Chapitre 68

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Lorsqu'Agnar revint enfin, Daphné lâcha sa main et se pencha au-dessus de la table, épuisée d'avoir utilisé autant de magie. Les autres étaient encore en train d'émerger, personne n'avait encore remarqué la manche ensanglantée de sa chemise. Alors elle leva à nouveau l'illusion.

« Est-ce que tout le monde va bien ? Finit-elle par demander.

–Je crois que j'ai envie de vomir, lança Cale avant de prendre une grande inspiration.

–Moi aussi, fit Annabelle en mettant sa main devant sa bouche. »

L'instant d'après, la voyante se ruait à l'extérieur de la pièce, ses jupes battant derrière elle. Cale la suivit rapidement et dérapa dans le couloir, manquant de tomber.

« J'ai un affreux mal de crâne, avoua Fosca. Je pense qu'il me faut un peu de repos.

–Pareil pour moi, ajouta Maxine, j'ai l'impression d'avoir un forgeron qui frappe son enclume dans ma tête.

–Ce serait à nous de te demander comment tu vas, lâcha Dunlá d'un air réprobateur. N'essaie pas de cacher ton bras, je l'ai vu tout à l'heure. Et Bianca nous a avoué que tu avais été blessée. »

Daphné grimaça. Elle avait espéré que la discussion avec Bianca lui aurait fait oublier ce détail. Finalement, la mage se leva en s'appuyant sur la table, tâchant de camoufler sa douleur.

« Tu ne peux rien faire pour ça, répondit-elle. Personne ne le peut. Ça finira par se soigner tout seul, comme le visage de Bianca.

–Qu'est-ce qu'il s'est exactement passé pour que tu sois blessée comme ça ? Insista la guérisseuse. »

Daphné planta son regard dans le sien, effaçant les images du Chaos qui lui revenaient en mémoire. Elle était certaine qu'il habiterait ses cauchemars pour les prochaines nuits.

« Quelque chose dont je ne peux parler. Fais-moi simplement confiance Dunlá, je te promets que tout ira bien.

–C'est toujours ce que tu dis mais les choses ne se passent jamais bien. »

Karsten s'éclaircit la voix avant de se lever de son siège, l'air beaucoup plus pâle que d'ordinaire.

« Je crois que tout le monde est secoué par ce qui vient de se passer, dit-il calmement. Je pense que nous devrions tous aller nous reposer et parler de tout ça demain, lorsque nous aurons l'esprit plus clair.

–Je suis d'accord, intervint Laurel. Ça ne sert à rien de se disputer maintenant. On est tous fatigués. »

Comme pour appuyer ses propos, Lio bâilla et s'étira comme le ferait un chat. Fosca se leva à son tour et incita la jeune fille à sortir de la salle tandis qu'elle se frottait les yeux.

« Je convoquerai tout le monde demain, annonça Agnar, pour faire un point sur la stratégie à adopter et prendre en compte ce que Bianca nous a dit. »

Tous acquiescèrent, fatigués et nauséeux à cause de la magie, et s'en allèrent les uns après les autres.

Une fois seule avec Agnar, Daphné se laissa tomber sur son siège en soupirant, à bout de forces. Elle laissa sa tête retomber sur le dossier et ferma un instant les yeux, supprimant son illusion.

« Je savais qu'on aurait dû attendre, lança Agnar. »

Elle l'entendit bouger à côté d'elle mais elle ne broncha pas, tentant d'annihiler la douleur qui engourdissait son bras.

« Tu devrais aller te reposer toi aussi, continua-t-il.

–Je crois que j'ai besoin d'alcool, murmura-t-elle. »

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now