Chapitre 50

298 33 14
                                    

Un feu crépitait dans la cheminée alors que le repas du soir était en train de chauffer. Elle était assise à une table à fixer leurs bagages. Ce serait leur dernier repas dans cet appartement au-dessus de la boutique de vêtements dans laquelle elle travaillait. La police avait frappé à leur porte le matin-même. On les avait dénoncés. Sa patronne les avait dénoncés. Et ils étaient à présent condamnés au bucher.

Elle n'avait pas eu la force de leur ouvrir, tétanisée au beau milieu du salon. Elle n'avait pas fait le moindre bruit et les policiers étaient partis. Mais ils allaient revenir, c'était certain. Alors elle avait fait leurs bagages, mettant dans des sacs le peu de choses auxquelles ils tenaient. Le portrait qu'ils avaient fait faire pour leur mariage, quelques bibelots, des vêtements et de la nourriture.

Un homme sortit de la chambre, les traits tirés. Elle se leva pressamment, la gorge nouée. Aucun d'eux n'arrivait à comprendre comme cette femme avait pu se rendre compte qu'ils utilisaient la magie.

« Redwan je...

–Ça sent bon, qu'est-ce qu'on mange ? »

Elle se figea. Pour ce dernier repas, il souhaitait faire comme si de rien était. Soit.

« Du lapin. Exactement comme tu l'aimes. »

Il acquiesça et elle s'occupa de les servir généreusement. Elle ignorait quand ils pourraient manger un repas normal. Redwan commença à manger, l'air crispé. Ses mains à elle tremblaient.

« J'ai pensé à prendre le collier de ta mère, fit-elle pour tenter de se calmer.

–Ce truc ? Je croyais que tu le détestais.

–Mais tu y tiens, je ne pouvais pas me résoudre à le laisser ici.

–On le vendra si besoin alors. »

Elle leva les yeux, surprise. En cinq ans de mariage il n'avait jamais voulu se séparer de ce bijou et elle s'était résignée à le garder.

« Non, déclara-t-elle, nous trouverons autre chose. Tu ne dois pas le vendre.

–Mon salaire de la mine ne suffira pas. Et tu n'as pas été payée ce mois-ci. Cette horrible femme... »

Trois coups frappés violemment contre la porte d'entrée les surprit. Ils se regardèrent un instant, les yeux écarquillés et le cœur battant. Elle déploya sa magie. Dix hommes attendaient dans le couloir, accompagnés de sa patronne. Redwan les avait sentis également. Ils pensaient avoir plus de temps.

« Redwan et Éloïse Freid, vous êtes accusés d'avoir enfreint plusieurs lois impériales en étant doté de magie et d'en avoir fait usage. Par décret impérial nous, Exécuteurs, vous arrêtons pour ces crimes et vous condamnons à une mort lente sur le bûcher, car telle est la peine des mages. »

Elle ferma les yeux et une larme roula sur sa joue. Elle sentit Redwan se saisir de sa main. Alors elle rouvrit les paupières.

« Je ne les laisserais pas nous brûler vifs, lança-t-il de la détermination dans le regard. Je refuse de finir ainsi ou même de te regarder agoniser.

–Qu'est-ce que tu veux faire alors ? Nous ne pouvons pas sauter par les fenêtres, le bâtiment est encerclé et des gens ont déjà commencé à se rassembler. Nous ne réussirons jamais à partir. Et nous sommes incapable de Voyager, nous n'avons jamais appris à le faire.

–Nous pouvons nous servir autrement de notre magie. »

Elle écarquilla les yeux et recula sa chaise.

« Tu ne veux tout de même pas les tuer ? Redwan, je suis incapable de le faire. Et ils sont beaucoup trop nombreux ! C'est de la folie.

–C'est moi qui les tuerais. »

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now