Chapitre 36

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DUNLÁ


Ils avaient chevauché toute la nuit, longé et traversé la frontière et parcouru une forêt qui leur semblait infinie. Dunlá avait l'insupportable impression de tourner en rond depuis des heures.

Ils avaient eu beau déployé des hommes un peu partout pour étendre leur périmètre de recherches, Daphné et Agnar restaient introuvables. Même Lio, qui gardait le nez en l'air constamment, ne retrouvait pas leur trace.

Le temps n'arrangeait rien. Il leur était impossible à voir à plus de six mètres d'eux, les soldats qu'ils envoyaient en reconnaissance ne se repéraient que grâce aux torches qu'ils avaient allumées.

Dunlá ne perdait pas espoir, elle savait qu'ils étaient encore en vie, elle en était certaine. Mais elle gardait, malgré tout, sa main sur la garde de son épée, si jamais Marcus et ses mercenaires traînaient encore dans le coin.

Elle n'arrivait toujours pas à croire à la traitrise de Marcus. Elle se souvenait parfaitement bien de ce jour où il était arrivé à leur campement, qu'ils maintenaient depuis des semaines en Avisir. C'était le surlendemain d'une bataille qu'ils avaient menée. Le duc d'Avisir avait tenté de les faire reculer derrière la frontière mais ils avaient tenu bon. Marcus avait été surpris par Tori alors qu'il tentait de rentrer dans le campement, s'étant heurté à des gardes qui refusaient de le laisser passer. L'assassine lui avait fait passer un long interrogatoire avant de le présenter à Agnar.

Lorsque le Seigneur lui avait demandé pourquoi est-ce qu'il tenait à se battre pour lui, la réponse de Marcus avait été rapide. Dunlá s'était promis de ne jamais l'oublier.

« Parce que me battre à vos côtés m'offrira ma liberté. »

Elle ne se rendait compte que maintenant du double-sens de cette phrase. Ce n'était pas Agnar qui lui donnerait sa liberté mais l'empereur – ou l'impératrice – s'il effectuait correctement son travail d'espion. Sans doute était-il déjà en train de rejoindre la capitale pour aller chercher cette liberté.

Lorsque le soleil se leva, ils n'avaient toujours pas retrouvé la trace du Seigneur et de Daphné. Les éclaireurs allaient et venaient, les messagers voguaient entre les groupes pour délivrer les rapports. Le message qu'ils portaient était toujours le même. Toujours rien.

Le temps s'était calmé. Le vent ne martelait plus contre leur visage et la neige, même si elle n'avait pas cessé de tomber, n'était plus aussi abondante. Lio s'éloignait de plus en plus, grimpant dans les arbres pour prendre de la hauteur et avançant plus rapidement qu'eux, sur leurs montures, pour repérer la moindre odeur. Le soleil montait progressivement dans le ciel et la jeune fille ne percevait toujours rien.

Dunlá avait tout tenté pour rester calme, mais plus le temps s'écoulait et plus elle avait peur. Et la nervosité ambiante n'arrangeait rien. Tous savaient ce qui pourrait se passer et ce qu'ils pouvaient trouver, et cette simple idée était terrifiante. Car s'ils étaient bel et bien morts, alors Avisir était perdue.

Chacun les appelait, criait leur nom, en espérant recevoir une réponse, peu importait de quoi il s'agissait. Peut-être que Daphné utilisait sa magie pour les repérer et les alerter, peut-être qu'eux aussi les appelaient dans l'espoir que quelqu'un leur réponde. Dunlá voulait y croire.

Mais tout se brisa lorsqu'elle vit Lio sortir de la brume en courant le plus rapidement possible vers eux, les appelant, l'air paniquée. La guérisseuse arrêta en vitesse sa monture et mit pieds à terre.

« C'est la fleur ! Regarde ! »

La jeune fille leva ses mains devant elle. Dans ses paumes se trouvait la fleur offerte par Daphné. Les pétales étaient devenus noirs. Dunlá resta sans voix, ne sachant comment réagir.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now