Chapitre 8

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« Daphné ! Tu es prête ? »

La jeune mage ouvrit les yeux en entendant la voix d'Annabelle derrière sa porte. Un coup d'œil vers la petite horloge sur sa table de chevet lui indiquait qu'il était presque l'heure du dîner. Étant en pleine méditation, elle n'avait pas vu le temps passer.

Elle se releva, lissa ses jupes et jeta un coup d'œil dans le miroir pour vérifier que tout était en place. Elle avait choisi une robe émeraude assez simple dont les manches amples touchaient presque le sol. Une ceinture dorée, accordée aux ourlets de la jupe et des manches, affinait sa taille et descendait jusqu'au niveau de ses genoux. La broche que lui avait offert le Seigneur décorait son décolleté. Elle n'avait relevé que le haut de sa chevelure, laissant la plupart de ses boucles blondes libres, et ses mèches plus courtes à l'avant ceignaient son visage. Elle se dit que cela ferait l'affaire. Elle n'allait, après tout, que dîner avec toute la maisonnée du Seigneur.

Son cœur se mit à battre un peu plus vite. À bien y réfléchir, elle n'était plus si sûre d'elle. Mais elle n'avait pas le choix et elle savait qu'elle passerait un bon moment. Ce fut le cas tout au long du voyage jusqu'au duché alors il n'y avait pas de raison que cela change.

Elle décida de Voyager de sa coiffeuse jusqu'à sa porte, juste pour s'entraîner, et se félicita d'avoir réussi à le faire sans avoir la nausée. Elle effectuait régulièrement cet exercice pour s'habituer à Voyager, comme le prescrivait Diane.

En ouvrant la porte, elle tomba sur une Annabelle rayonnante. Sa robe violine épousait à la perfection ses courbes généreuses et les motifs dorés au niveau du décolleté, du bas des maches et des ourlets de la jupe réhaussaient son teint bronzé. Sa crinière de boucle brunes était relâchée.

« Génial ! S'exclama la voyante. Nous allons pouvoir y aller à deux ! »

Sans attendre sa réponse, Annabelle la prit par le bras et la tira dans le couloir. Elle descendit les escaliers si vite que le cœur de Daphné loupa un battement en l'imaginant tomber, puis se mit à sautiller dans le hall. Le manoir était d'un calme surprenant.

« Où sont les autres ? Demanda-t-elle alors qu'elles s'engageaient dehors.

–Elles y sont toutes, mis à part Fosca. C'est l'heure de la prière. »

Annabelle la saisit par la main et se mit à courir en soulevant ses jupes.

« Allez dépêche-toi ! On va finir par être sérieusement en retard ! »

Daphné n'eut que d'autre choix de courir elle aussi, relevant sa robe pour ne pas marcher dessus. À l'horizon, le soleil se couchait lentement et quelques étoiles parsemaient déjà le ciel.

Elles entrèrent dans la caserne à bout de souffle, Annabelle riait aux éclats, puis la guida dans les galeries qui donnaient toutes sur le terrain d'entraînement, vide, en contre-bas. Des éclats de voix et de rires leur parvenaient déjà. Une double porte était entre-ouverte et Annabelle s'y engouffra, la menant à sa suite.

La salle, dont les murs et le sol étaient en pierre, était bondée de monde. La grande majorité étaient des chevaliers qui, pour une fois, ne portaient pas leur armure d'obsidienne. Les huit rangées de longues tables en bois étaient remplies de nourriture dont les effervescences ouvrirent l'appétit de Daphné. Une autre table, perpendiculaire aux autres et placée dans le fond, était réservée au Seigneur et à ses conseillers. Mais le duc n'y était pas. Elle le trouvât assis sur un banc, entouré de ses soldats, à rire en buvant une chope de bière.

« Viens ! »

Annabelle se saisit de son poignet et l'amena à l'une des deux tables du centre où étaient déjà assises les autres filles du Harem. Ser Cale était en pleine discussion avec Maxie et Tori tandis que Dunlá surveillait Lio du coin de l'œil. La jeune fille leva les yeux et lorsque son regard buta sur les deux arrivantes, elle se leva et se précipita vers Daphné.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now