Chapitre 77

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Daphné observait attentivement les Chevaliers Noirs effectuer les derniers préparatifs pour le départ.

« Nous allons devoir nous séparer, avait annoncé Agnar lors de leur récente réunion. Nous n'avons pas le choix, les deux campements sont à l'opposé l'un de l'autre. »

Tous deux proches de la frontière, trop proches, Laurel et Tahia leur avaient fourni les informations nécessaires pour qu'ils puissent s'organiser. Et Daphné avait lu les deux missives assez de fois pour être sûre d'elle.

« Laisse-moi m'occuper de l'un des camps, avait-elle demandé. Je suis parfaitement capable de le faire. »

Agnar avait secoué la tête.

« Pas seule, il en est hors de question.

–Je l'accompagnerai, avait déclaré Tori. J'assurerai ses arrières. »

Agnar avait fini par accepter, parce qu'il savait qu'il pouvait leur faire confiance à toutes les deux, et qu'il était parfaitement conscient de la puissance de la mage.

Ainsi, leur plan avait été décidé. Daphné et Tori s'en iraient pour le campement le plus proche du leur, Agnar emmènerait son équipe avec Karsten, Cale, Harden, Dunlá, Maxine et la majorité des Chevaliers Noirs au second. Le Seigneur Ackton garderait leur camp avec ses propres soldats, et quelques Chevaliers Noirs qui resteraient pour veiller sur Fosca, Annabelle et Nour.

Daphné nota la présence du seigneur Ackton non loin qui ne perdait pas une miette des préparatifs. Sa main marquée par la magie était gantée. L'un de ses hommes se pencha vers lui pour lui glisser quelques mots et Ackton tourna la tête vers la jeune femme qui se retient de souffler lorsqu'elle le vit avancer vers elle.

« Préparez-vous aussi votre départ, madame ? S'enquit-il en croisant les mains derrière le dos.

–Je n'ai pas grand-chose à préparer, répondit-elle sans même le regarder. Je vais utiliser la magie pour nous déplacer, nous serons revenues rapidement.

–Quand comptez-vous partir ? »

Elle lui lança un regard en coin. Il ne cachait même pas son envie de la voir s'en aller.

« Demain dans la matinée. »

Il acquiesça et Daphné espérait qu'il s'arrêterait là. Mais il resta à côté d'elle.

« J'ai entendu parler de ce que vous avez fait à mes hommes hier, reprit-il. Un bien bel exploit.

–Je n'ai fait que soigner des hommes blessés depuis bien trop longtemps, puisque vous ne sembliez pas vous en inquiéter.

–Tant qu'ils peuvent porter une épée, ils sont capables de faire leur travail.

–Mais à quel prix, monseigneur ? Envoyer des hommes se faire massacrer n'est pas la même chose que les envoyer combattre. Ceux que j'ai soigné hier n'auraient pas tenu longtemps sur un champ de bataille.

–Ils auraient distrait l'ennemi. »

Daphné serra les poings. Et c'était elle qu'on traitait de monstre.

« Vous n'avez pas dû assister à de nombreuses batailles, monseigneur, répliqua-t-elle. Autrement vous sauriez que ce n'est pas une bonne stratégie à adopter.

–Parce que vous pensez avoir plus d'expérience que moi, madame ? J'ai eu l'éducation appropriée, celle que l'on donne à tous les garçons. J'ai étudié l'art de la guerre. Que vous a-t-on appris à vous ? À part piéger les gens ? »

Elle lui lança un regard noir et fit scintiller ses yeux.

« J'ai vécu de nombreuses vies, monseigneur. J'ai parcouru des champs de bataille bien avant que vos ancêtres ne foulent cette terre. J'ai trois mille ans d'expérience, seigneur Ackton. Pouvez-vous en dire autant ? »

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now