Chapitre 80

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La flèche plantée en plein dans la gorge, le seigneur y porta la main, la bouche grande ouverte dans un cri silencieux. Il fit un pas en avant, tendant son autre main vers Daphné mais une seconde flèche se ficha dans sa cuisse. Il posa un genou à terre, le sang ruisselant de ses blessures. Il tenta de parler mais seul un gazouillis guttural passa la barrière de ses lèvres. Et lorsqu'une troisième flèche s'enfonça dans sa poitrine, en plein cœur, son corps bascula vers l'arrière et heurta le sol boueux, sans vie.

Daphné s'autorisa enfin à respirer. Il était mort, définitivement mort. Et elle sentit la magie de sa promesse affluer dans son corps. Son plan avait fonctionné.

« Un traître est parmi nous ! S'égosilla un soldat. Trouvez-le, il a tué notre seigneur !

-Attrapez cette démone et son frère, c'est eux qui l'ont tué ! »

Daphné se plaça devant Fosca pour la protéger, prête à se battre. Harden dégaina son épée et les rejoignit. Tous les soldats du camp affluaient dans leur direction, armes en main pour défendre la mémoire de leur seigneur dont le corps n'était pas encore froid. Et derrière eux, Daphné remarqua un petit groupe de chevaliers portant les armures impériales.

Agnar était là, derrière. Et elle savait que c'était lui qui avait tiré les flèches, elle les avait reconnus comme les siennes, celles que Lio lui avait fabriquées.

Au loin, le combat avait déjà commencé. Les faux soldats de l'empire étaient pris pour cible. Daphné pria un instant pour que les mots rédigés dans le contrat soient justes et lui permettent de faire ce qu'elle souhaitait. Et alors, sans même étendre sa magie, elle prononça un seul mot.

« Stop. »

Les soldats des trois seigneurs assassinés se figèrent instantanément et la jeune femme ferma les yeux un instant, soulagée. Ça avait fonctionné.

Bien joué, petite.

La mage grimaça. Bianca avait décidé de se manifester à nouveau dans un tel moment, bien évidemment.

« Daphné ! »

Elle leva les yeux et les posa sur Agnar qui se frayait un chemin entre les soldats immobilisés, portant encore l'armure impériale. Elle grimaça de nouveau en voyant l'état de son aura. Il était en colère, mais elle s'y était attendue.

« Je sais ce que tu vas dire, anticipa-t-elle. C'était irréfléchi, il y aurait pu y avoir une autre solution et surtout, j'ai mis ma vie en danger alors que tu souhaitais que je fasse attention. Mais c'est tout ce que j'ai trouvé et je te jure que j'avais la situation en mains, à peu près, et il ne m'aurait... »

Il la coupa en posant soudainement ses lèvres sur les siennes. Le souffle coupé, Daphné s'accrocha à lui pour ne pas tomber en arrière. Agnar ne l'avait jamais embrassée de la sorte auparavant. Un mélange d'impatience, de frustration et de colère teintait ce baiser fougueux.

Puis il s'écarta, à bout de souffle, son torse se soulevant rapidement et son regard assombri autant par le désir cette rogne qui l'habitait. Mais il ne la lâchait pas, les mains serrées autour de ses bras, comme s'il avait peur qu'elle ne s'échappe.

« Ne ferais plus jamais ça, souffla-t-il, même pour m'aider. Je veux bien accepter que tu te mettes en danger mais pas ça Daphné. Pas le mariage. »

La jeune femme se détendit et posa sur lui un regard tendre.

« Cet homme n'était pas voué à rester en vie, répondit-elle doucement. Je n'aurais pas tenté le diable si je n'avais pas été sûre de moi.

–Peu importe. Te voir prononcer tes vœux pour un autre homme... Plus jamais, je ne le supporterai pas. C'est sans doute égoïste mais je refuse que tu prononces ces mots à quelqu'un d'autre que moi. »

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now