Chapitre 9

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Daphné se cramponnait au dossier d'une chaise alors que Dunlá laçait son corsage de sorte à ce que sa poitrine ressorte plus que d'ordinaire et que sa taille paraisse plus fine.

« Bon, lança la guérisseuse, récapitulons une dernière fois. Ne prend la parole que si le Seigneur te pose une question. Si un invité le fait, il répondra à ta place. Si le Seigneur te demande quelque chose, fais-le immédiatement avec un sourire niait, presque amoureux. Sinon, reste à ta place et ne quitte ton poste sous aucun prétexte. Pour le reste, suis les instructions que t'a donné le Seigneur l'autre jour. Tout ira bien, tu verras. »

La mage acquiesça. Elle ne pouvait s'empêcher de se sentir nerveuse mais travaillait sur sa respiration pour ne rien laisser paraître.

« Surtout, continua Annabelle en se parfumant devant la coiffeuse, prépare-toi à ce que tous les hommes de la délégation te reluquent comme ils le feraient avec une prostituée. Parce qu'à leurs yeux c'est ce que nous sommes. Moi ce que je fais quand je croise le regard d'un de nos invités, je lui accorde un clin d'œil ou un sourire enjôleur.

–Ou ignore-les tout simplement, répliqua Tori en attachant un bracelet à son poignet, c'est le mieux à faire.

–Oui mais ma solution reflète bien plus la réaction d'une concubine ! Rétorqua Annabelle. Autre astuce pour toi Daphné. Tu peux passer lentement un doigt dans ton corsage pour simuler le fait que tu aies chaud, ça a son petit effet. Tu peux jouer avec une mèche de cheveux aussi.

–Dame Annabelle, gronda madame Baralot alors qu'elle attachait un collier dans le cou de Maxie, ne bassinez pas Dame Daphné avec vos techniques de séduction, elle sera concentrée à autre chose durant l'entrevue. »

Annabelle leva les yeux au ciel tout en mettant un peu de rouge sur ses lèvres pulpeuses. Daphné l'observa un instant. De toutes les filles du Harem, elle était certainement la plus à l'aise avec ce rôle de concubine. La robe rouge qu'elle portait faisait ressortir ses formes généreuses et était très échancrée au niveau du décolleté. Ses bijoux dorés réhaussaient son teint bronzé.

Lio, assise sur un meuble, affutait distraitement une tête de flèche, tout en gardant un œil sur ses camarades et surtout sur leurs robes. Elle leva la tête lorsque Fosca fit son entrée dans la pièce par l'escalier de service. Pour la première fois que Daphné la connaissait, elle la voyait sans son voile. Ses cheveux mi-longs châtains avaient été ramené en arrière et tenaient grâce à deux larges peignes en argent de chaque côté de sa tête.

« Avez-vous suffisamment prié Dame Fosca ? L'interrogea la gouvernante en s'approchant pour vérifier que tout dans sa robe était en ordre.

–Largement, je vous remercie madame Baralot. Je vais pouvoir camoufler correctement la magie de Daphné. »

La gouvernante hocha la tête puis se pencha pour faire bouffer les jupes de la bénisseuse. Dunlá, elle, se releva après avoir fait la même chose avec celles de Daphné. Les cheveux roux de la guérisseuse brillaient bien plus que d'habitude et la mage se demandait ce qu'elle faisait pour qu'ils soient aussi beaux.

« Daphné ? Fit Annabelle. Tu as dit que la missive du Seigneur était signée par qui déjà ?

–La Guêpe. »

La voyante grimaça et simula un frisson.

« Ce qui veut dire que Petra n'est pas loin et qu'elle va peut-être passer quelques nuits ici avant de repartir pour le Seigneur.

–Arrête dont ton cirque, maugréa Tori, si Petra vient vivre quelques jours avec nous ce ne sera pas un drame.

–Parle pour toi ! Elle t'apprécie presque autant que toi tu l'affectionnes. Mais moi elle me fiche les jetons. Comme les trois autres. »

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now