Chapitre 59

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Daphné descendait les marches à l'extérieur du château, suivant Kate et les deux valets qui s'occupaient de porter ses affaires. Dans la cour, les chevaux étaient prêts, Karsten donnait des ordres aux chevaliers noirs et Nour s'entretenait avec son beau-fils et ses conseillers. Le prince Taahir et Laurel, quant à eux, s'occupaient des soldats Qisantiens.

Presque une semaine était passée depuis l'arrivée de Nour et depuis ce fameux rêve que Daphné s'obstinait à vouloir oublier.

Elle avait volontairement évité Agnar ces derniers jours, même si elle avait dû lui faire face la veille lors de la réunion organisée pour leur départ. Et il y avait eu cet étrange moment où elle avait dû faire l'intermédiaire entre Bianca et les autres pour leur indiquer l'endroit exact où ils devaient se rendre pour récupérer cette partie de magie manquante. En sortant de la salle à la fin de la réunion, Cale lui avait glissé une plaisanterie à ce sujet.

Daphné alla retrouver sa jument et lui offrit quelques caresses. Dunlá et Lio arrivèrent à leur tour, la jeune fille sautillant dans tous les sens sous le regard aiguisé de la guérisseuse.

La mage réajusta sa tenue de voyage : une tunique couleur aubergine cintrée à la taille par une ceinture en cuir noir et s'évasant jusqu'en-dessous de ses genoux, confortable pour monter à cheval. Ses poignets et ses avant-bras étaient cerclés du même cuir que sa ceinture. Des épaulières, elles aussi en cuir, protégeaient ses épaules, et suivaient la forme évasée des manches bouffantes de sa tunique. Lauren s'était fait un malin plaisir de dessiner une nouvelle tenue de voyage à toutes les filles du Harem, respectant les couleurs de chacune. Mais tout ce qu'avait vu Daphné en ce regardant dans le miroir, c'était une pâle copie de l'armure de Bianca.

« Je pense que cette jument a eu sa dose de caresse pour le restant de ses jours. »

Daphné sursauta, surprise par la voix d'Agnar tout près d'elle. Elle ne l'avait pas senti arriver. En réalité, elle n'avait même pas déployé sa magie autour d'elle.

Un fin sourire planait sur le visage d'Agnar, visiblement fier d'avoir réussi à la surprendre.

« Me faire peur n'est pas la meilleure idée que tu aies eu, dit-elle à voix basse, de sorte à ce que personne d'autre ne l'entende.

–J'aime vivre dans le danger, répliqua-t-il d'un air narquois. »

Elle tourna la tête vers lui et l'observa. Il avait troqué ses beaux pourpoints d'apparat pour une chemise et une veste noire, assez près de son torse pour que Daphné puisse deviner la forme de ses muscles. Une spallière recouvrait l'une de ses épaules. Mais quelque chose attira son attention, une petite fleur qu'il avait réussi – Dieu savait comment – à accrocher à sa ceinture. Elle fronça les sourcils en reconnaissant la fleur.

« Que fais-tu avec un daphné ? S'enquit-elle. »

Il baissa les yeux vers sa ceinture.

« C'est l'une des fleurs que tu as laissé dans mes appartements. »

Elle se redressa, les yeux grands ouverts et les joues légèrement rougissantes.

« Je pensais que ces fleurs avaient disparu durant le rituel.

–Je le pensais aussi, jusqu'à ce que je retrouve ma chambre remplie de daphnés. Ça m'a surpris au début mais je n'ai pas pu me résigner à les jeter. Puis j'ai eu la brillante idée d'en garder une avec moi pour m'assurer que tu vas bien, comme Lio. »

Pour cacher ses joues rouges, Daphné se détourna en espérant que les mèches rebelles qui s'étaient échappées de sa tresse puissent la camoufler.

« Tout de même, bredouilla-t-elle, j'aurai pu faire disparaître le reste. Les serviteurs vont se donner du mal pour s'en débarrasser.

Comme un pétale de roseWhere stories live. Discover now