Comme un pétale de rose

Chapitre 72

Daphné suivit Agnar à la hâte. Ils avaient à peine eu le temps de se remettre de leur discussion avec les parents de Lio qu'ils se retrouvaient déjà à courir partout. Mais ce qui inquiétait la jeune femme était de savoir que Tahia n'était revenue qu'avec seulement quelques hommes, alors qu'elle était partie chercher une armée. Quelque chose s'était passé, quelque chose de grave.

Et surtout, qui était cette Aemma Ingsen ? Elle était certaine d'avoir entendu ce nom quelque part. Peut-être que ses clients lui en avaient parlé. Elle aurait pu chercher la réponse dans l'esprit d'Agnar, Bianca la poussait à le faire, mais elle n'était toujours pas à l'aise à l'idée de s'introduire dans les pensées d'autrui. Surtout qu'elle allait bientôt avoir sa réponse.

Même si elle restait méfiante vis-à-vis de la situation, Daphné avait rapidement modifié son bouclier pour laisser passer les quelques nouveaux arrivants. Ils ne savaient peut-être pas ce qu'il se passait mais ils étaient sûrs d'une chose, Tahia était de retour.

Ils arrivèrent rapidement aux pieds des remparts. Devant la grande porte, quelques sentinelles discutaient avec trois hommes et une femme, dont l'aura transpirait la colère.

« Comment ça vous ne pouvez rien faire sans l'accord du Seigneur ? Bon sang mais vous êtes des soldats ou des animaux de compagnie ?

–Eh bien ! Lança Agnar en croisant les bras sur son torse. Tu nous avais habitué à davantage de poésie. »

La femme se retourna et lui lança un regard noir. Mais, alors qu'Agnar paraissait calmé et détendu, même légèrement arrogant, Daphné fut frappée par l'apparence de Tahia et des hommes qui l'accompagnaient. Ils étaient remplis de sang séché et semblaient autant fatigués qu'affamés.

« Nous n'avons pas le temps pour les plaisanteries, monseigneur, s'exclama Tahia en s'approchant, l'air aussi déterminée qu'enragée. Envoyez vos soldats à l'extérieur de ces murs, tout de suite !

–Raconte-moi d'abord ce qu'il s'est passé et ensuite j'aviserai. Pourquoi est-ce que tu ne reviens qu'avec aussi peu d'hommes ? Vous êtes tâchés de sang, es-tu blessée ? »

Tahia s'arrêta et semblait luter pour garder son sang-froid.

« Moi non, mais l'un de mes hommes a été envoyé directement à la caserne pour se faire soigner. Nous avons été attaqués. D'abord en mer puis ici, en Avisir. »

Agnar haussa les sourcils.

« Aemma Ingsen ? S'étonna-t-il.

–Non. Elle nous a plutôt sauvé la vie. Mais je vous raconterai ça plus tard. Le plus important c'est de s'occuper des soldats qui traînent sur vos terres et qui ont massacré le peu d'hommes qu'il me restait.

–Où ça ?

–Au nord. Sur la route menant au port de Sioss. »

Agnar se tourna vers les sentinelles.

« Allez chercher Karsten, faîtes-lui un résumé et demandez-lui d'envoyer des hommes enquêter. Si des soldats impériaux sont trouvés, ils doivent être tués, tous sauf un. On pourrait obtenir des informations utiles. »

Deux sentinelles acquiescèrent et disparurent.

« Amenez ces trois hommes à la caserne et donnez-leur tout ce dont ils ont besoin, reprit-il à l'attention des autres soldats. Si Dunlá n'est pas encore auprès du blessé, allez la chercher, il aura besoin de ses soins. »

Puis il baissa les yeux vers Tahia.

« Daphné, est-ce qu'elle a menti lorsqu'elle a dit qu'elle n'était pas blessée ? »