Chapitre 14

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« Monsieur le duc, tout va bien ? »

Daphné n'osait plus bouger alors que les gardes tambourinaient de nouveau à la porte. Elle réfléchissait à toute allure pour trouver une solution. Utiliser pour la première fois un sort laissait une odeur de magie plus forte que d'ordinaire, elle le savait, mais elle n'avait pas anticipé le fait que des gardes pouvaient écouter aux portes.

« Oui tout va bien, répondit le Seigneur en tentant de camoufler son trouble, laissez-moi un instant. »

La jeune femme eut alors une idée. Elle enleva ses chaussures à la hâte, les balançant au travers de la pièce, si bien que l'une d'elle faillit heurter le Seigneur, et défit le corsage de sa robe.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

Elle leva la tête vers le duc alors qu'elle laissait tomber sa robe sur le sol, ignorant la chaleur soudaine qui traversait son corps. Elle savait qu'elle était devenue rouge pivoine. Il ne restait sur elle que son corset et sa chemise s'arrêtant aux genoux.

« Je nous trouve une excuse. »

Elle se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit en grand, puis elle descendit les bretelles de sa chemise pour les enlever et les coincer dans le corset, dénudant ainsi ses épaules.

« Vous devriez enlever votre pourpoint, suggéra-t-elle en tâchant de ne pas paraître trop gênée, et arranger votre chemise comme si vous aviez dû la remettre à la hâte. »

Elle ne se préoccupa pas de savoir s'il le faisait ou non et se mit à chercher quelque chose de coupant. Elle avait le choix entre les morceaux de verre par terre et la dague du Seigneur posée sur la table. Elle choisit la deuxième option, se saisit de l'arme, jeta un coup d'œil vers le Seigneur qui était en train d'ébouriffer ses cheveux, puis elle souleva l'arrière de sa chemise et fit une longue coupure nette en-dessous de sa fesse, lui arrachant une vilaine grimace.

« Daphné ! »

Le Seigneur fit un pas vers elle mais elle balança l'arme tâchée de sang frais dans un tiroir, la cachant sous des vêtements, et se dirigea vers le lit en boitant. Elle ménageait toutes ses forces pour empêcher la magie de soigner la blessure. Elle tira ensuite le drap blanc du lit et l'enroula autour d'elle de sorte à donner l'illusion qu'elle fut nue en dessous, s'arrangeant pour ne pas que le corset et de chemise ne se voient. Elle appuya ensuite sur le drap au niveau de sa blessure pour le tâcher de sang puis décoiffa ses cheveux avant de se regarde un instant dans le miroir. La tache de sang était au parfait endroit et continuait à s'étendre, et elle avait l'air d'une concubine surprise au lit avec son amant. Parfait.

Elle s'autorisa enfin à regarder le Seigneur qui semblait plus qu'inquiet en voyant la quantité de sang qu'elle perdait. Ses cheveux d'ébène lui retombaient sur le visage, sa chemise était entre-ouverte jusqu'à son ventre. Si Daphné n'avait pas déjà été rouge pivoine, elle aurait viré au cramoisi en moins de temps qu'il faut pour le dire.

Les gardes frappèrent si violemment à la porte que la jeune femme sursauta et marcha sans faire exprès dans les morceaux de verre, écorchant ses pieds.

« Monseigneur, si vous n'ouvrez pas tout de suite nous entrerons sans votre permission. Ceci est notre dernier avertissement. »

Daphné huma l'air. L'odeur de la magie était étouffée par celle du sang et celles provenant de l'extérieur. Elle espérait simplement que les soldats de l'impératrice n'avaient pas l'odorat aussi affuté que Lio.

« Allez-y, murmura-t-elle à l'attention du Seigneur et en enlevant un bout de verre de la plante de son pied. Ne vous inquiétez pas pour moi. »

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now