Chapitre 6

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Deux jours. Il leur avait fallu deux jours pour rejoindre les terres d'Avisir en partant de cette petite ville. Ce fut Dunlá qui l'informa de leur arrivée sur le territoire du Seigneur. Le paysage n'avait pas tant changé que cela, Ils avançaient toujours au beau milieu de conifères, de bouleaux, de frênes et autres chênes. Mais tout le monde autour de Daphné paraissait plus détendu, comme délivrés d'un poids.

« Ah ! S'exclama Ser Cale en s'étirant sur sa monture. Ça fait du bien de rentrer à la maison ! Vous croyez qu'on mangera quoi ce soir ? »

Il s'avança jusqu'au groupe de chevaliers devant la jeune mage et ils se mirent à baver en récitant le nom de nombreux plats.

« Bienvenue dans la région d'Avisir Dame Daphné ! Lança Ser Harden en approchant sa jument de celle de Daphné. Notre doux chez-nous !

–Merci, répondit timidement la jeune femme.

–Vous trouvez actuellement dans la forêt de Chiante ! Lâcha Ser Cale en se retournant sur sa selle, se trouvant dos à la tête de son cheval.

–Cianthe ! Gronda Dunlá. La forêt de Cianthe !

–Ah oui pardon, j'ai confondu avec toi. »

Il lui accorda un clin d'œil alors que la guérisseuse lui jetait un regard noir.

« Je vais t'étriper un de ces jours, fit-elle. Et retourne-toi ! Si jamais tu tombes, ne compte pas sur moi pour te soigner, tu l'auras bien mérité. »

Il leva les yeux au ciel mais s'exécuta tout de même.

« Moi, déclara Ser Marcus, j'espère seulement que Maxi n'a pas fait brûler le château.

–Ou que Tori ne l'a pas transformé en repaire d'assassins, ajouta un autre chevalier.

–Si ça se trouve, Lio a chassé je-ne-sais combien d'animaux et on va en retrouver les dépouilles éparpillées un peu partout.

–Annabelle ne lui laisserait jamais faire ça. Espérons que celle-ci n'en aura pas profité pour faire du château un genre de lieu de fête avec des acrobates et des cracheurs de feu partout.

–Le pire, ce serait que Fosca ait fait de notre foyer un lieu de culte. Imaginez qu'on se retrouve dans une abbaye géante avec des prêtres partout qui ne vivent que pour la prière.

–Vous êtes tous stupides, soupira Dunlá, elles savent qu'elles ne sont pas en droit de faire tout ça. Et puis, aucune ne laisserait l'une d'elles prendre l'ascendant sur les autres.

–Donc on va se retrouver au beau milieu d'une guerre civile, décréta Ser Cale. Génial ! »

Daphné se mit à sourire. Malgré toutes ces piques lancées à tord et à travers, elle sentait qu'ils s'entendaient tous bien et qu'ils tenaient les uns aux autres.

« Depuis combien de temps êtes-vous partis ? Se risqua-t-elle à demander.

–Depuis trop longtemps si vous voulez mon avis ! S'exclama Ser Harden en se grattant le dos.

–Huit mois pour être exact, ajouta la guérisseuse. C'est la première fois que nous partons aussi longtemps. Nous aurions dû rentrer avant mais le Seigneur a entendu parler de la découverte d'une jeune mage dans un petit village reculé alors nous avons fait un détour. »

Elle lui adressa un regard complice et Daphné ne put s'empêcher de rougir et de baisser les yeux.

Lorsqu'elle releva la tête, ils sortaient de la forêt pour rejoindre une route pavée. La jeune femme admirait avec tout autant d'excitation les domaines viticoles et les champs de maïs, de blé et de lavande. De temps à autre, ils traversaient de petites bourgades ou passaient devant des maisons isolées. Les habitants sortaient pour les saluer et souhaiter un bon retour à leur seigneur. Aucun d'eux ne semblaient être dérangés par la réputation du duc, comme s'ils l'ignoraient.

Comme un pétale de roseTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang