Chapitre 98

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Daphné se tenait au sommet d'une colline surplombant un paysage dévasté. Le ciel était obscurci par des nuages sombres tourbillonnants, annonçant l'approche imminente de quelque chose de terrible. Les tambours de guerre résonnaient au loin, remplissant l'air d'une tension palpable. Ses doigts effleuraient la garde de son épée, fixée à sa hanche.

Les forces de l'empire avaient déjà ravagé ce qui allait être leur champ de bataille, dégageant une plaine autour des remparts de Goria. Une odeur de brûlé régnait sur les lieux et de minces filets de fumée remontaient depuis une terre meurtrie.

Derrière elle, leurs hommes se tenaient prêts, chacun d'entre eux affichant un mélange d'excitation et de nervosité sur leur visage. Les bannières d'Avisir, d'Orlimar, de Neressac et de Qisa battaient dans l'air.

Daphné leva les yeux vers le ciel sombre, son regard se posant sur la fumée qui dansait parmi les nuages. Cette bataille serait décisive. Seules deux solutions s'offraient à eux. Mourir ou gagner.

Un vent froid s'éleva, agitant les cheveux tressés de Daphné et faisant frissonner quelques chevaliers C'était un moment crucial, le point culminant de la quête d'Agnar. Les amis et les êtres chers qu'ils avaient perdus en cours de route semblaient les observer depuis les étoiles, leur rappelant le poids de leur responsabilité.

Daphné ferma les yeux, cherchant la concentration dans le chaos qui l'entourait déjà. Elle sentit les énergies magiques affluer en elle, comme une rivière impétueuse prête à déferler. Elle visualisa une barrière de protection entourant son groupe, renforçant leur détermination et repoussant les forces obscures.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, une lueur d'assurance brilla dans son regard.

Elle tourna la tête et observa un instant Agnar. Sa concentration restait rivée sur la ligne de soldats qui se détachait au loin, portant fièrement les bannières de l'empire et de leurs alliés. Trop. Il y en avait beaucoup trop. Ignacia avait été parfaite pour négocier des alliances, on ne pouvait le lui retirer.

Daphné fit un pas vers lui et leurs mains se frôlèrent.

« Aujourd'hui, je cesse d'être un paria, souffla-t-il. Ce soir je serai soit mort, soir empereur. »

Elle ouvrit la bouche pour lui répondre mais un mouvement devant eux attira son attention. Au centre des forces ennemies parfaitement rangées, une allée se forma pour laisser passer quelques cavaliers. Agnar se figea en se rendant compte de qui il s'agissait, et le cœur de Daphné se serra.

Theresius.

« Que fait-il là ? Pesta le duc d'Orlimar en avançant sa propre monture à leur hauteur. Il était supposé rester au palais. »

Agnar serra les poings et son armure tinta sous le mouvement.

« Il faut croire qu'ils ont réussi à l'en sortir.

–Quels sont vos ordres le concernant ? S'enquit le prince Taahir. »

Agnar laissa planer un long silence. Son esprit semblait en ébullition et son aura était plus trouble que jamais.

« Ne le touchez pas. Laissez-le en vie. »

Les cavaliers s'arrêtèrent à l'avant de la première ligne. Theresius portait une armure flamboyante à la cape bleue, le bleu de l'empire. Et à ses côtés, les hommes que Daphné identifia comme ses ministres, portaient des armures tout aussi polies.

« Gaian n'est toujours pas là, fit remarquer Karsten.

–Restez vigilants, les avertis Agnar. Il doit bien se cacher quelque part. »

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now