Chapitre 43

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« Daphné, lève donc la tête de ces carnets. »

Dunlá passa à côté d'elle dans les escaliers, portant du matériel médical dans une caisse.

« On dirait presque Fosca lorsqu'elle lit une scène torride dans l'un de ses romans d'amour, ajouta Annabelle depuis le bas des marches. »

L'ancienne religieuse leva les yeux au ciel.

« Quoi ? Lança la voyante. On sait très bien que ton vœu de chasteté ne t'empêche pas de lire ce genre de choses.

–Tout comme ton contrat ne t'empêche pas de sortir en douce tous les soirs, rétorqua Fosca. »

Annabelle lui sauta dessus et plaqua sa main sur la bouche de son amie, regardant tout autour d'elle, l'air alerte. Cette scène en ferait presque oublier à Daphné ce qu'elle faisait.

« Qu'est-ce que tu cherches aussi désespérément au juste dans ces trucs ? Lui demanda Dunlá en donnant sa caisse à l'un des domestiques pour qu'il puisse terminer de charger les chariots. »

Daphné haussa les épaules et s'arrêta sur la dernière marche pour tourner une énième page.

« Des runes, répondit-elle simplement, concentrée dans sa lecture.

–Des runes ? Répéta la guérisseuse. J'en ai vu tout à l'heure en passant à côté de toi, ça n'était pas ça ?

–Non, ce que tu as vu devaient être des runes de rituel. Moi je cherche un genre d'alphabet dont on aurait pu se servir autrefois. »

En ramenant la toile de Diane dans sa chambre, Daphné s'était rendue compte que des inscriptions avaient été laissées au dos, inscrites dans un langage qu'elle ne connaissait pas. Elle avait d'abord pensé qu'il s'agissait de runes qui pourraient l'aider à effectuer un sort, mais en parcourant toutes celles que contenaient les carnets de Diane presque toute la nuit, elle avait été forcée de constater qu'elle faisait erreur, rien ne coïncidait. Alors elle s'était rangée derrière son autre théorie. Il s'agissait d'un ancien langage, peut-être celui parlé par certains mages des siècles auparavant.

Daphné était certaine que Diane n'avait pas laissé ces inscriptions par hasard, elles avaient un sens, encore fallait-il le trouver. Et malgré ses nombreuses relectures des carnets et du peu de livres qu'elle avait en sa possession, elle n'avait encore rien trouvé. Mais elle ne comptait pas abandonner aussi facilement. La peinture de Diane était déjà assez étrange, les inscriptions devaient lui être destinées, à elle seule. Et Daphné espérait qu'il s'agisse de la solution pour remporter la victoire.

« Fosca pourra peut-être t'aider, fit Dunlá, la sortant de ses pensées. On leur apprend toutes sortes de langages dans les couvents alors qui sait ? Peut-être qu'elle t'épargnera des heures de recherches. »

La guérisseuse se tourna vers Fosca qui se faisait encore réprimander par Annabelle. Dunlá grimaça.

« Enfin je suppose que tu pourras le faire lorsque dame Annabelle aura terminé son laïus. Mais tu peux aussi demander au Seigneur, il a peut-être appris ça avec son précepteur à la cour. Mais là encore j'ai bien peur que tu doives attendre. Maxie est en train de négocier avec lui pour emporter son matériel et elle ne le lâchera pas tant qu'il n'aura pas cédé. »

C'est à ce moment-là que Maxine ouvrit grand la porte d'entrée, avançant à reculons.

« Oui monseigneur ! S'exclama-t-elle. Je vous promets de ne prendre que le strict minimum. Croix de bois, croix de fer, si je mens j'irai en enfer ! »

Daphné remarqua ses doigts croisés dans son dos. L'alchimiste referma alors la porte et se rua vers Annabelle pour saisir ses mains.

« Annabelle, va faire diversion auprès du Seigneur, il ne faut pas qu'il me voit charger le chariot avec presque tout mon matériel. »

Comme un pétale de roseTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang