Chapitre 60

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AGNAR

Agnar heurta un tronc d'arbre mort qui se brisa sous son poids et retomba dans la cendre. Il lui fallut quelques secondes avant de reprendre ses esprits. Il se mit à tousser, respirant le nuage de cendres qui s'était formé autour de lui. Au loin, le cri du monstre résonna.

Il se remit soudainement sur pieds. Daphné les avait repoussés et était restée avec la bête. Son cœur se mit à battre la chamade et son estomac se serra. Avait-elle eu le temps de Voyager ? Ou de lever un bouclier ? Ou avait-elle privilégié leur sécurité avant la sienne.

Il ne pouvait enlever de son esprit cette expression de terreur pure que la jeune femme arborait à la vue du serpent. Il était certain qu'elle voyait des choses qui lui étaient inaccessibles. Il avait essayé de la rassurer mais lui-même n'avait pas été convaincu par ses propres paroles.

« Agnar ! Est-ce que tout va bien ? »

Karsten apparut dans son champ de vision, le visage et l'armure remplis de cendres.

« Juste un peu sonné. Comment vont les autres ?

–Cale, Harden et Dunlá s'occupent de leur faire rejoindre la frontière. Nous devons y aller aussi. »

Son ami le tira par le bras mais il se dégagea de sa poigne en se tournant vers l'imposante forme qui se détachait du brouillard.

« Où est Daphné ? Demanda-t-il en ne cachant pas son inquiétude. »

Karsten baissa les yeux et un air triste passa sur son visage, presque imperceptiblement. Le cœur d'Agnar se serra encore plus.

« Elle n'était pas avec nous. J'ai juste eu le temps de voir la bête se jeter sur elle. »

La panique prit possession d'Agnar. Non, Daphné avait dû trouver une solution. Il ne pouvait pas en être autrement.

« Bianca ! »

Le hurlement de rage de la bête résonna dans tout l'espace, heurtant Agnar d'une telle violence que la peur l'immobilisa un instant. Puis il reprit ses esprits. Si le serpent appelait Bianca alors Daphné était encore en vie.

Agnar se précipita en avant.

« Agnar, non ! »

Il ignora Karsten et couru droit devant lui, à l'aveugle, suivant le corps du monstre qui se détachait du brouillard. Épée en main, il était prêt à combattre et à emmener Daphné loin d'ici. Il ne partirait pas sans elle.

Il s'arrêta net en apercevant une silhouette alors que le brouillard et le nuage de cendre se dissipait. Une femme aux longs cheveux bruns lui tournait le dos, des épées jumelles entourées de flammes violettes dans les mains et une armure qu'il n'avait jamais vu auparavant, semblant être forgée par les anciens Dieux dans un acier prélevé des cieux. Une tunique violette se détachait et volait derrière elle alors qu'aucun vent ne s'était levé.

Elle tourna légèrement la tête vers lui et ses yeux étincelèrent. C'était bel et bien le visage de Daphné mais l'expression qu'elle arborait n'était pas la sienne et semblait modifier tout son visage. Une seule mèche blonde, du même blond unique que celui de la chevelure de Daphné, se détachait du reste de ses cheveux.

Daphné était encore là quelque part mais c'était Bianca qui se tenait entre lui et la bête et il sentait émaner d'elle une puissance qui n'avait pas d'égale et qui semblait vouloir l'écraser. D'instinct, il baissa les yeux.

« Trois mille ans c'est en effet long, s'exclama-t-elle d'un air arrogant et d'une voix qui n'était pas celle de Daphné. Sais-tu ce que j'ai fais de ces trois mille ans ? Je suis restée enfermée dans une autre dimension, éternellement seule moi aussi.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now