses bottes chaussées, elle s'accroupit devant le feu, tendit ses mains et fit grandir les flammes en en augmentant la chaleur. Elle constata avec joie que cette nuit de sommeil avait été bénéfique et que tous ses pouvoirs étaient revenus. Elle s'assit alors en tailleur et étendit sa magie au-delà de la grotte. Il n'y avait pas l'ombre d'un être vivant dans le coin et la tempête semblait s'être calmée, même si la neige continuait de tomber abondamment.

Elle profita de ce clame pour se détendre et fermer les yeux, dans l'espoir de réussir à méditer. Elle fit le vide dans sa tête, se concentra sur la respiration profonde du Seigneur et se claqua dessus. Elle sentit ses muscles se relâcher et pour la première fois depuis des semaines, ses visions ne la hantaient pas. Tout ce qu'elle ressentait était un calme infini et reposant. Ses pouvoirs circulaient librement dans tout son corps, traversaient la moindre de ses veines et s'écoulaient comme l'eau d'une rivière paisible. Ses mains s'échauffaient un peu, d'une chaleur agréable et familière.

Elle laissa sa magie prendre possession d'elle et elle sentit peu à peu des fleurs pousser autour d'elle, leurs feuilles et leurs pétales chatouillant ses mains. Ses cheveux se soulevaient légèrement alors qu'une légère brise, qui ne venait pas de l'extérieur, venait les caresser et les faire danser doucement. Le chant du vent et de la neige vint susurrer sa tendre mélodie au creux de son oreille et la bercer.

Le Seigneur se réveilla si brusquement que son aura se déversa autour d'eux et buta contre les murs. Daphné ouvrit grand les yeux et toutes les fleurs fanèrent et disparurent. Le duc, paniqué, semblait chercher quelque chose. Il se figea lorsque leurs regards se croisèrent. Il laissa alors échapper un soupir et se laissa retomber contre le mur tandis que son aura rétrécissait.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now