Comme un pétale de rose

Chapitre 83

Après avoir Voyagé toute la nuit vers le sud de l'empire, Daphné atterrit en milieu de matinée aux abords du village de forgerons que Bianca lui avait montré. À la différence que le village ressemblait à présent davantage à une ville. Les premières maisons à l'entrée de la ville étaient anciennes et de pleins pieds, aux murs de pierre et au toit de chaume. Les maisons du village original, selon Bianca.

Mais plus Daphné avançait, plus les maisons prenaient de la hauteur et ressemblaient à l'architecture des bâtiments actuels de l'empire, en pierre gris clair et au toit en tuile. Les rues pavées étaient déjà bien remplies, malgré le froid du matin. La jeune femme resserra sa prise autour de la lanière de sa sacoche, contenant la couronne volée.

Elle traversa le marché animé, où les marchands tentaient de vendre des armes, des bijoux, des meubles ou encore de la viande, du poisson et des fruits. Elle jetait quelques coups d'œil sur les étals, attirée par la beauté de certains colliers détaillés et sertis de pierres précieuses, le tout bercée par les discussions des habitants et le martèlement des marteaux sur le fer au loin.

Au fur et à mesure qu'elle avançait, Bianca lui racontait quelques anecdotes, un peu datées. Mais elle sentait que ça lui faisait plaisir de ressasser le passé, un passé qui était bien lointain mais qui lui semblait si proche.

Caius s'était installé dans cet endroit qui n'était qu'un champ pour y construire une maison pour sa femme et son fils et une forge pour qu'il puisse travailler ses œuvres. Rapidement, des étrangers leur ont demandé de l'aide et ils ont décidé de leur offrir une nouvelle vie, le père de famille devenant l'apprenti de Caius, et en leur bâtissant une maison proche de la leur. Et ils ont fait ça pour de nombreux foyer. Rapidement un village est né, avec plusieurs forges car celle de Caius devenait trop petite pour toute la charge de travail.

Ethel est venue vers lui quelques années plus tard. Ils s'étaient séparés afin de se donner une chance de fonder une famille chacun de leur côté, ils le font à chaque fois. Mais le mari d'Ethel avait été tué et elle s'est retrouvée seule avec trois enfants. Caius lui a tendu la main, une fois de plus, et a décidé qu'elle et les petits vivraient avec lui et sa propre famille. Ethel a fondé une école ici, et a commencé à enseigner aux enfants du village. Caius, lui, continuait à forger des armes puissantes qu'il infusait avec sa magie. C'est dans cette petite forge-là que je lui avais rendu visite pour créer la couronne. J'avais passé quelques jours avec sa femme et son fils.

Quand Ian est mort et que... tu sais ce que j'ai fait, mes frères et sœur se sont réunis pour m'affronter. Caius a tenu à ce que son fils, parfaitement en état de se battre, reste au village si jamais quelque chose venait à lui arriver, afin que son art de la forge perdure. Ethel a aussi tenu à ce que ses enfants restent également ici. Seuls les quatre fils de Darren et l'une des filles d'Arlequin leur ont prêté main forte. Enfin bon.

Après ma mort, Caius s'est retiré dans son village et a plus ou moins arrêté de forger, parce qu'il avait déjà créé trop d'armes puissantes et que plus ne seraient que néfastes pour l'humanité, mais aussi pour gérer Ethel qui a sombré dans la folie, grandement à cause de moi. Ethel considère ses créatures comme ses propres enfants et sont une partie d'elle-même. J'en ai tué beaucoup lors de cette bataille et elle a complètement perdu la tête. Ses deux filles ont repris l'enseignement à l'école tandis que son fils est parti à la Tour pour demander l'aide d'Arlequin. Le fils de Caius a repris le travail de son père et a perpétué cet art. Mon frère a continué à prendre soin d'Ethel jusqu'à ce qu'Arlequin décide que son état ne pourrait s'améliorer et qu'il allait même s'empirer. Arlequin, contre l'avis de Caius, a provoqué la mort de notre sœur. Caius s'est battu contre Arlequin et l'a grièvement blessé, ce qui est à présent la raison pour laquelle notre aîné reste enfermé dans la Tour dans la majorité de ses vies.