Tome II, chapitre IX.

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     Ilyes déglutit à cette phrase. « Touches moi » comment ? Juste l'épaule, le visage ou bien... En dessous de la ceinture ? Au vu des yeux vitreux et la bouche entrouvertes d'Isaia, la réponse penchait vers un des choix en particulier.

Le brun restait muet, les yeux du châtain le fixaient intensément. Il remarqua que ses cheveux avaient blondi, depuis l'année dernière, sûrement dû aux raillons du soleil. Ses yeux étaient toujours aussi bleus foncés, presque noirs. Ce constat le fit sourire, il savait qu'Isaia adorait ses pupilles noires, il les regardait toujours avec insistance et parfois, il baissait le regard intimidé. Il aimait les effets qu'il produisait sur Gianni, jamais ça ne l'avait fait sur ses ex-copines ou qui que ce soit d'autre.

— Je ne fais les choses que si elles me sont rendues, finit-il par lâcher.

Il fut fier de lui, il n'avait pas dit ça juste pour le provoquer ou avoir un retour de ses actes, c'était aussi pour vérifier s'il restait une part de conscience en Isaia. Se frotter était une chose, se toucher intimement en était une autre. Si le châtain n'était pas totalement sous l'emprise de la drogue, il allait le savoir toute de suite.

Enfin, encore fallait-il qu'il comprenne sa phrase, car Gianni ne réagit absolument pas. Il se contenta de le regarder sans expression, faisant soupirer le brun.

— Tiens, fais-en ce que tu veux, dit-il en lui tendant sa main, comme s'il lui offrait.

Isaia enroula ses doigts brûlants autour de son poignet et posa sa main sur sa poitrine, là où se trouvait son cœur puis ferma les yeux. Ilyes en fut quelque peu déboussolé.

— Tu voulais que je te touche comme ça ?

Le châtain hocha la tête sans rouvrir les paupières. Il pouvait sentir les lents battements du cœur d'Isaia pulser en lui et cela l'apaisa, même s'il avait encore la crainte que son organe finisse par s'arrêter. Il imita son vis-à-vis et clos ses paupières à son tour, profitant de ce moment de calme pour se reposer. Il était si serein à l'instant, avec la main d'Isaia toujours autour de la sienne et son cœur qui battait très lentement, comme une berceuse.

C'est dans cette position qu'il s'assoupit, laissant ses muscles se détendre et son esprit s'apaiser.


     Cependant, cette sérénité ne dura pas longtemps car, sans savoir s'il rêvait ou non, il ne sentait plus les battements du cœur d'Isaia alors que sa main était toujours posée sur sa poitrine. La panique le gagna et aussitôt, il ouvrit ses yeux en grands et il se releva d'un bond, empoignant ses épaules fermement et il le secoua sans douceur en criant son prénom à plusieurs reprises, sa voix défaillante. Le châtain ne lui répondit pas et Ilyes sentit son cœur s'emballer à une vitesse folle.

Non ! Pitié tout sauf ça, je vous en supplie ! lui hurler sa conscience.

A l'instant présent, il ne voyait plus rien à part les yeux définitivement clos de l'italien. 


Point de vu d'Isaia.


Au bout de quelques secondes, le châtain ouvrit le yeux en les écarquillant et en reprenant une grosse inspiration. Il semblait perdu devant l'air effrayé de la personne penchée sur lui.

— Oh putain... Oh putain Isaia...

Qu'est-ce qu'il venait de se passer ? Il ne comprenait rien. Où était-il ? Que faisait-il ? Pourquoi Ilyes était sur lui le souffle court ?

La dernière chose dont il se souvenait, très vaguement, était qu'il avait posé la main du brun sur sa poitrine pour lui faire sentir son cœur, il avait peur que celui-ci ne s'arrête et se sentait rassuré en ayant l'hallucination près de lui. Ensuite, ce fut le total trou noir.

Trompé de numéro.Where stories live. Discover now