Chapitre XII

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         Le jeune-homme se sentit défaillir en constatant que son bourreau avait pris le soin de photographier son suçon pour en garder une trace. Cependant, un détail le surprit : la photo était trouble, comme s'il s'était dépêché de la prendre ou alors, il n'avait pas réussi à stabiliser son téléphone. Se pouvait-il que son maître-chanteur ait aussi bu, à cette soirée ? Il en doutait fortement. Il devait garder le contrôle de la situation, mais la possibilité qu'il soit éméché ne quitta pas son esprit.

Le châtain, toujours dans le gaz, finit de s'habiller quand il reçut un appel.

« Isaia ? »

Il reconnut directement la voix inquiète de son ami.

« Mattéo ?

Tu... tu peux venir maintenant ?

Pourquoi ?

Bah... Viens au lycée, je préfère que tu voies ça de tes propres yeux. »

Il n'entendit plus rien et constata que son ami avait raccroché. Il reprenait les cours à seize heures et comptait rester chez lui pour se débarbouiller la figure avec des produits et des masques, mais Mattéo avait attiré sa curiosité, ainsi que du stress. Il regarda l'heure et soupira en voyant quatorze heures trente affichés sur son téléphone.

Son père accepta de l'emmener sans lui poser plus de questions, alors qu'il n'avait pas eu beaucoup de réponses durant la matinée. Il enfila blouson et écharpe pour cacher cet affreux suçon.

— Tu devrais rester à la maison et te reposer, Isaia, je ne suis pas sûr que tu sois apte à retourner en cours, lui conseilla Leo, dans la voiture.

— Je ne peux pas me permettre de louper les cours, ne t'en fais pas, je vais mieux maintenant, puis je n'ai pas beaucoup de cours, tenta-t-il de le rassurer.

— Tu sais, je me fiche que tu sortes avec tes amis en boite ou autre, d'ailleurs, je suis content que tu aies des amis, d'autant plus s'ils se soucient de toi, comme celui qui m'a demandé de venir te chercher, hier.

Il marqua une pause et Isaia tiqua. Le destin était cruel, son père avait pris comme exemple son bourreau pour illustrer ce qu'était un bon ami. Si seulement il savait que ce « gentil ami » le harcelait, il ne tiendrait plus le même discours.

— Mais je ne veux pas que cela se répète, je suis d'accord pour que tu t'amuses, mais de manière modérée avec l'alcool. Regarde les résultats : tu as manqué tes cours de la matinée et tu ne te sens pas bien, même si tu me dis le contraire. Ne me laisse pas me faire du sang d'encre pour toi, Isaia, d'accord ?

Le châtain hocha la tête et ouvris la porte, ils étaient arrivés.

— Tu te fais du souci pour rien, hier était une grosse erreur qui ne se reproduira plus, je te le promets. Et puis tu sais, je ne suis pas ce genre de gars à aimer faire la fête et tout, j'ai juste été entraîné par... Quelques amis.

Il sourit pour appuyer ses propos et referma la porte quand il vit que sa réponse paraissait satisfaisante aux yeux de son père.

Le jeune-homme inspira profondément, priant pour que sa venue plus tôt ne soit pas liée à son bourreau.

Mattéo vint l'accueillir devant les portes et se serrèrent la main pour se dire bonjour. Isaia essaya de capter ses émotions, mais le brun était fermé.

— Je t'attendais, suis-moi.

Alors qu'ils traversèrent tout le lycée, Isaia remarqua quelques regards curieux posés sur lui. Lorsque le châtain croisait leurs yeux, ils se détournèrent aussitôt, comme pris en flagrant délit. Il n'aimait pas vraiment pas ça... Cela n'augurait rien de bon.

— Putain, Mat', il se passe quoi là ? demanda-t-il, perdu et les nerfs tendus.

— On y est.

Mattéo n'eût pas besoin de lui expliquer, le châtain suivit son regard et tomba sur le fameux tableau des élèves et aussitôt, une boule de stress se forma dans son ventre, avant même d'avoir découvert ce qui le concernait.

Puis, il vit la photo que lui avait envoyé son harceleur il y a quelques minutes de ça, accompagné d'un mot en dessous, qui disait « Qui aurait cru, un jour, voir un suçon sur la peau d'un coincé de riche ? Allez, je vous laisse son numéro : 06******** (pour info, il adore les suçons) ».

Isaia blêmit. Non seulement il avait un mal de tête, mais là venait de s'ajouter un dysfonctionnement de ses neurones. Il n'arrivait plus à réfléchir correctement, il ne savait plus s'il était profondément triste ou extrêmement en colère.

— Qu'est-ce que j'ai fait ? lâcha-t-il d'une petite voix perdue.

Pourquoi son maître-chanteur le punissait alors qu'il avait suivi son plan ? Il n'avait rien fait de mal, il ne l'avait pas provoqué, ni même parlé. Alors pourquoi ?

— Isaia, il faut qu'on parle.

Ledit Isaia se tourna vers son ami, qui avait les yeux légèrement fuyants. Il le vit s'approcher du tableau et arracher la photo ainsi que le mot.

— Viens.

Il suivit Mattéo d'un air absent. Il était en train de se demander ce qu'il avait bien pu faire pour que son harceleur agisse de la sorte. Bizarrement, il n'arrivait pas à s'énerver, il ne comprenait juste pas pourquoi ce connard avait fait ça. Par réflexe, il prit son téléphone et vérifia que personne ne lui avait envoyé de message. Isaia se dit qu'il ne devait intéresser personne, car sa boite de réception était vide.

Mattéo se dirigea vers les portes du lycée et cela surpris le châtain.

— On sèche ? 

— C'est... assez long, ce que j'ai à te dire.

Mais au moment de sortir, un cri les fit s'arrêter devant le lycée.

— Vous faites quoi les gars ? demanda Ethan, qui venait de les rejoindre.

Isaia se tourna vers Mattéo pour que celui-ci lui réponde, mais étonnement, le plus petit baissa le regard au sol, comme s'il n'osait pas lui répondre.

— Mattéo ?

— Oui, Mattéo, où comptais-tu emmener Isaia ? lâcha Ethan d'une voix étrange. 

— Vous pouvez m'expliquer ce qu'il se passe ? questionna Isaia, qui commençait à perdre patience.

Ses deux amis se regardèrent, l'un semblait supplier, tandis que l'autre lui intimait de se taire. Le photographe comprit immédiatement qu'ils savaient quelque chose et que Mattéo voulait justement lui révéler, mais que pour une raison inconnue, Ethan refusait.

— Ethan, il faut lui dire, ça va trop loin cette histoire, tu as vu sur le tab...

— Mattéo, ferme-là. Maintenant, retournez en cours, ça va sonner, répliqua Ethan.

Celui-ci se tourna pour rentrer, mais Isaia lui retint le bras. Hors de question qu'ils lui obéissaient, il voulait savoir, maintenant !

— Qu'est-ce que je dois savoir, Ethan ? gronda-t-il, sentant la colère grimpée en lui.

— Rien, Mattéo dit n'importe quoi, il aime se faire passer pour le héros, mais crois-moi, il ne sait rien.

— Alors s'il ne sait rien, peut-être que toi tu vas pouvoir m'aider ? répondit Isaia, en se plaçant devant lui, sur un ton glacial.

Les deux se regardèrent en chien de faïence, prêt à sauter sur l'autre et à en démordre. Avant qu'Ethan n'eut le temps de répondre, Mattéo balança une phrase, qui bouleversa le châtain :

— Isaia, Ethan sait qui est celui qui te harcèle !

Trompé de numéro.Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang