Chapitre 11

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« Jouons à un jeu pour passer le temps ! »

Daphné, qui était jusqu'ici en pleine contemplation du paysage, tourna lentement la tête vers une Annabelle qui ne tenait plus en place.

« Quel jeu ? Demanda Maxie en jouant distraitement avec sa tresse.

–Le jeu des trois affirmations ! »

Fosca marmonna quelque chose d'inaudible avant de se concentrer sur l'extérieur de la voiture.

« Qu'est-ce que c'est ? L'interrogea Daphné.

–L'une de nous va devoir donner trois affirmations, dont l'une est fausse, et les autres devront trouver quel est le mensonge. Rien de bien méchant, c'est simplement pour passer le temps. Ce voyage me parait interminable. »

Cela faisait en effet quatre jours qu'ils étaient partis du domaine du Seigneur et parcouraient les terres d'Avisir. Ils n'avaient toujours pas atteint la frontière. Geoffroy de Gaifort leur avait annoncé, le soir de leur départ, que le prince les attendait dans l'une de ses demeures, la plus proche de la frontière. Il n'avait pas mentionné l'impératrice mais le Seigneur restait persuadé qu'elle serait présente.

Le cessez le feu avait été amené ce matin-même par un messager, signé de la souveraine. Ce qui avait conforté le duc d'Avisir dans son opinion.

« Bien, je vais jouer, déclara Daphné.

–Moi aussi, suivit Maxie.

–Super ! S'exclama Annabelle en frappant frénétiquement dans ses mains. Fosca, tu joues avec nous ?

–Non merci.

–Dommage, fais-nous signe si tu changes d'avis. Bon ! Je commence. Alors... j'ai surpris deux soldats coucher ensemble un soir après avoir eu une vision étrange qui me disait de me rendre à la caserne, j'ai réussi à tirer les vers du nez à madame Baralot et lui faire avouer qu'elle avait été fiancée à un jeune poète et pour finir, je n'ai jamais eu de relations avec un autre esclave du cirque. »

La voyante se mit à sourire et s'installa au fond de la banquette, ramenant ses genoux contre sa poitrine. Daphné fut amusée. Elle s'attendait exactement à ce genre d'anecdotes de la part d'Annabelle.

« Alors ? S'impatienta-t-elle.

–Alors moi je dis que tu mens sur la troisième, répondit Maxie, et je vais te dire pourquoi. Pour les deux soldats, je peux te donner les noms puisque je les ai surpris pas plus tard qu'hier soir. Pour madame Baralot, désolée mais tu ne détiens pas l'exclusivité. Comme Dunlá fait partie du Harem depuis plus de dix ans, elle était là à l'arrivée de la gouvernante et a lu son dossier, que les Quatre Sœurs avait monté à la demande du Seigneur, et ça y était inscrit. J'ai juste eu à cuisiner Dunlá. »

Annabelle la toisait avec des yeux ronds comme des billes, avant de croiser les bras sur sa poitrine.

« Et tu ne me l'as jamais dit ?! S'indigna-t-elle.

–J'ai promis de ne jamais rien dire. Et je te ferai remarquer que Tori aussi était au courant.

–Par contre moi je n'étais pas du tout au courant pour les deux soldats, je peux avoir les noms ? »

Les quatre filles sursautèrent en même temps et, se rendant compte que Ser Cale, assis sur son cheval, avait tiré le rideau pour participer à la discussion. Maxie lui flanqua une tape sur le haut de la tête. Il jura avant de se mettre à rire.

« Non mais ça ne va pas bien, s'écria Annabelle, espèce d'imbécile ! Il n'y a pas à nous faire des frayeurs pareilles !

–Si tu ne vires pas ta tête tout de suite, le menaça Maxine, je te promets de faire de toi mon prochain cobaye.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now