Tome II, chapitre XXXV.

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       Une cigarette entre les lèvres, Isaia frissonna, mais pas de froid. Il se remémorait la langue d'llyes passer sur son ventre, le rendant tout fébrile. Il ferma les yeux et se concentra sur autre chose... Comme la déclaration de Jihane, par exemple. Est-ce qu'il aurait pu s'en douter ? Est-ce qu'il savait que le blond en pinçait pour lui ? Peut-être bien. Isaia n'était pas aveugle, il avait bien remarqué la persévérance de celui-ci, à vouloir le voir, le parler, le toucher. Mais le lycéen avait pensé bêtement que s'il restait amical avec, cela enlèverait son attirance pour lui. Il pensait déjà lui avoir mis des stops. Jihane n'avait pas été ce gros bourrin, un peu comme Ilyes, à le draguer à la moindre occasion. Il était plus subtile, plus soigné, plus respectueux, plus discret. Tout le contraire du brun, en soit.

— T'es là, toi, lança Adriano en français, lui offrant un sourire.

Isaia lui rendit son sourire et son cousin italien vint se poser à côté de lui, contre le mur du restaurant. Il sentit Adri légèrement tendu et cela peina un peu le châtain. Il avait toujours vu son cousin comme un garçon plein de vie, qui rigole et fait la fête tout le temps. Pourtant, depuis qu'il était arrivé en France, il était effacé, en retrait. C'était presque comme s'il n'était pas vraiment là. Il aurait été absent, que ça aurait été la même chose.

— Qu'est-ce qu'il y a, Adri ? demanda Isaia en italien, pour pousser son cousin à se confier.

— Je suis désolé pour ce qu'a fait Jen', c'est de ma faute, je lui ai fait trop confiance en lui refilant mon mot de passe. Je m'en veux, ça m'a fait mal de te voir dans cet état, Isaia. Pour rien au monde, je voudrai te voir souffrir.

Le châtain en écarquilla les yeux, complètement surpris par ses mots. Non seulement il se sentait coupable, mais en plus, ça lui avait fait une peine énorme. Il ne l'aurait jamais imaginé. De sa main libre, il la glissa sur son dos et exerça une fine caresse pour le rassurer.

— Hey ! C'est pas de ta faute Adriano, c'est ta copine, c'est normal de lui faire confiance. Ça n'a rien à voir avec toi mec, et je suis désolé de t'avoir fait de la peine... Mais tout va mieux maintenant, ok ?

Son cousin garda le regard fixé au loin, il semblait toujours aussi triste.

— T'es comme mon petit frère alors j'ai du mal à pardonner ce qu'elle a fait...

Isaia ouvrit puis referma la bouche. Il n'en revenait pas, est-ce que Adriano doutait de leur couple parce qu'elle s'était plantée, sans même connaître l'histoire ? Ce n'était pas possible.

— Mec, ce n'est pas non plus de sa faute, elle ne connaissait rien à l'histoire, elle croyait bien faire. Ne lui en veux pas de ma faute s'il te plaît, je m'en voudrais sinon...

Adriano reprit sa respiration et osa enfin se tourner vers Isaia.

— Non, Isaia, tu comprends pas. C'est un tout, avoua-t-il, l'air peiné.

— Attends, t'es en train de me dire que tu vas arrêter votre relation ? questionna le châtain, presque choqué par cette révélation.

— Je l'aime beaucoup, c'est une fille extraordinaire mais...

— Mais ?

— On est pas fait pour être ensemble. Putain c'est paradoxal, parce que je l'aime, mais je me rends de compte qu'elle et moi, c'est pas compatible. J'arrive pas à être moi-même avec. Au début c'était tout nouveau, génial, passionnel, mais maintenant, la réalité me rattrape en pleine face.

— Wow, je sais pas quoi dire...

Isaia en était si ébahi, qu'il avait laissé sa clope se consumer sans tirer une seule bouffée. Ça lui faisait énormément de peine, comme si c'était lui qu'on allait larguer, alors qu'il était amoureux. Jenny et Adriano, c'était le couple parfait pour lui, toujours en train de s'amuser, de rire, de ne pas se prendre la tête, complice et mignon. Il avait encore les merveilleux souvenirs de ces deux mois de grandes vacances en Italie, en leur compagnie. Ça ne pouvait pas se finir comme ça... Aussi bêtement.

Trompé de numéro.Where stories live. Discover now