Chapitre 40

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Daphné s'était réveillée de mauvaise humeur ce matin-là, s'étant préparée en vitesse pour n'avoir à croiser personne. Elle n'était même pas passée par la salle à manger pour le petit déjeuner, préférant piquer un fruit en cuisine pour sortir par la porte de service. Elle avait réussi à faire voleter ses livres derrière elle et à faire en sorte qu'ils la suivent, pour ne pas être gênée.

En sortant de la cour arrière, animée par des poules, une jeune femme passant le balai sur les pavés et une autre étendant du linge, elle s'arrêta. Elle devait trouver un endroit où elle était sûre de ne croiser personne. Les chevaliers allaient certainement rester à la caserne ou aider avec les réparations des remparts, le Seigneur y serait également pour y constater les dégâts, Dunlá devait déjà être avec les blessés, Maxine s'enfermerait dans son laboratoire pour la journée, Fosca dans la chapelle puis la bibliothèque et Lio allait certainement faire le mur. Restaient Annabelle, qui irait certainement à la rencontre du prince de Qisa pour lui faire visiter le domaine, Laurel qui resterait peut-être avec eux et Tori qui allait fureter un peu partout, comme à son habitude. Mais sans doute que le Seigneur lui avait demandé de garder un œil sur le prince. À elle et non à Daphné finalement.

La mage soupira. Elle n'avait toujours pas digéré cette déception. Elle se répétait que le Seigneur était bien assez occupé mais... il lui avait promis.

Elle secoua la tête et s'attela à trouver un endroit calme et peu fréquenté. Elle s'aventura sur l'allée menant à la chapelle, contourna le bâtiment et se fraya un chemin parmi les arbres et buisson, plus sauvages qu'ailleurs dans les jardins. Elle déboucha sur un petit étang au milieu des frênes et des hêtres.

Peu de gens s'aventuraient jusqu'ici, peut-être que Lio passait par cet endroit pour s'échapper. Daphné leva les yeux et regarda entre les feuillages pour apercevoir quelques morceaux du mur d'enceinte. Des libellules volaient paisiblement au-dessus de l'eau et des quelques poissons qui y nageaient, un papillon passait de fleurs en fleurs et une grenouille chantait quelque part, sans que la jeune femme n'arrive à la voir.

Elle décida alors de s'installer ici, certaine qu'elle ne serait pas dérangée. Elle profita un moment de ce calme alors que le soleil continuait à se lever, puis elle s'empara des carnets de Diane pour les feuilleter. Elle s'arrêta sur les pages parlant de bouclier, chercha dans les autres livres racontant des légendes sur les mages quelques histoires qui pourraient l'aider à créer une bulle assez grande et puissante pour protéger le château et ses habitants. Elle passa toute sa matinée à ça, à lire et à lever de faibles boucliers autour des plantes environnantes.

Lorsque les bruits que faisait son ventre se mirent à l'empêcher de travailler, elle referma tous les ouvrages et contempla de nouveau le paysage. L'air était frais à l'ombre ses arbres, les rayons du soleil tapaient contre la surface de l'eau, les libellules et la grenouille étaient toujours là mais le papillon avait abandonné les fleurs.

« Je me demandais pourquoi je ne vous avais pas croisé ce matin, vous vous cachiez ici. »

Daphné sursauta et des fleurs apparurent autour d'elle. Le prince Taahir les regarda avec fascination alors que la mage se relevait maladroitement, époussetant ses jupes.

« Vôtre Altesse, je ne vous ai pas senti arriver. N'étiez-vous pas supposé faire un tour du domaine avec Annabelle ? »

Le prince reporta son attention sur elle, lui sourit, puis tourna la tête vers l'étang, s'en approchant pour le contempler.

« C'est ce que nous avons fait ce matin, en effet. Annabelle a été de très bonne compagnie et la propriété du duc est fort agréable, bien que différente de ce à quoi je suis habitué.

Comme un pétale de roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant