Chapitre 88

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Daphné passa la première tente de leur campement. Les regards se tournèrent vers elle. Son apparence, avec ses vêtements tâchés de sang et ses mains remplies de terre, était sans doute ce qui poussait les soldats à chuchoter entre eux.

Elle ne leur accorda pas un regard, à la recherche d'une bassine d'eau pour se laver. Elle était épuisée, à force de creuser, de pleurer et d'utiliser sa magie. Elle n'avait qu'une envie : se laisser tomber dans son lit et dormir pendant une journée entière. Mais elle voulait s'assurer que Cale allait bien. Et qu'Agnar ne perdait pas la tête.

Ce fut proche de sa tente qu'elle trouva un seau rempli d'eau, posé sur un tabouret en bois. Elle plongea les mains dedans, ignora le froid qui s'insinuait sous la peau, et commença à frotter. Du sang s'était mélangé à la terre et s'accrochait, s'était calé sous ses ongles. L'habitude lui fit répéter les mêmes mouvements qu'elle effectuait régulièrement à la boutique, après avoir rempoté quelques fleurs.

« Vous êtes de retour madame, nous commencions à nous demander si vous n'aviez pas déserté. »

Ses cheveux se hérissèrent dans sa nuque et elle serra les mâchoires. Forcément, c'était lorsqu'elle souhaitait rester seule que le seigneur Ackton avait décidé de se manifester.

« Je sens comme une pointe de déception dans votre voix, monseigneur, lança-t-elle d'un ton égal, trop fatiguée pour lui montrer la moindre émotion.

–Comment pourrais-je être déçu ? Répliqua-t-il, une pointe d'ironie dans la voix. Sans vous nous ne sommes rien. »

Elle sortit les mains de l'eau, pas tout à fait propres, et se tourna vers lui. Il portait encore son armure qu'elle trouvait beaucoup trop propre à son goût. Et il était flanqué de quatre soldats, dont Edouard qui la détaillait de haut en bas, l'air ahuri.

« Je ne suis pas d'humeur à supporter vos sous-entendu Ackton, alors faîtes-moi plaisir et allez trouver une autre cible. »

Il leva les mains, comme pour montrer patte blanche. Le regard de Daphné s'arrêta sur la marque qu'il portait à la paume depuis la promesse qu'il avait soumise.

« Je souhaitais simplement m'assurer que vous alliez bien. »

Elle plissa les yeux, pas du tout convaincue.

« Épargnez-moi votre fausse affection, cracha-t-elle. Nous avons tous les deux autre chose à faire que de s'échanger quelques politesses non sincères. »

Le visage d'Ackton se ferma soudainement.

« Bien, je suppose que je dois continuer à me contenter de me soumettre à vos ordres, madame. »

Il tourna les talons et donna l'ordre à ses hommes de le suivre jusqu'à sa tente. Edouard sembla hésiter un instant. Daphné croisa son regard et il se détourna rapidement, comme gêné, avant de suivre ses camarades.

La jeune femme soupira et entreprit de retirer le reste de terre et de sang qui restaient collé à ses mains et ses bras. Puis elle jeta un coup d'œil à ses vêtements, dégoutée. Une bonne partie de sa tunique était déchirée et salie et le cuir de ses bottes était imprégné d'eau. Elle pouvait les jeter.

Elle se dirigea ensuite vers la tente de Dunlá dans laquelle elle sentait la présence de Cale. Elle rentra doucement et trouva la guérisseuse assise au chevet du chevalier, serrant sa main contre elle. Cale était plongé dans un sommeil qui semblait tout sauf paisible. Des gouttes de sueur perlaient sur son front plissé et sa respiration était irrégulière.

« Dunlá ? »

Daphné posa précautionneusement sa main sur l'épaule de son amie

« Il a de la fièvre, déclara-t-elle avant même que la mage ne lui pose la question. Je n'arrive pas à la faire tomber. »

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