Épilogue

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Daphné arrêta sa monture à l'entrée du village, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Agnar le remarqua et l'imita, les sourcils froncés.

« Tout va bien ? »

Elle n'en savait rien. Tellement de choses s'étaient passées depuis qu'elle avait quitté cet endroit, il lui paraissait être partie depuis une éternité. Et pourtant, un an à peine s'était écoulé. Un an depuis ce fameux soir où elle n'avait pas regardé par-dessus son épaule avant de faire revivre une fleur. Un an depuis que sa maison avait été brûlée. Un an depuis son arrestation, son emprisonnement et la torture qu'elle y avait subi. Un an depuis l'arrivée d'Agnar dans sa vie.

Un an plus tôt, elle avait emprunté cette route pour sortir du village pour la première fois. Elle se souvenait avoir lâché une larme, de tristesse ou de soulagement ? Elle ne s'en souvenait pas. Et aujourd'hui, elle y revenait, la tête haute, fière de ce qu'elle avait accompli.

« Je vais bien, assura-t-elle. Je n'ai jamais été aussi bien. »

Elle lui sourit et fit avancer sa jument vers l'entrée du village.

Rien n'avait changé. Les maisons étaient toujours les mêmes. Ils passèrent devant les petits commerces qu'elle avait l'habitude de fréquenter. Et au loin, des enfants couraient sur la place, autour de la fontaine. Qu'elle était cette chanson que les enfants chantaient autrefois tandis qu'elle les regardait jouer sans elle ?

Un, deux, trois, si tu ne cours pas tu ne gagneras pas...

Elle sourit de nouveau, une pointe de nostalgie dans le regard.

Des têtes se tournèrent sur leur passage, des visages aux expressions stupéfaites. Certains s'inclinaient en les reconnaissant, d'autres étaient beaucoup trop choqués pour réagir.

Agnar avait été couronné empereur deux semaines plus tôt, la peinture de Daphné posant officiellement la couronne sur sa tête avait été publié dans tous les journaux de l'empire, qui fêtait encore le couronnement de leur nouvel empereur.

Et durant le banquet qui avait suivi, Agnat avait fait plusieurs annonces. Il léguait le duché d'Avisir à Dunlá dans le but que le château serve de maison à toutes les femmes qui étaient dans le besoin. La loi sur la traque des mages était abolie, tous les mages étaient à présent les bienvenus au sein de l'empire et la profession de Chasseurs de mages était à présent illégale. Et enfin, il avait officiellement demandé la main de Daphné, devant tous les amis, leurs alliés et la cour.

« J'ai tenu ma promesse de t'offrir une véritable bague, lui avait-il glissé. »

La grossesse de Daphné avait aussi été annoncée, en même temps que leur mariage officieux, afin de garantir la légitimité du bébé. Et elle n'oublierait jamais l'expression de leurs amis face à la nouvelle. Un ménage de surprise et de joie intense. Annabelle et Maxine lui avait sauté dessus, au même titre que Cale, Karsten et Harden sur Agnar.

Daphné stoppa sa monture sur la place et mit pied à terre, en lissant sa jupe. Agnar fit de même et s'empara des rênes de leurs deux chevaux, pour lui laisser le champ libre.

Les enfants cessèrent de jouer et les observèrent d'un air méfiant. La plupart ne devaient pas se souvenir de qui elle était, de qui ils étaient tous les deux. Elle leur adressa un sourire lumineux avant de se diriger vers le petit commerce qui avait été sa boutique, et celle de ses parents.

Personne ne l'avait repris depuis son départ. Les vitrines avaient été brisées et sécurisées avec des planches en bois. Elle leva la tête vers l'enseigne et son cœur se serra en lisant le nom, qui, malgré son mauvais état, restait lisible.

Comme un pétale de roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant