Comme un pétale de rose

Chapitre 28

Les gardes la firent Voyager dans une autre pièce où apparaissaient déjà les conseillers et quelques personnes du public. L'endroit était bien plus petit que la salle précédente, tout le monde ne passerait pas. Mais ce qui lui sauta aux eux lorsque la pièce se dessina devant ses yeux, ce fut l'estrade montée au centre qui lui rappelait beaucoup trop celle qu'on avait dressé sur la place de son village pour son exécution.

Encore secouée par l'épreuve précédente, elle n'assimila pas tout de suite ses pensées avec la réalité. Elle se contenta de fixer la petite scène en ayant un air de déjà-vu.

On lui fit monter les trois marches menant à l'estrade et les gardes la laissèrent seule dessus, en évidence aux yeux de tous. Elle vit ensuite le Seigneur apparaître ensuite, puis Karsten, Cale et Marcus. Le duc, à peine arrivé, se mit à la chercher du regard jusqu'à soupirer lorsque leurs yeux se croisèrent.

Les parents de Diane étaient là, eux aussi. Tous les deux. Et accompagnés de leurs soldats. Tous les conseillers avaient retrouvé leur place sur des fauteuils similaires aux précédents. Arlequin ne la quittait toujours pas des yeux.

Ils patientèrent quelques minutes, le temps que tout le monde arrive, puis, une fois la salle bondée, une conseillère se leva, imposant le silence. D'un geste de la main, les portes dans le dos de Daphné s'ouvrirent en grand. La jeune femme se retourna et vit des soldats amener trois personnes, de tailles et de corpulences différentes, les mains liées dans le dos et un sac sur la tête. Ils leur firent monter les marches et les mirent à genoux devant la jeune mage. Le cœur battant, Daphné les fixait sans savoir quoi penser.

« Pour votre troisième et dernière épreuve, déclara la conseillère, vous aurez à faire un choix. L'une des personnes sur cette estrade doit mourir, à vous de choisir qui. Mais attention, chaque personne représente quelque chose. En fonction de votre choix, nous en déduirons votre façon de penser et votre capacité à prendre des décisions justes ou non dans les moments critiques. »

Le cerveau de Daphné cessa de fonctionner. Elle allait devoir tuer. Une personne. Une personne qui devait avoir une famille, des amis. Quelqu'un devait mourir.

Un jeune homme lui tendit un coussin sur lequel était posée une dague sertie de pierres précieuses.

« Le choix vous revient, Daphné. »

Elle fit un pas en arrière mais une main se posa dans son dos, l'empêchant d'aller plus loin. Des gardes se postèrent derrière chaque personne. On enleva le premier sac. Un vieillard. Il leva des yeux tristes sur elle, l'air lassé, comme s'il s'était résigné au sort qui l'attendait.

Le deuxième sac fut enlevé. Un enfant. Daphné crut défaillir. La peur était la seule chose qu'elle lisait dans ces grands yeux à peine jaunes. Le petit était terrorisé. Dans le public, quelqu'un laissa échapper un petit cri aigu et étouffé. La jeune femme ferma les yeux un instant. Elle était certaine qu'il s'agissait de la mère de cet enfant, du moins, c'était ce que son esprit faisait tourner en boucle dans sa tête.

Et enfin, le troisième. Daphné se figea. C'était impossible, elle avait vu les chevaliers aux côtés du Seigneur, elle les avait énumérés dans son esprit au fur et à mesure qu'ils étaient apparus. Karsten, Cale, Marcus et... Harden avait été absent. Parce qu'il avait été capturé pour l'épreuve. Et il se trouvait là, agenouillé devant elle, tentant de la rassurer avec un sourire. Mais elle était complètement tétanisée.

Elle se mit à réfléchir à toute vitesse, pensant à ce que chacun pourrait représenter. Le vieillard... ce devait être le savoir et sa transmission. L'enfant, la jeunesse ? Non, l'avenir. Et Harden... le guerrier défendant les plus faibles.