Chapitre 69

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Daphné eut toutes les peines du monde à se lever. Assise dans son lit, elle fixait le vide depuis de longues minutes, hésitant entre se recoucher pour faire passer cet affreux mal de crâne ou sortir de son lit et retrouver Agnar.

Elle soupira longuement. Cette dernière soirée avait été aussi magique que désastreuse. Si seulement elle s'était restreinte sur l'alcool. Et si seulement son bras n'était pas aussi blessé. La plaie avait cessé de saigner depuis la veille mais le bleu s'était encore étendu durant la nuit. Mais elle notait une légère amélioration. La douleur restait moins intense.

Tandis qu'elle tentait de trouver la motivation de se lever, son regard se posa sur le tableau de Diane, qu'elle avait laissé contre un mur de sa chambre. Elle n'avait plus essayé de déchiffrer le message au dos depuis leur séjour à Orlimar. Peut-être que se remettre dessus l'aiderait à se réveiller.

Alors elle dégagea sa couette et se dirigea vers la toile. Elle avait oublié à quel point elle était jolie, et à quel point la femme peinte lui ressemblait.

Daphné s'assit en tailleur, fit apparaître ses carnets à côté d'elle et tourna le tableau pour relire le message. À peine eut-elle posé les yeux sur le premier mot que son esprit le traduisit. Elle resta un instant figée. Comment pouvait-elle comprendre cette langue à présent alors qu'elle avait passé des heures à tenter de la déchiffrer.

Elle sursauta lorsqu'elle entendit le rire de Bianca résonner dans son esprit.

Je crains que ce soit ma faute.

Daphné fronça les sourcils. Le ton de Bianca paraissait beaucoup trop amusé à son goût.

"Qu'est-ce que vous avez fait, encore ?"

Absolument rien. Cette langue est simplement ma langue maternelle, l'ancêtre de la langue que tu parles aujourd'hui. Maintenant que tu as accès à mes souvenirs, tu es capable de comprendre cette langue.

Il s'agissait certainement de la langue que Bianca avait usée pour annihiler Darren quelques jours plus tôt.

Daphné reposa ses yeux sur la phrase qu'elle comprenait à présent comme si elle l'avait toujours parlé.

Ouvre la boîte.

Une boîte... Quelle boîte ? La jeune femme cherchait dans sa mémoire, regardait tout autour d'elle. S'il s'agissait de quelque chose que Diane avait laissé derrière elle alors peut-être était-il encore imprégné d'une poignée de magie, même faible.

Elle observa un peu mieux le tableau. Il y avait toujours la rose flottant au-dessus de ses mains en coupe et brillant de mille feux, son visage caché par ses cheveux, une aura colorée qui la mettait en valeur. Et tout en bas à gauche, un minuscule détail qui lui avait échappé jusqu'ici. Une boîte.

Daphné se releva soudainement, manquant de faire tomber la toile. Elle venait de comprendre. Elle Voyagea jusque dans le grenier où Agnar avait gardé les affaires de Diane et commença à chercher.

Et elle la trouva. La petite boite qu'elle avait repérée lorsqu'elle était venue pour la première fois, qui irradiait d'une faible quantité de magie, si faible qu'elle-même la percevait à peine.

Elle hésita un instant. Pourquoi est-ce que Diane tenait à lui donner cet écrin ? Peut-être contenait-il la vérité à propos de cet étrange tableau et pourquoi elle avait réussi à peindre Daphné sans même la connaître. Mais souhaitait-elle réellement apprendre la vérité ? Elle avait tant souffert de ce qu'elle avait découvert en faisant le rituel. Et si ce que Diane avait laissé la blesserait davantage ?

Daphné secoua la tête. Elle ne devait pas se poser de questions. Diane lui avait légué cette boîte. Après toute l'aide qu'elle lui avait apporté grâce à ses carnets, elle lui devait au moins cela.

Comme un pétale de roseKde žijí příběhy. Začni objevovat